Crédibilité : zéro

quand le peuple ne s’occupe pas de ses affaires, il y a plein de messieurs aux poches pleines qui le font à sa place. Et qu’au bout du compte, ça leur rapporte à eux. Pas à nous. Surtout pas à nous...

JJC - chronique d'une chute annoncée



De scandale en scandale, de questions sans réponse à des affirmations de plus en plus saugrenues, de nominations hautement discutables en mépris total du simple bon sens, le premier ministre du Québec se retrouve sans une once de crédibilité à son crédit. La chute est lente comme un plan ralenti au cinéma. Cet homme n'en finit plus de tomber sous nos yeux et il semble bien n'y avoir personne autour de lui pour le retenir. Le choc sera d'autant plus spectaculaire qu'il tombe de haut.
Cette attitude du «après moi le déluge» qu'il affiche sans retenue porte en elle-même la signature de ce politicien de carrière qui, sans jamais être trop porté sur les états d'âme qui en feraient un humain comme les autres, préfère, au contraire, cultiver une image de Roi-Soleil devant qui tous doivent se plier. Il sait où il va, dit-il, et vous n'avez qu'à suivre.
Premier ministre du Québec n'est pas tout à fait le rôle qu'il avait souhaité. Il voyait plus grand que ça. Il n'a pas réussi, en plus de 10 ans, à faire la preuve qu'il aimait d'amour ce foutu pays si compliqué. Il dit aux Québécois qu'il les aime, de temps en temps, comme un mari répond à sa femme: «Ben oui, j't'aime.» Et puis, il passe à autre chose.
Il est orgueilleux comme un paon. Il fait la roue sous les honneurs. Il manipule la vérité selon ses besoins. Il n'accepte pas facilement la critique et je ne serais pas étonnée d'apprendre qu'il n'oublie jamais rien et qu'il ne pardonne pas qu'on n'ait pas la même opinion que lui.
Il se comporte parfois comme un enfant gâté. Quand il choisit de rester assis pendant la période de questions et qu'il fait comme si ce qui se dit ne le concernait pas, il mériterait d'aller au coin pour plusieurs heures. C'est dans ces moments que son humour devient arrogant et souvent même méprisant. Il ne peut jamais accepter de ne pas être le maître du jeu et quand il constate qu'il n'a plus aucune carte à jouer, il boude. Des premiers ministres, nous en avons eu de toutes les sortes, mais c'est la première fois que nous avons un boudeur.
Le Québec vit un moment difficile, beaucoup à cause de ce premier ministre. Il n'est pas le seul responsable, mais il est le premier responsable de la colère des citoyens, de la dégringolade de la confiance dans les institutions, du mépris du monde politique qui nous entoure. Il me fait parfois penser à Néron regardant brûler le Québec sous ses yeux pendant qu'il joue les matamores. C'est d'autant plus grave qu'il sait très bien ce qu'il faudrait faire pour sauver la démocratie avant qu'il ne soit trop tard.
On peut choisir d'être désespéré si on est citoyen du Québec en ce moment. On peut aussi choisir de se tenir debout jusqu'à ce que le bon sens ait retrouvé le chemin de la maison. Une phrase, entendue au vol à la télé, et dite par Biz, de Loco Locass, m'a redonné espoir: «Le plus gros lobby en politique, c'est celui des citoyens.» Nous en sommes là.
Le danger, ce sont les vacances et le goût de changer de disque. Cette année, il faudrait éviter le désengagement, car c'est évidemment ce qu'attendent les libéraux. Une fois les citoyens installés aux terrasses ou parcourant la belle campagne québécoise, ils vont s'activer à replâtrer les amitiés libérales et à remplir les postes libres par des gens sûrs pour eux. Nous allons nous retrouver avec des forces fraîches pour continuer l'oeuvre de destruction libérale.
Je le dis aussi simplement que je le peux. Ce pays a besoin de nous parce qu'on le désagrège doucement. Il y a de l'espoir tant que nous garderons les yeux ouverts et que nous exigerons des dirigeants qu'ils soient à la hauteur de la tâche qu'on leur confie.
Le premier ministre peut rentrer à la maison tranquille pour y élever ses poules. Son passage en politique québécoise nous aura permis de faire de l'éducation politique auprès d'un peuple qui a soif de justice et qui en a assez de se faire malmener par ceux qui se moquent de lui au sommet. Les Québécois ont appris plus sur les rouages politiques au cours des deux dernières années que pendant le siècle qui a précédé.
Je crois qu'il sera plus gênant de dire qu'on ne veut plus aller voter maintenant qu'on a bien compris que quand le peuple ne s'occupe pas de ses affaires, il y a plein de messieurs aux poches pleines qui le font à sa place. Et qu'au bout du compte, ça leur rapporte à eux. Pas à nous. Surtout pas à nous...


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