Conseil des ministres: derrière la vitrine

0344c7ab21c0fe4071bfd9fafed48e6d

Toute analyse partielle est forcément partiale, M. Marissal. {Quid} de Weill et de St-Pierre ?

En faisant des recherches, récemment, sur les nouveaux députés du PLQ susceptibles d'accéder au Conseil des ministres, je me suis intéressé aux travaux passés de François Blais, nouveau député de Charlesbourg, ex-doyen de la faculté des sciences sociales de l'Université Laval et, depuis hier, ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale (responsable, en gros, de l'aide sociale).

Dans le résumé de sa carrière, sur le site du PLQ, on disait qu'il est un «intellectuel engagé sur la place publique qui n'a jamais craint de prendre position sur des enjeux difficiles». Prometteur.

Le passage de la théorie à la pratique, dans le nouveau gouvernement Couillard, risque toutefois d'être ardu pour le prof Blais.

Dans son essai intitulé Un revenu garanti pour tous (Boréal, 2001), il plaidait ainsi pour une «allocation universelle»: «L'allocation universelle ne constitue pas une utopie mais certainement un vaste chantier de réforme de l'État-providence auquel le lecteur sensible à l'avenir de la solidarité sociale est convié.»

J'ai revu la liste des nouveaux ministres du cabinet Couillard, surtout vers le haut de la liste, du côté du fameux trio économique, et j'ai eu une bonne pensée pour les colombes sociales, comme M. Blais, ayant atterri sur la même branche que les faucons financiers.

Certains disaient hier que ce sont les médecins (Philippe Couillard, Gaétan Barrette à la Santé et Yves Bolduc à l'Éducation) qui dirigent maintenant le Québec. La réalité, c'est que le chef libéral a fait campagne sur les «vraies affaires» et les vraies affaires, c'est que le Québec est dans la dèche et doit trouver trois milliards.

La vitrine du nouveau Conseil des ministres présente un mélange assez équilibré, mais le trio Carlos Leitao (Finances), Martin Coiteux (Conseil du trésor) et Jacques Daoust (Développement économique) est révélateur de ce qui se trouve en arrière-boutique du gouvernement Couillard. En bref, même si le premier ministre a pris soin d'éviter ce mot ou de l'enrober, on appelle cela de l'austérité.

M. Daoust a pour mandat de relancer les projets d'investissement, ce qui prend toujours du temps, tandis que MM. Leitao et Coiteux doivent sabrer, freiner les dépenses et les ardeurs de leurs collègues pour équilibrer le budget d'ici l'an prochain. À moins que M. Couillard ait aussi nommé, sans qu'on le sache, un ministre de la Magie capable de changer la roche en métaux précieux, il faudra supprimer, tarifer, comprimer.

L'austérité seule ne peut suffire, a dit M. Couillard, faisant référence à certaines expériences en Europe. L'échéancier du retour à l'équilibre financier qu'il s'est lui-même imposé ne lui laisse toutefois pas de marge de manoeuvre. D'où la théorie - apprenez ce mot - du «cran d'arrêt», évoquée par le premier ministre et qui se résume ainsi: aucun nouveau programme créé avant que des économies équivalentes soient réalisées ailleurs.

Cela me rappelle un autre premier ministre libéral, un certain Daniel Johnson (fils), qui disait à peu près la même chose il y a 20 ans. Le même Daniel Johnson qui a dirigé la campagne et le comité de transition de Philippe Couillard.

Comme Daniel Johnson dans le temps, M. Couillard veut diminuer la paperasse et la réglementation gouvernementale (M. Johnson en faisait une véritable fixation!) et faciliter la vie aux entreprises.

Il n'y a pas de hasard: Philippe Couillard a répété durant toute la campagne qu'il voulait réduire la taille de l'État, un credo économique plus près des conservateurs que des libéraux.

Le cabinet en vrac

Femmes: 8 sur 26, on est loin de la parité et même loin des 40% visés par Philippe Couillard. Vrai, on ne nomme pas des femmes juste parce qu'elles sont... des femmes. Mais entre des incompétents hommes et des inconnues femmes, on a eu encore une fois la preuve hier que ce sont les premiers qui l'emportent le plus souvent.

Montréal: Certains s'inquiétaient de voir M. Couillard nommer un ministre responsable de Montréal. Eh bien, non seulement il y en a un, mais il sera entouré de 11 autres ministres montréalais, dont cinq du West Island! C'est beaucoup. Trop, même.

Tourner la page: Le ministère de l'Immigration est devenu hier: «Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion». Un peu plus et les libéraux ajoutaient: ... de la Tolérance, de l'Interculturalisme et de la Pas de charte du PQ.

Une femme à la Sécurité publique: Je voyais Lise Thériault aux Transports pour mettre au pas les grands entrepreneurs en construction. Elle sera finalement à la Sécurité publique, responsable de la SQ. Bon choix. Il faut surtout noter que M. Couillard a nommé la présidente de la campagne de Raymond Bachand numéro 2 de son gouvernement. Bon coup.

Chapeau, Bolduc!: Yves Bolduc a dû accepter, difficilement, l'arrivée en trombe de Gaétan Barrette dans son parti. Il aurait dû, en plus, devenir son second au cabinet? Il a refusé... et est devenu ministre de l'Éducation. Orgueil, diront certains. Colonne vertébrale, dis-je.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé