(Saint-Jean-sur-Richelieu) «Il a été consultant auprès des Émirats à une certaine époque. Il (Philippe Couillard) semble très imprégné de ces valeurs (saoudiennes), de cette réalité». Le chef intérimaire du Parti québécois, Stéphane Bédard, a expliqué ainsi les positions qu'il juge «molles» de Philippe Couillard sur la laïcité et sur la lutte à l'intégrisme.
Selon lui, le premier ministre est «imprégné» des valeurs inculquées en Arabie saoudite.
Il demande même au premier ministre de ne pas les imposer aux Québécois. «On lui demande de ne pas importer cette réalité ici», a-t-il ajouté lors d'un point de presse à la fin du caucus présessionnel de la formation politique.
Philippe Couillard a travaillé comme médecin en Arabie saoudite de 1992 à 1996. Il y a entre autres cofondé un Service de neurochirurgie. Il y a quelques années, il a aussi été membre du conseil consultatif international mis sur pied par le ministre de la Santé d'Arabie saoudite.
Le pays, situé au Moyen-Orient, est souvent dénoncé pour violation des droits fondamentaux, particulièrement ceux des femmes et des homosexuels. Le droit saoudien est basé sur la charia.
Plus tôt en journée, des candidats à la direction du Parti québécois ont aussi accusé Philippe Couillard d'être insensible aux questions de l'intégrisme religieux et de laïcité.
Alexandre Cloutier a dit que le passage du premier ministre en Arabie saoudite l'a «endormi» face aux questions des droits de la personne. «Monsieur Couillard c'est un peu Alice aux pays des merveilles, il laisse entendre que tout va bien, qu'il n'y a pas de problème, qu'on est au-dessus de la mêlée et qu'on est isolé», a-t-il laissé tomber.
Le candidat à la direction du Parti québécois, Bernard Drainville, demande au premier ministre de «se brancher» et d'arrêter de «taponner» sur les questions de laïcités et d'intégrisme religieux. Le PQ a indiqué hier qu'il proposera à la rentrée un projet de loi pour créer un observatoire sur l'intégrisme religieux.
De son côté, Jean-François Lisée a critiqué son «incompréhension très grande» des enjeux internationaux. L'autre aspirant au leadership du PQ ne comprend pas pourquoi Couillard exclut tout lien possible entre laïcité et lutte au terrorisme islamique. «Ce que les islamistes radicaux veulent, c'est l'anti-laïcité. C'est le pouvoir religieux».
Les candidats ont invité le premier ministre à s'assoir avec le prince saoudien Turqi al Faisal al Saud pour discuter du traitement réservé au blogueur Raïf Badawi. L'homme, dont la famille vit à Sherbrooke, a été condamné par les autorités saoudiennes à 10 ans de prison et 1000 coups de fouet pour avoir défendu des valeurs libérales. Philippe Couillard et le prince saoudien sont de passage à Davos pour le forum économique mondial.
«Ce serait incroyable que le premier ministre du Québec soit dans un périmètre d'un kilomètre avec un représentant de l'autorité saoudienne et n'essaie pas de le rencontrer pour lui en parler. Ce serait incompréhensible», a dit Jean-François Lisée.
Les libéraux y voient une attaque personnelle
Le porte-parole du premier ministre, Harold Fortin, s'est désolé de ces critiques péquistes. «Lorsque l'on attaque une personne au lieu des idées, c'est un signe de faiblesse, et un manque de jugement. Ce qui différencie le premier ministre des gens qui ont fait ces commentaires, c'est qu'il respecte les gens et critique les idées» a-t-il dit. Il ajoute que le gouvernement du Québec s'est engagé à déposer un projet de loi (sur la laïcité), et qu'ils iront même plus loin en traitant de prévention, d'éducation, de détection et de répression.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé