Caisse de dépôt

Comédie parlementaire

L'affaire de la CDP - commission parlementaire

Michel Hébert - Plus le temps passe, plus cette ridicule commission parlementaire cherche à comprendre comment la Caisse de dépôt et placement du Québec a pu perdre 40 milliards $, et plus on a le sentiment que la vérité nous échappera.
Jeudi, l'ancien président du comité de gestion des risques, Alban D'amours, a même évoqué la main de Dieu tellement ce qui s'est passé lui semble incompréhensible. La dévaluation subite du papier commercial adossé à des actifs supposément inconnus a été, selon lui, un «Act of God».
Bien sûr! Il ne manquait plus que ça, que l'on invoque le Christ! Le surnaturel englue à ce point cette affaire qu'il nous faudrait un exorciste pour que le diable sorte des détails...
Toujours ce jeudi, pendant que l'ancien président de Desjardins témoignait en boutons de manchette, le Collectif pour un Québec sans pauvreté manifestait devant l'Assemblée nationale. Comme les pauvres n'ont pas un chef naturel, les leaders syndicaux habituels ont pris le micro pour exiger l'éradication de la pauvreté, une «meilleure redistribution de la richesse» et, comme si nous avions un seul mot à dire sur cette magouille internationale, l'abolition des paradis fiscaux.
«Tous les jours, les fonctionnaires côtoient la pauvreté», a lancé la présidente du Syndicat de la fonction publique, Lucie Martineau. Elle ne savait pas si bien dire ce jour-là...
Du Salon rouge, où l'on cherchait à percer le mystère du PCAA, on entendait les cris des manifestants communautaires et les éclats de voix de l'élite ouvrière.
Rien cependant pour émouvoir les millionnaires de la Caisse, les députés ou cette fonctionnaire assise en retrait, splendidement inutile et plongée dans un livre au titre libérateur: L'Art de rêver...( La verra- t-on manifester, l'an prochain, pour la sauvegarde des services publics et de son pouvoir d'achat? Probablement.)
Un scripteur de réponses
Le surréalisme de cette comédie parlementaire était visible dans d'autres détails. Il y en a un digne de mention, montrant à quel point on ne veut pas vraiment coincer les gars de la Caisse.
Depuis le début des audiences, une dame est assise à côté de ceux qui témoignent. C'est Suzanne Masson, vice-présidente aux Affaires corporatives de la Caisse. Comme elle ne peut souffler les réponses, elle leur glisse des petits mots écrits, surtout quand les réponses ont besoin de contenu...
Le député péquiste François Legault a exprimé son malaise devant ce petit manège, mais il n'a pas voulu en faire un plat, surtout que les libéraux, majoritaires, avaient décidé d'emblée de fermer les yeux.
Ils ont fait valoir que, si les députés avaient droit à des recherchistes, les témoins convoqués en commission parlementaire peuvent, eux aussi, avoir du "soutien". Soyons justes, même si c'est absurde.
Quand on presse quelqu'un de questions, c'est pour lui faire dire les choses qu'il ne dit pas de prime abord. Pour qu'il livre le fond de sa pensée, qu'il dise quelque chose qui pourrait ressembler à la vérité.
La vérité, dans ce cas-ci, risquerait d'embarrasser la Caisse. C'est donc évidemment pour ça, pour éviter les déviations malheureuses que la Caisse a délégué une vice-présidente de premier niveau à la table des témoins, avec un crayon et un calepin.
Aucun risque
Remarquez que, si les gars de la Caisse avaient couru un risque véritable, ils auraient témoigné avec des avocats, comme Lise Thibault. Mais comme ils ne risquent rien, sinon d'avoir l'air fou en ne sachant quoi dire, la Caisse leur fournit un coach pour combler les vides.
Henri-Paul Rousseau comparaîtra mardi prochain. Espérons qu'il expliquera exactement pourquoi la Caisse s'est gavée jusqu'à la dernière minute avec du PCAA de la pire catégorie, le plus risqué, celui que l'on a vendu surtout au Québec après l'avoir estampillé Triple A à Toronto. Il faut refuser de croire, comme l'ont dit les gars de la Caisse cette semaine, qu'au fond ils ne savaient pas précisément ce qu'ils achetaient. Ça n'a tout simplement pas de sens.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé