Chrétien juge l'adhésion du Québec souhaitable, mais pas essentielle

Quel cynisme ! Quel mépris !


Joël-Denis Bellavance - Il serait souhaitable que le Québec signe officiellement un jour la Constitution canadienne, mais cela n'est pas essentiel au bon fonctionnement du Canada, estime l'ancien premier ministre Jean Chrétien.
M. Chrétien, l'un des principaux acteurs du rapatriement de la Constitution canadienne et de l'adoption de la Charte des droits et libertés en 1982, a affirmé hier que le gouvernement du Québec s'est servi de la loi fondamentale du pays à plus d'une reprise dans le passé pour adopter certaines réformes.
C'est la preuve, selon lui, que le pays fonctionne bien même si aucun gouvernement du Québec n'a accepté à ce jour de signer le document constitutionnel.
«Ce serait souhaitable, mais ce n'est pas nécessaire absolument. Déjà, le Québec s'est servi de la nouvelle Constitution quand il a fallu changer le système scolaire. Quand on a passé des lois linguistiques, on s'est servi de la Constitution. On s'est servi de la clause nonobstant. () La Bavière n'a jamais signé la Constitution allemande. Mais on ne dit pas que l'Allemagne ne fonctionne pas bien. Ce serait souhaitable, mais ce n'est pas essentiel», a affirmé hier l'ancien premier ministre.
M. Chrétien, qui était ministre de la Justice et principal négociateur du gouvernement Trudeau pour le projet de rapatriement de la Constitution, était de passage hier soir à l'Université d'Ottawa afin de participer à un dîner commémoratif du 25e anniversaire de la Charte des droits et libertés.
Devant quelque 250 invités, dont plusieurs anciens ministres et députés libéraux et l'actuel chef du Parti libéral Stéphane Dion, M. Chrétien a fait l'historique de ce chapitre important de l'histoire du pays.
Il a notamment affirmé que le Québec n'a pas été isolé durant les négociations constitutionnelles. Le gouvernement péquiste dirigé par René Lévesque aurait refusé d'adhérer à une entente constitutionnelle, quelle qu'elle fût, parce que cela aurait été à l'encontre de l'article 1 du programme du Parti québécois de faire du Québec un pays indépendant.
«Nous savions depuis des mois que Lévesque refuserait de signer à cause de l'article 1 de son programme. Comment pouvez-vous demander à un séparatiste de devenir le père d'une nouvelle Constitution d'un pays dont il ne veut pas faire partie?», a lancé M. Chrétien.
M. Chrétien a aussi affirmé que la Charte des droits et libertés est grandement appréciée au pays. Elle est également devenue un modèle dans le reste du monde.
Il a rappelé à son auditoire que l'ancien président de l'Afrique du Sud, Nelson Mandela, s'est largement inspiré de l'oeuvre canadienne lorsqu'il a pris le pouvoir après des années derrière les barreaux afin d'accorder des droits à la minorité blanche.
Confidence
Au début de son discours, M. Chrétien s'est livré à une confidence. Pourquoi la reine Élisabeth II a-t-elle éclaté de rire lorsque M. Chrétien s'est assis à la table, le 17 avril 1982, sur la colline parlementaire, pour signer le document officiel après Pierre Trudeau ? «M. Trudeau était pas mal nerveux ce jour-là lorsqu'il a signé. Il avait brisé le bout de la plume tellement il était nerveux. Quand je me suis assis pour signer le document à mon tour, j'ai pris la plume et rien ne fonctionnait. Et je me suis exclamé devant la reine : Oh, merde !' La reine, vous savez, est parfaitement bilingue !» a-t-il raconté.
Devant les journalistes, après son discours, M. Chrétien s'est porté à la défense du chef libéral Stéphane Dion, qui n'arrive toujours pas à s'imposer comme une option de rechange crédible au premier ministre Stephen Harper. M. Chrétien a dit avoir confiance que M. Dion arrivera à se démarquer sous peu, affirmant qu'il est un « homme très compétent «.
«J'ai été chef de l'opposition. C'est très dur d'être chef de l'opposition. Parlez-en à M. André Boisclair. C'est très dur. Rappelez-vous aux dernières élections. On disait que le gros problème des conservateurs s'appelait Harper. M. (Paul) Martin a décidé d'avoir une campagne de 60 jours pour que vous puissiez voir plus M. Harper. On le voyait plus lui aussi. Mais c'est aux élections que cela se décide», a dit M. Chrétien.


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