CHUM: Il n'est plus question d'échéancier

CHUM


par Lessard, Denis
Le dossier de la construction des hôpitaux universitaires de Montréal est si complexe que le gouvernement se refuse désormais à parler d'échéancier.
La date de 2010 largement répandue par les dirigeants du Centre hospitalier universitaire de Montréal, était "un repère", a soutenu hier le ministre de la Santé, Philippe Couillard. En 2011, les projets d'hôpitaux universitaires "seront très avancés... Pour la fin des travaux, on vous reviendra..." a laissé tomber M. Couillard dans un point de presse pour réagir à la manchette de La Presse hier. Lors d'une réunion déterminante au ministère de M. Couillard vendredi dernier, les principaux intervenants dans ce dossier avaient constaté que la date de 2010 pour la fin des travaux du nouvel hôpital du 1000, Saint-Denis était totalement irréaliste, et qu'il vaudrait mieux viser tout de suite 2013.
Immédiatement après le point de presse de M. Couillard, le chef de l'ADQ, Mario Dumont, tournait en ridicule les réserves d'un ministre incapable de préciser le moment où un chantier de cette importance pourra être réalisé. "L'établissement envoie des communiqués en s'identifiant comme CHUM 2010. Cela ne dit pas: "Le chantier sera moyennement assez avancé en 2011". Tout le monde comprend que le CHUM devait ouvrir ses portes en 2010, c'est-à-dire commencer à accueillir des malades", a soutenu M. Dumont.
Pour Louise Harel, critique péquiste à la santé, après les précisions de M. Couillard, "il y a plus d'incertitude que jamais" dans ce dossier. "La seule chose dont on est sûr, c'est que cela coûtera un milliard de plus", a-t-elle soutenu.
"L'obsession de la pelletée de terre"
Hier, M. Couillard a aussi refusé de prédire quand pourront commencer les travaux tant pour l'hôpital francophone que l'anglophone -bien qu'on ait parlé du début de l'été 2007 le printemps dernier. "On a trop souvent l'obsession de la pelletée de terre, de la photo avec les casques blanc et la petite pelle", a lancé M. Couillard. Trop souvent les gouvernements dans le passé se sont laissé bousculer par l'opinion publique ou des échéances électorales", a soutenu M. Couillard.
Venue épauler son collègue, Monique Jérôme-Forget, présidente du Conseil du Trésor, a souligné que les chantiers de ces deux établissements seront parmi les plus gros au monde pour des hôpitaux. "La rigueur est plus importante que les échéanciers", insiste-t-elle. Avant d'enclencher des travaux à la hâte, risquant ainsi de devoir faire des milliers de modifications par la suite, le gouvernement préfère avoir tout le portrait, connaître tous les coûts.
Pour Mme Jérôme-Forget, la décision de recourir à des partenariats public-privé pour ces travaux devrait les accélérer. À Madrid, en Espagne, huit hôpitaux sont actuellement construits, tous par PPP, a souligné M. Couillard. Des gouvernements de tous les horizons politiques, de gauche comme de droite, optent pour cette formule, insiste-t-il.
Au passage, les ministres ont souligné que les budgets totalisant presque 2 milliards de dollars pour les deux établissements annoncés au printemps dernier restaient des estimations, et que le report prévisible des travaux allait encore faire grimper la facture.
M. Couillard a reconnu aussi ne pas avoir d'entente avec les spécialistes de l'un ou l'autre établissement sur la nécessaire "complémentarité" des services. À la suite de l'imposition des conditions de travail le printemps dernier, les échanges avec les médecins spécialistes progressent laborieusement, a-t-il expliqué.
Devant les ratés dans le plan de match du CHUM, la coalition proposant qu'il n'y ait qu'un seul grand hôpital, francophone, a repris du poil de la bête.
Pour le sociologue Guy Rocher, il n'est pas question de faire un hôpital bilingue à Montréal. Si l'établissement était construit à Toronto, on ne se poserait guère de questions, fait-il valoir.
Trouver des accommodements pour permettre l'enseignement en anglais dans cet hôpital ne présenterait pas de problèmes. "McGill a changé, on peut y présenter des travaux en français, on est bien loin de l'attitude qui avait déclenché la manifestation pour McGill français en 1968", d'observer M. Rocher.


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