Contester le rapport du BAPE ou le BAPE?

Réplique à Pierre-Paul Sénéchal, Le Soleil et Le Devoir, 23 juillet 2007

Rabaska



Dans [sa réplique au Collectif économique pour Rabaska, le vice-président du GIRAM pose une question fort pertinente->7819]. A-t-on le droit de contester le rapport d'un organisme consultatif? Les récents événements nous ont révélé au contraire que le débat n'a pas porté seulement sur le rapport du BAPE, mais aussi sur l'existence même du BAPE. L'auteur de la réplique pose la question en ces termes: «Le BAPE n'a-t-il pas affaibli sa propre crédibilité?» Dans L'Avantage Appalaches (13 juillet 2007, page 3), cinq organismes s'attaquent au BAPE. «Selon Gaston Cadrin, président du GIRAM, c'est la crédibilité du BAPE qui vient d'en prendre pour son rhume», écrit Simon Nolet, dans le Journal Le Peuple du 14 juillet 2007. Au nom de l'Association de l'île d'Orléans, Patrick Plante écrit que «l'acceptation du projet Rabaska par le BAPE ne sera rien d'autre qu'un coup d'État» (Cyberpresse, 18 juillet 2007).

Monsieur Sénéchal a raison de nous inviter à discuter et critiquer le rapport du BAPE. Il est rendu public justement pour activer le débat, aider à la prise de position collective et permettre aux deux paliers de gouvernement de prendre une décision éclairée. Tirer sur le messager n'a jamais été un fait d'armes dans aucune guerre. Ce qui fait la force d'une armée, ce sont ses motifs de faire la guerre, ses stratégies et sa force du nombre. Les opposants ont apparemment de bons motifs. Ils l'ont démontré avec conviction lors des audiences du BAPE. Leur stratégie de cibler l'organisme consultatif plutôt que son rapport est toutefois discutable. Cherchent-ils à dissimuler en quelque sorte un vide sur le fond, un peu à la manière des avocats qui recourent à des vices de procédure pour sauver une mauvaise cause? Quant au nombre, il leur reste à convaincre les deux tiers de la population de Lévis qui soutient ce projet depuis le début.
Le BAPE est le fruit d'une conquête sociale pour plus de démocratie dans la prise de décisions collective, face à des acteurs puissants des domaines tant privé que public, devant des projets d'envergure nationale, régionale ou locale. Les deux paliers de gouvernement se sont entendus pour lui donner des moyens importants pour tenir des audiences et écouter la population. Le BAPE l'a fait avec une rigueur et une perfection qui ont forcé les plus fermes opposants à lui adresser des félicitations à la fin de l'exercice du projet Rabaska. Remettraient-ils en cause sa crédibilité si le BAPE leur avait donné raison?
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Jean-Claude Tardif, Beaumont


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