Combien nous a-t-on volé?

Enrichir le Québec en arrêtant les vols auxquels il a été habitué

Chronique de Jean-Jacques Nantel

Dans le domaine économique, les souverainistes ont encore énormément de munitions pour convaincre la population, notamment du côté des immigrants. Malheureusement, comme ils donnent eux-mêmes l'impression que l'économie est le point faible de leur projet, leurs adversaires ont toujours eu beau jeu de présenter celui-ci comme un caprice de bébés gâtés qui peut très bien attendre. Pourtant, l'indépendance, cela ne sert pas à faire une fête, mais à faire des sous, beaucoup de sous! Il est extrêmement urgent d'enrichir notre population en arrêtant les vols auxquels le Canada anglais nous a habitués depuis un quart de millénaire.
Pourquoi, en effet, l'Angleterre de 1759 a-t-elle recruté des soldats partout en Angleterre, en Ecosse et en Irlande? Pourquoi a-t-elle équipé une puissante flotte et lui a-t-elle fait traverser un immense océan pour venir mettre un siège de plusieurs mois devant Québec? Pourquoi a-t-elle engagé toutes ces dépenses? C'était parce qu'elle avait l'intention de se rembourser en nous volant. Or, c'est exactement ce qu'elle et ses descendants ont fait tant en Acadie, dont ils avaient déjà déporté la population pour lui voler ses terres; en Ontario, dont ils nous ont fait payer la dette lors de l'union des deux Canada de 1840; en Colombie-Britannique qui a posé comme condition de son entrée dans la confédération que nous lui payions un coûteux chemin de fer transcanadien; à Terre-Neuve, qui nous a subtilisé le Labrador avec l'aide du Conseil privé de Londres; dans les Prairies et les trois territoires, dont nous avons financé une part importante des infrastructures, notamment à l'époque où ils étaient sous-peuplés; etc.
Ajoutons que lors du premier hiver qu'ils ont passé au Québec en 1760, les Anglais ne sont pas morts du scorbut comme les hommes de Jacques Cartier ou de Champlain. Tout au contraire, ils ont emménagé dans les plus luxueuses demeures que nous avions construites; ils ont mangé la meilleure nourriture que nous avions produite et porté les meilleurs vêtements que nous avions tricotés. Après avoir expulsé nos élites, ils se sont confortablement installés dans la richesse au sommet de notre pyramide sociale pour ensuite se transmettre leurs avantages d'arrière-grands-pères à grands-pères, à pères, à fils, à petits-fils et à arrière-petits-fils et ce, jusqu'à nos jours. Encore aujourd'hui, les Anglophones québécois sont plus riches que le reste de la population.
Eliminer les vols commis à nos dépens par le reste du Canada
Après l'indépendance, la voie maritime du Saint-Laurent, dont la portion québécoise nous appartient, pourrait à elle seule nous rapporter des fortunes. Rappelons que tous les économistes et tous les historiens sont d'accord pour affirmer que l'année précise où les économies de Montréal et du Québec ont commencé à décliner par rapport à celles de Toronto et de l'Ontario fut 1959, l'année de l'ouverture de la voie maritime du Saint-Laurent.
En prenant le contrôle de notre voie maritime, nous pourrions nous enrichir de quatre façons différentes. Premièrement, nous arrêterions d'en payer toutes les dépenses. (Le gouvernement fédéral ne se vante-t-il pas de sa générosité quand il dépense nos taxes au Québec en payant des bouées, des balises, du dragage, des brise-glace, des écluses, des pilotes et des études environnementales pour la voie maritime; toutes des dépenses qui servent à développer à nos frais les provinces voisines?) Deuxièmement, selon le principe de l'utilisateur-payeur, nous ferions payer au Canada anglais ces mêmes dépenses avec de l'argent provenant de l'extérieur du Québec. Troisièmement, nous leur ferions payer un profit, exactement comme le font le petit Panama et l'Egypte avec leurs propres voies maritimes. Quatrièmement – et ce serait peut-être le plus payant - nous bénéficierions du transfert d'usines de l'Ontario vers le Québec par des entrepreneurs soucieux de s'épargner les coûts d'utilisation de cette même voie maritime.
En fait, plus nous chargerions cher pour l'utilisation de notre réseau d'écluses et plus nous verrions augmenter le nombre d'industries qui redescendraient le fleuve pour venir créer chez nous de la richesse et de l'emploi. Habilement, nous pourrions augmenter graduellement ces frais de transit en fonction de notre besoin de nouveaux emplois industriels et de notre capacité d'absorption de richesses nouvelles.
Comme les quatre gains économiques que nous venons d'énumérer correspondraient à des pertes équivalentes pour l'Ontario, le Québec, dans ce seul secteur, verrait augmenter de beaucoup sa puissance relative.
Contrairement à ce que certains pourraient être tentés d'affirmer, agir ainsi ne serait pas du piratage, mais exactement l'inverse, puisque nous mettrions ainsi fin à un vol massif et éhonté qui dure depuis un quart de millénaire. Il s'agirait d'un simple retour à la normale. Partout sur la planète – les Mongols, les Népalais ou les Boliviens peuvent en témoigner - l'obligation de payer pour traverser le territoire (et les écluses) d'un voisin côtier est le lot des peuples habitant des pays enclavés.
Si, après notre indépendance, nous décidions de ne pas profiter à plein de cet avantage géostratégique, ce serait, comme à l'accoutumée, à cause de cette grandeur d'âme qui fait de nous une superpuissance morale. Dans tous les cas, cependant, nous conserverions dans notre jeu cet atout décisif de négociation. Ce serait même vrai dans le cas des Etats-Unis qui préféreront toujours accepter l'offre des souverainistes de ne rien changer à leurs relations avec le Québec.
L'objection voulant que le Canada anglais pourrait aisément se refaire en taxant les exportations québécoises transitant par ses eaux territoriales du golfe du Saint-Laurent ne tient pas parce qu'il s'agit d'une mer ouverte; c'est-à-dire d'une mer dont la navigabilité ne dépend d'aucun ouvrage d'art (écluses, etc). La loi internationale interdit en effet de bloquer ou de taxer les navires étrangers qui naviguent sur les mers ouvertes qui font partie des eaux territoriales d'un pays côtier. (Pas de coûts, pas de taxes!) Cela s'appelle le ¨droit de passage innocent¨. Ce droit est déjà appliqué dans la région du golfe du Saint-Laurent dans le cas des îles Saint-Pierre-et-Miquelon, un département français d'outre-mer, et il s'applique dans tous les détroits naturels du monde, que ce soit dans la Manche, à Gibraltar, à Aden, à Ormuz, à Tsushima, etc.
D'intéressantes taxes de transit pourraient aussi être tirées de notre réseau de voies ferrées; un réseau dont le Canada anglais se sert pour drainer, au profit du port de Halifax, une partie de l'activité portuaire de Montréal.
Ce serait la même chose avec notre Transcanadienne dont on nous fait payer tous les coûts au profit du Canada anglais (construction, rénovation, déneigement, police, etc). Les Maritimes et l'Ontario s'échangent en effet des millions de dollars de marchandises par jour en passant à travers notre territoire. Or - cela est peu connu - les spécialistes en construction de routes évaluent qu'un seul camion de 60 tonnes détruit autant une route que 20 000 voitures! Les frais de transit dont on parle ici sont donc bien réels et fort élevés!
Ces quelques exemples montrent qu'un Québec souverain pourra faire beaucoup mieux que de simplement se défendre lors des futures négociations avec le Canada anglais.
Il suffit d'entendre les plaintes de Terre-Neuve, qui paie cher pour exporter son électricité à travers notre territoire, pour réaliser les énormes profits que le Québec pourrait tirer de sa position stratégique. Puisqu'on effleure le sujet, signalons que le récent projet terre-neuvien visant à contourner le Québec avec des lignes sous-marines de transport d'électricité qui seront financées par le fédéral avec l'argent de nos taxes, est parfaitement inique puisque notre population est 15.5 fois supérieure à celle de Terre-Neuve. En vertu de ce ¨nouveau¨ programme de financement, que le Fédéral a miraculeusement sorti de son chapeau pour aider les ¨pauvres¨ Terre-Neuviens, le Québec serait logiquement en droit de réclamer du financement fédéral pour 15.5 projets de même envergure. Or, comme chacun s'en doute, un seul de nos projets sera éventuellement approuvé par Ottawa (s'il l'est). C'est l'égalité à la canadienne...
Un autre cas où on a vu le purisme moral du Canada anglais jouer au détriment du seul Québec est celui où Ottawa s'est hâté de respecter à la lettre, avec l'argent de nos taxes fédérales, toutes les clauses financières que lui imposait la convention de la Baie de James. Considérés par le Canada anglais comme des alliés qui l'aident à retarder à nos dépends le développement de notre hinterland, les Cris, peu nombreux et mal instruits, auraient d'ailleurs été bien incapables d'obtenir un traité aussi avantageux s'ils n'avaient pas reçu l'aide active et intéressée du Canada anglais. Si ce souci de justice à l'égard des descendants des premiers habitants du pays est en soi fort louable, on constate que les préoccupations morales du Canada anglais s'atténuent singulièrement quand il s'agit d'aider les Cris du Manitoba, un peuple encore plus déshérité avec lequel il s'est bien gardé de signer un traité aussi généreux...
Eliminer les vols commis à l'intérieur du Québec
Les autres tricheries commises par le Canada anglais sur le territoire du Québec sont tout aussi flagrantes. Si pratiquement personne ne s'en offusque vraiment, c'est parce que l'habitude a toujours un effet fortement soporifique sur les êtres humains. Abusant du pouvoir que leur ont légué leurs ancêtres conquérants, nos parasites ont d'ailleurs veillé à ajouter un par un leurs petits larcins au total de leurs déprédations de manière à pouvoir ensuite en faire croître lentement la valeur et le rendement.
Alors que les intérêts des Franco-Canadiens ont toujours et partout été traités avec une méprisante condescendance (on les considère ouvertement comme des ¨trouble makers¨), les Anglo-Québécois sont ainsi parvenus, au fil des décennies, à se faire octroyer par le gouvernement fédéral une proportion démesurée des impôts fédéraux payés par le Québec. De son côté, la Cour Suprême a veillé à les surprotéger en dépeçant la loi 101 pièce à pièce pour nous obliger à leur consacrer une proportion indue des taxes que nous payons au Québec même. A cela s'ajoute l'action du PLQ qui, à chacune de ses prises du pouvoir, a travaillé à choyer cette partie essentielle de son électorat.
La situation, après 250 années de vols, est devenue risiblement déséquilibrée. Alors qu'il y a un seul véritable centre hospitalier francophone en Ontario, les Anglophones du Québec en ont 18, tous payés par nos taxes. Alors que leur communauté représente moins de 8% du total de la population et souffre d'un vieillissement accéléré, ses écoles acceuillent 13% environ des élèves québécois. Alors que le reste du Québec dispose de seulement quatre universités, elle en a trois. Certaines années, ces dernières ont même reçu la moitié des budgets dépensés par le Fédéral pour la recherche universitaire au Québec! Quant au Centre universitaire de santé McGill, à qui le gouvernement québécois a octroyé la moitié des fonds de construction disponibles, il servira à nous voler nos taxes puisque, comme c'est présentement le cas avec l'université McGill, nettement plus de la moitié de ses coûteux finissants auront quitté le Québec moins de deux ans après leur diplomation. (Notons que 25% des étudiants en médecine de l'université McGill proviennent présentement de l'extérieur du Québec.)
Il est absolument évident que, sans les taxes fédérales et provinciales que nos deux gouvernements détournent à son profit, la minuscule population vieillissante du Québec anglophone (580 000 personnes) serait incapable, année après année, de maintenir la réputation d'une des meilleures universités du Canada et même du monde, nommément l'université McGill. Pour obtenir une telle performance et surclasser aussi nettement ses semblables du Canada anglais (qui ne lui sont inférieurs en rien) cette communauté en déclin a eu besoin de beaucoup d'argent (notre argent) pour faire venir de l'étranger les professeurs émérites, les étudiants et les instruments de laboratoire nécessaires.
C'est absolument limpide: une partie du sous-financement dont se plaignent les universitaires francophones du Québec est causé par le sur-financement des trois universités anglophones de la région de Montréal. Dans les faits, l'argent est disponible, mais il est distribué de façon inéquitable. Il sert à produire des médecins et des diplômés pour les économies du reste du Canada. Une telle ponction est d'autant plus délétère pour notre économie que l'éducation et la santé sont les deux secteurs les plus argentivores de l'Etat québécois.
Ce qu'il importe de comprendre ici, c'est que les dollars que le Canada anglais nous subtilise par le détournement de nos taxes ne sont pas des dollars comme les autres puisqu'ils font partie des surplus de richesse que nous dégageons par notre travail après nous être logés, nourris et habillés. Il s'agit de surplus péniblement gagnés. C'est notre confort qu'on nous vole, souvent pour nuire à nos intérêts, par exemple dans des scandales comme celui des commandites, dans des tricheries préréférendaires ou en dévoyant nos alliés, comme cela a récemment été fait avec la France de Nicolas Sarkozy.
Quant aux défusions municipales, que le PLQ s'est arrangé pour octroyer aux anglophones du West Island, elles leur ont permis de continuer à se payer des services municipaux de luxe tout en profitant, lors de leurs déplacements quotidiens, de ceux financés par les francophones du reste de l'île de Montréal.
Dans une province suffisamment appauvrie pour recevoir des paiements de péréquation d'Ottawa, la minorité anglo-québécoise possède à la fois la deuxième plus riche ville du Canada (Westmount) et une des universités les mieux cotées (et les mieux sur-financées) du monde entier. C'est dire! Dans les jolies villas de cités milliardaires comme Westmount ou Ville Mont-Royal, les Anglo-Québécois se sont payés du bonheur à nos dépends pendant un quart de millénaire. Et ils ont bien l'intention de continuer, du moins si on les laisse faire...
Eliminer la nuisance fédérale à l'échelle internationale
Même sans parler de sujets comme l'immigration non-francophone, dont on nous submerge depuis 1760 dans le but avoué de nous affaiblir, il est facile de montrer que l'action internationale du fédéral nous a souvent nui. Ce fut le cas lors des nombreuses guerres impopulaires dont on nous a imposé le fardeau humain et financier: guerre contre les métis de Louis Riel, guerre contre les Boers d'Afrique du Sud, guerres de Corée, d'Iraq, d'Afghanistan ou d'ailleurs. Quant aux guerres nécessaires, celle contre les Nazis par exemple, on s'interroge encore aujourd'hui sur les calculs stratégiques de généraux qui ont sacrifié nos hommes dans un débarquement-test aussi imbécile qu'improvisée que celui de Dieppe.
Pour ce qui est de nos intérêts économiques, disons qu'il a toujours été possible pour les représentants du Canada anglais de s'en servir comme de monnaie d'échange lors de négociations internationales. Au cours des dernières années, le Québec n'a-t-il pas eu la ¨malchance¨ de voir longtemps pourrir un dossier, prioritaire pour lui, comme celui du bois d'oeuvre alors que les dossiers intéressant le reste du Canada progressaient normalement? Signalons que la méchanceté a peu de choses à voir avec cette ¨malchance¨ étant donné que servir les siens en premier est un réflexe parfaitement normal et sain.
Combien nous a-t-on volé?
Toute évaluation honnête des vols et des détournements que nous venons d'énumérer devrait tenir compte du fait qu'un nombre appréciable de ceux-ci ont été supportés par une population québécoise nettement moindre qu'aujourd'hui; ce qui en a augmenté l'impact relatif. D'autre part, une telle évaluation devrait tenir compte de l'effet-levier du temps. Autrement dit, à la valeur brute de chaque larcin, il faudrait ajouter la valeur des intérêts composés qui se seraient accumulés sur des sommes équivalentes pendant plus de deux siècles. Le total obtenu, déjà fabuleux, le serait encore plus si, comme le font les cours de justice modernes, on quantifiait monétairement le dommage causé à notre peuple pendant toute cette période en tenant compte d'éléments intangibles comme la perte de jouissance ou la baisse de la qualité de vie.
Pendant d'interminables décennies, nos ancêtres ont effectivement dû supporter les injustices commises par des élites d'importation dont toute la culture était pénétrée de solides préjugés à leur égard. Pour nos propres élites, cela s'est traduit par d'innombrables promotions retardées ou niées, par de régulières mises à pied sélectives et par de constantes tracasseries administratives dans une langue qu'elles maîtrisaient mal; ce qui a eu pour effet de les maintenir artificiellement dans les classes moyennes. Quant au reste de notre pyramide sociale, elle fut maintenue dans une constante pauvreté, voire dans la misère, par toute une armée de ¨petits boss¨ anglophones qui, de génération en génération, réutilisaient les mêmes petites brimades racistes pour nous ¨remettre à notre place¨. S'il est difficile de mesurer les pertes économiques ayant résulté de ce caporalisme à base raciale, les exemples modernes de poursuites civiles nous permettent d'affirmer qu'il s'agirait certainement de la composante la plus importante du total des pertes économiques que nous cherchons justement à évaluer.
Avant d'en finir avec nos calculs, il nous faudrait aussi tenir compte d'une inflation qui a joué sur d'énormes périodes de manière à actualiser le grand total obtenu en dollars du 21ème siècle. On parle ici d'un montant astronomique. Comme toujours quand il s'aventure dans le monde des nombres astronomiques, l'esprit humain, ici encore, perd pied. Car l'infini est incalculable!
Obtiendrons-nous un jour réparation? Bien sûr que non! Mais nous pourrons au moins préserver l'avenir en arrêtant les vols! Faire l'indépendance du Québec, c'est urgent; ce n'est pas du tout un caprice!
Financer notre futur développement avec l'argent que le Canada anglais d'aujourd'hui nous dérobe
Comme un Québec indépendant utilisera l'argent actuellement dérobé pour aider sa population plutôt que pour lui nuire, il y aura partout double gain.
Si on fera de belles économies en éliminant les inutiles dédoublements fédéraux-provinciaux de ministères, il demeure que le seul fait de rapatrier la quarantaine de milliards de dollars de taxes et d'impôts que nous payons annuellement à Ottawa aura un impact économique majeur sur la grande région de Québec. En effet, si la capitale canadienne a été construite à un millimètre seulement au-delà de notre frontière avec l'Ontario, c'était précisément pour que cette dernière puisse profiter économiquement de l'activité générée, dans la région d'Ottawa, par les taxes fédérales que nous payons. Il suffit de traverser le pont qui sépare Ottawa de Gatineau pour réaliser à quel point les fonctionnaires fédéraux favorisent l'Ontario quand il s'agit de dépenser nos taxes.
Non seulement la capitale d'un Québec indépendant verra s'ouvrir de nouveaux ministères et des centres de recherche, mais de nombreuses ambassades y seront construites et entretenues avec de l'argent provenant de l'étranger. Au lieu d'être le tout dernier tronçon du circuit touristique qui commence aux chutes Niagara pour se poursuivre à Toronto et Ottawa avant de se terminer par une rapide visite du Vieux Québec, notre capitale deviendra le centre d'un circuit touristique autonome qui attirera les voyageurs intéressés à venir visiter le seul véritable pays francophone d'Amérique.
Avec la richesse ainsi générée localement, peut-être la ville de Québec pourra-t-elle enfin récupérer son équipe de hockey qui a jadis été fermée à cause de sa trop grande pauvreté. (Pour la même raison, Montréal a jadis perdu son équipe de baseball alors que, tout au contraire, Ottawa et Toronto, qui profitent de leur richesse et d'une partie de la nôtre, ont conservé leurs équipes professionnelles de sport.)
Un Québec indépendant n'aura aucune peine à récupérer sur l'Ontario sa part de l'industrie automobile nord-américaine en employant le même procédé utilisé jadis par le minuscule petit Canada anglais pour faire plier le géant américain; à savoir la menace de taxer lourdement les voitures qui ne seraient pas produites chez lui. Rappelons que la seule usine automobile du Québec, celle de Boisbriand, a récemment été transférée en douce à Oshawa, en Ontario, où sont désormais fabriquées les fameuses Camaro.
A l'échelle internationale, un Québec indépendant pourra réaliser de multiples profits en faisant des ententes mutuellement avantageuses avec d'autres pays. Dans les assemblées internationales, le vote d'un pays, cela vaut effectivement beaucoup d'argent! Ainsi, c'est en faisant des concessions économiques à des pays souverains que la diplomatie américaine bâtit régulièrement les coalitions dont elle se sert sur la scène internationale. C'est le principe du ¨je te gratte le dos et tu me grattes le mien!¨
Gagner en utilisant les bons arguments
Si les souverainistes employaient une argumentation économique de cette nature, la population se rendrait vite compte qu'elle a déjà payé les coûts de la souveraineté et qu'il ne lui reste plus qu'à en engranger les profits en la réalisant. Constatant l'ampleur des vols commis par le Canada anglais, elle cesserait vite de prendre au sérieux les arguments les plus insistants de nos fédéralistes. Par exemple, la crainte de voir cesser les paiements de péréquation du Fédéral advenant l'indépendance du Québec serait enfin considérée pour ce qu'elle est vraiment; c'est-à-dire comme un bel argument de mendiants!
J'imagine qu'en lisant ces quelques paragraphes, nos fédéralistes ne manqueront pas de s'exclamer: ¨Mais pourquoi toujours faire de la chicane? Laissons-nous voler, voyons! Nous y sommes tellement habitués!¨
Jean-Jacques Nantel, ing.

Décembre 2010


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6 commentaires

  • Martin Lavoie Répondre

    16 mars 2011

    Comme dit l'annonce, un bon comptable ne regarde pas seulement les chiffres, il a une vision, développe des thèmes, prévoit les chiffres à venir, les besoins, planifie. Bravo pour cet article.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 janvier 2011

    Pourquoi faudrait-il que ce soit toujours le Parti Québécois à faire les frais d'une bataille, qui dans les conditions actuelles, ne serait pas gagner? Je suggèrerais plutôt Prendre le message de cet ingénieur, qui instruit vraiment et le faire lire le plus possible. Si on veut gagner une bataille, il faut faire comme les abeilles ou les fourmis se mettent à plusieurs. Je suis souverainiste de longue date et pourtant le texte de lingénieur m'a instruit en maudit? Je vais le copier et le faire lire à d'autres.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 décembre 2010

    Un grand merci ! je vais le copier et distribuer votre texte
    Vous savez que le malheur a été la colonisation du Québec par la religion ...
    Au lieu de parler de l'instance Su^prême qui peut tout on a (le clergé) chercher qu'à nous culpabiliser.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 décembre 2010

    Merci M. Nantel d'étoffer l'argumentaire du Parti indépendantiste. Votre collaboration porte fruit au PI. Comme le dirait Éric Tremblay, chef du PI, "si tous les indépendantistes ne se joignent pas au Parti indépendantiste, il en sera fini de l'indépendance du Québec."
    http://parti-independantiste.org/le-programme-du-parti-independantiste

  • Archives de Vigile Répondre

    15 décembre 2010

    Monsieur Nantel,
    encore une fois merci pour ce texte. L'indépendantiste de longue date que je suis se délecte de cet argumentaire à saveur économiste. Il n'est pas nouveau mais tellement pertinent! Il semble bien que les tenors du PQ, fatigués de se répéter oublient que la population se renouvelle et qu'il faille sans relâche marteler cet argumentaire fondamental qui justifie à lui seul que l'on opte pour l'indépendance.Possible que les arguments à saveur économique soient plus susceptibles que les arguments culturels d'attirer les immigrants vers l'option indépendantiste. Mais je reste convaincu que c'est avant tout à l'électorat francophone quil faut tenir ce message.L'important c'est que ce message devienne omniprésent dans le débat politique.Le PQ ne s'emploie pas assez et depuis trop longtemps à dénoncer la perversité du régime fédéraliste.Par chance nous vous avons. Merci encore monsieur Nantel.Poursuivez, tenez bon, votre plume est efficace.

  • Lise Pelletier Répondre

    15 décembre 2010

    M.Nantel
    Comment se fait-il, comme vous le mentionnez, que le
    Parti Québécois ne mentionne pas ces faits, j'imagine qu'ils
    sont au courant, impossible autrement ce serait ridicule.
    le PQ compte-il informer les québécois ou si leur silence cache autre chose.
    advenant le pays du Québec, il est à souhaiter que le PQ fera profiter tous les québécois et non pas seulement une élite de ces richesses
    sinon, quelle serait la différence entre le PQ et le PLQ
    Lise Pelletier