Corruption, démissions... Au Canada, rien ne va plus pour Justin Trudeau

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L'image de Trudeau égratignée à l'international

Son image soigneusement travaillée d'homme politique jeune, progressiste, défenseur des droits des peuples indigènes, qui a fait campagne sur la transparence et la promotion des femmes en a pris un coup. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, à sept mois des élections, nage en plein scandale.


Son gouvernement est accusé d'avoir essayé de faire pression sur la ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould – première Amérindienne à occuper ce poste – dans une affaire de corruption. Trois membres de son équipe ont démissionné, dont son plus proche conseiller, sa cote de popularité est au plus bas et le magazine Maclean's a fait sa une avec la mention « L'imposteur ».


L'affaire a démarré le mois dernier quand le quotidien Globe and Mail a affirmé que l'équipe de Trudeau avait poussé Jody Wilson-Raybould à ne pas engager de poursuites judiciaires contre un grand groupe d'ingénierie canadien. SNC-Lavalin, dont le siège est au Québec (où se trouve aussi la circonscription de Justin Trudeau), est accusé d'avoir versé 32 millions d'euros de pots-de-vin à des responsables libyens du temps de Kadhafi et escroqué le gouvernement de Tripoli. En cas de condamnation pénale, SNC-Lavalin serait interdit de tout contrat public pendant dix ans, ce qui pourrait avoir de lourdes conséquences sur l'entreprise, qui emploie 9 000 personnes au Canada, et entraîner des licenciements.


Des pressions « inappropriées »


En janvier, Jody Wilson-Raybould a été brutalement mutée au ministère des Anciens Combattants lors d'un remaniement ministériel, ce qui n'est pas vraiment une promotion. Peu après, elle a démissionné du gouvernement et, devant une commission parlementaire, a affirmé avoir subi des pressions « inappropriées » et des menaces « voilées » de l'entourage du Premier ministre. Mme Wilson-Raybould a témoigné que onze hauts responsables, dont le Premier ministre, étaient intervenus pour qu'elle abandonne les accusations au pénal contre SNC-Lavalin, et impose plutôt une amende. « Le Premier ministre m'a demandé de l'aider, de trouver une solution pour SNC en affirmant que, s'il n'y avait pas de règlement hors tribunal, [le groupe] déménagerait de Montréal et qu'il y aurait plusieurs pertes d'emplois. » Faute d'avoir accepté, elle a été mutée en représailles au poste de ministre des Anciens Combattants, estime-t-elle.


Dans la foulée, Gerald Butts, le bras droit de Justin Trudeau et son meilleur ami depuis la fac, a lui aussi démissionné le 18 février dernier. Il a justifié cette démission en expliquant qu'il ne voulait pas que les accusations contre le gouvernement fassent « obstacle au travail essentiel qu'effectuent le Premier ministre et son bureau au nom de tous les Canadiens ». Devant la commission parlementaire mercredi 6 mars, il a nié avoir fait pression sur Mme Wilson-Raybould, précisant : « Quand les emplois de 9 000 personnes sont en jeu, c'est un problème de politique publique de premier ordre » et ajoutant : « C'était notre obligation de considérer de manière exhaustive les options que la loi permet. »


« L'érosion de confiance »


Si ces révélations restent relativement modestes en comparaison de celles qui éclaboussent son voisin Donald Trump – après tout, il n'y a pas d'accusations de blanchiment d'argent, de collusion avec un régime étranger, d'achat d'influence, d'obstruction de justice… –, elles ont provoqué un scandale qui ne cesse de prendre de l'ampleur. Lundi dernier, c'est Jane Philpott, une troisième membre du gouvernement, qui a démissionné en solidarité, déclarant : « J'ai perdu confiance dans la manière dont ce gouvernement a géré cette affaire. »


Le Premier ministre avait commencé par réfuter la version des faits de Jody Wilson-Raybould, disant qu'il avait « toujours agi de façon appropriée et de façon professionnelle » et était « totalement en désaccord avec la description des événements de l'ancienne procureure générale ». Jeudi 7 mars, il a finalement convoqué une conférence de presse pour réitérer qu'il n'avait rien fait d'illégal. Il a cependant admis avoir abordé le sujet avec Jody Wilson-Raybould au cours d'une rencontre, mais il a expliqué ne pas l'avoir vu comme des pressions, plutôt comme des « conversations entre collègues ». Il a reconnu avoir insisté pour qu'elle continue à examiner le dossier et avoir mentionné sa circonscription. « Mais ce commentaire n'était pas de nature partisane. C'est notre travail, en tant que parlementaires, de défendre les intérêts de communautés qui nous ont élus pour les représenter, d'être les voix de ces communautés à Ottawa », a-t-il déclaré devant les journalistes. Justin Trudeau a aussi affirmé ne pas avoir eu l'impression que son ex-ministre se sentait sous pression dans les mois qui ont suivi. « Je n'étais pas conscient de l'érosion de confiance », a-t-il dit. J'aurais dû ».


Pour l'opposition, c'est du pain bénit. « Aujourd'hui, M. Trudeau a parlé de “l'érosion de la confiance”. Il a raison sur ce point. La véritable érosion de confiance dans cette histoire est entre Justin Trudeau et les Canadiens. Son gouvernement ne peut être racheté. Il doit être défait. Les conservateurs sont prêts », a tweeté Andrew Scheer, le chef du Parti conservateur.




Andrew Scheer@AndrewScheer


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Ce que nous avons entendu de Justin Trudeau est une tentative de justifier et normaliser la corruption. Il est clair qu’au sein de son gouvernement, l’ingérence politique et le mépris de la loi sont la façon de faire. Il est un PM qui a perdu l’autorité morale de gouverner.




Andrew Scheer@AndrewScheer


Aujourd’hui, M. Trudeau a parlé de « l’érosion de la confiance ». Il a raison sur ce point. La véritable érosion de confiance dans cette histoire est entre Justin Trudeau et les Canadiens. Son gouvernement ne peut être racheté. Il doit être défait. Les conservateurs sont prêts.


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