Comme dans un film de Denys Arcand

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Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument

« La vie est du cinéma », m’a dit mon boss hier.


En effet.


Tout comme j’ai pensé à Parlez-nous d’amour de Jean-Claude Lord lorsqu’ont éclaté les affaires Rozon, Salvail et Archambault, hier, quand j’ai lu le reportage d’Annabelle Blais et de Félix Séguin sur les partys organisés par Marc Bibeau, c’est Réjeanne Padovani de Denys Arcand qui m’est tout de suite venu en tête.


DU BIEN BEAU MONDE


Si vous n’avez pas vu ce chef-d’œuvre tourné en 1973, allez tout de suite le louer sur Illico ou sur iTunes.


Grâce au projet Éléphant, vous pourrez le visionner en version restaurée.


Vous allez voir, c’est comme si le réalisateur du Déclin de l’empire américainavait tout prévu !


L’histoire se déroule dans une maison cossue de l’ouest de la ville. Peut-être Wetsmount, peut-être Beaconsfield (la ville où réside Marc Bibeau).


Afin de célébrer l’inauguration d’une autoroute qu’il a construite grâce à l’aide de ses amis influents, un riche entrepreneur aux relations douteuses organise une réception somptueuse dans sa maison.


Parmi les invités : le ministre de la Voirie, le maire de Montréal, un jeune avocat ambitieux, des entrepreneurs — bref, la crème de la crème du monde politique et financier.


Toutes ces belles personnes se donnent des tapes dans le dos et brassent de grosses affaires en buvant du champagne pendant que, dans le sous-sol, leurs gardes du corps sirotent une p’tite bière en jouant au pool.


À l’époque, on regardait le film d’Arcand et on se disait : « C’est une fable extraordinaire sur les liens qui unissent le pouvoir politique et l’argent. »


Quarante-quatre ans plus tard, on se dit : « C’est un documentaire ! C’est EXACTEMENT comme ça que ça se passe ! »


LES COPAINS D’ABORD


Nous soupçonnons tous que le monde est dirigé par une grande confrérie de politiciens et d’entrepreneurs qui se grattent mutuellement le dos et s’échangent des faveurs.


Tu sièges sur mon c.a., je te donne un contrat, tu finances mon parti, je te passe mon bateau, tu m’accordes une subvention, je te paie un voyage, et viens donc à la maison vendredi soir j’organise un souper gastronomique avec un chef étoilé venu directement de New York...


Mais le reportage que le Bureau d’enquête a sorti nous a permis de mettre des noms sur des visages qui étaient jusqu’ici abstraits !


Soyons prudents : rien ne nous permet de dire que quelque chose d’illégal s’est passé pendant les soirées organisées par le grand argentier du PLQ.


Mais ça nous permet de voir à quel point le monde de la politique et celui du fric entretiennent des liens étroits.


La firme Dessau, la firme Tecsult, la firme Cima+, la firme Genivar, le ministre de la Justice, la ministre du Transport, la présidente du Conseil du Trésor, la vice-première ministre...


Et le grand argentier du parti au pouvoir qui écrit : « Presque toute l’équipe ministérielle sera présente. Vous aurez une très belle opportunité pour les rencontrer et discuter avec eux. »


LES COULISSES DU POUVOIR


« Avec le cinéma, on parle de tout, on arrive à tout », disait Godard.


Avec Réjeanne Padovani, Arcand nous disait que la démocratie est arrangée avec le gars des vues.