Conjuguer pragmatisme et existentialisme à la CAQ

CAQ - Coalition pour l’avenir du Québec


Mathieu Pelletier, Chambly - Force est de le constater, la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ), dont tous connaissent désormais les humbles fondateurs, semble voir se dessiner devant elle un scénario de plus en plus favorable à son introduction réussie sur la scène politique québécoise.
Elle est manifestement animée d'une verve réformiste la rendant suffisamment crédible auprès d'une majorité de Québécois qui semblent décidément en accord avec les paramètres établis lors de sa fondation. Il appert de surcroît que la perspective d'une réforme substantielle de l'État québécois et, d'autre part, d'une gouverne responsable qui n'entend plus «pelleter par en avant» fait largement consensus auprès de la population. L'approche de la CAQ se résume donc par une volonté de réponse pragmatique aux problèmes de taille qui guettent la société québécoise.
Cela étant dit, et puisque les réformes que la CAQ souhaite mettre de l'avant n'ont pas exactement l'allure de quelque remaniement par-ci par-là ou encore d'une réforme d'opérette, ses dirigeants devront envisager davantage que le vernis de la perspective du «changement» pour mener à bien ce qui leur tient à coeur. Ce qui manque cruellement à la CAQ pour s'ériger en une véritable option politique, c'est une dose d'existentialisme à la québécoise. En fait, l'introduction d'une variable toute simple, confession de ce qui semble à tout le moins l'animer: une allégeance au principe du Québec d'abord. Conséquemment, une commune allégeance au Québec comme nation d'histoire et de culture.
Ceux qui entendront le mot «nation» comme corollaire de nationalisme et conséquemment, de séparatisme, devront désormais comprendre une chose: que la nation n'appartient prioritairement à aucun groupe qui entend spéculer sur son avenir politique. Que le nationalisme, en somme, ne rime pas plus, a priori, avec séparatisme que le fédéralisme ne rime avec centralisme ou unitarisme.
Ce que la CAQ devrait proposer, conjointement à son volet réformiste, c'est le vernis de l'existence nationale, ou, tout simplement, l'explicitation du pourquoi de ce dernier: mettre à profit les conditions spécifiques de la conjoncture politique qui iraient dans le sens du maintien existentiel du peuple québécois et de ses traits distinctifs. C'est uniquement en procédant ainsi que la CAQ sera à même, pour ainsi dire, de suspendre momentanément la question nationale; soit en oeuvrant de telle façon qu'elle pourra être remise au jeu lorsque les Québécois croiront bon de rouvrir le dossier de leur avenir politique.
Du pragmatisme de la CAQ, il lui enjoint donc d'expliciter à qui et pourquoi il s'y destine. Cela étant, ce n'est qu'une fois posée la dimension existentielle comme condition préalable que la CAQ pourra prétendre constituer une véritable coalition vouée à l'avenir du Québec national. Car existe-t-il un autre véhicule politique que la nation, alors que les idéologies passent et se succèdent?
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Mathieu Pelletier, Chambly


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