Dans une hilarante parodie des séries Z américaines, le film du réalisateur grec Panos Koutras L'Attaque de la moussaka géante (1999) met prémonitoirement en scène une moussaka haute comme un immeuble de trois étages dévalant les rues d'Athènes en écrasant tout sur son passage. Le film tourne en dérision l'incapacité, la lâcheté et la corruption des politiciens, l'hystérie des médias et, plus généralement, le soin que porte chacun à reporter la responsabilité de la gestion du fléau sur son voisin.
Personne ne parvient plus à se débarrasser de la bulle financière géante née dans les années 2000 de l'endettement des ménages américains et européens pour se loger et consommer. Titrisée, vendue et revendue, elle s'est propagée en 2008 dans les comptes des banques ; devenue menaçante pour ces dernières, elle a été prise en charge par les budgets publics en 2009 ; insoutenable pour les Etats, elle revient peser en 2010 sur les retraités et les salariés.
Faute d'avoir été liquidée, la dette privée, puis publique (mais c'est la même) continue, trois ans après le début de la crise, à miner les espoirs de reprise, les bilans des banques, les budgets des Etats, les emplois de chacun.
Les économistes estiment que l'été et l'automne 2010 seront dominés par cinq risques majeurs: la faiblesse persistente de la croissance ; l'incapacité d'un Etat européen à rembourser ses dettes; la défaillance d'un grand établissement bancaire ; la hausse continue du chômage ; une explosion sociale due à l'un des événements précédents, ou à leur combinaison.
Une croissance atone
Les perspectives de croissance en Europe comme aux Etats-Unis ne permettront pas de revenir à court terme aux niveaux d'avant la crise, même dans les pays émergents. La Chine connaît en effet des signes de surchauffe, qui risquent d'engendrer des bulles spéculatives, en particulier dans l'immobilier - à l'instar de ce qui s'est passé aux Etats-Unis et en Espagne.
(A lire en édition Abonnés: La reprise économique mondiale semble encore fragile).
La dette des Etats
Le niveau d'endettement élevé des pays périphériques de la zone euro (Grèce, Espagne, Portugal, Italie), mais aussi de certains Etats américains comme la Californie et l'Illinois (46 des 50 Etats américains présentent d'importants déficits budgétaires) pourrait causer à court ou moyen terme une crise sur le marché obligataire.
(à lire en édition Abonnés: Les Etats vont peiner à financer leur dette).
Les banques
Les banques françaises et allemandes sont particulièrement exposées à un risque souverain des pays du sud de l'Europe. Une crise de confiance à l'égard d'un de ces pays, voire la restructuration de la dette de l'un d'entre eux (une solution de plus en plus ouvertement prônée par certains économistes), pourrait entraîner la défaillance de grandes banques européennes, tout comme, en 2008, l'effondrement du marché des subprimes avaient conduit Lehman Brothers à la faillite.
(A lire en édition Abonnés: Une défaillance bancaire est toujours possible).
Le chômage
Même si une telle rechute de la crise financière ne se réalise pas, le chômage se maintiendra à un niveau élevé en raison de la faiblesse de la croissance économique. Si, en moyenne, il se stabilise - en grande partie grâce aux interventions massives des gouvernements pour maintenir un "filet de sécurité" - le chômage de longue durée devrait continuer à augmenter.
(A lire en édition Abonnés : Le chômage se stabilise à un niveau élevé).
Les tensions sociales
Une reprise économique, si elle se produisait, ne se traduirait pas immédiatement par une baisse du chômage. En revanche, les restructurations d'entreprise et les cures d'austérité des budgets publics mettent déjà à mal le pouvoir d'achat et les filets sociaux des salariés et des retraités. Le mécontentement social devient de plus en plus palpable, et pourrait donner un nouveau carburant à la tentation populiste d'un repli sur les égoïsmes nationaux, porteurs d'une crise économique encore plus grave.
(A lire en édition Abonné : Une rentrée sociale sous haute tension).
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