Chez eux

La loi 101 et la pression sociale assurent la francisation d'une grande majorité des immigrants du Québec.

Citoyenneté québécoise - Conjoncture de crise en vue


L'avenir du Québec - politique, linguistique, économique et culturel - repose sur l'immigration. Il ne s'agit pas là d'une formule vide de politicien, mais d'un fait indéniable. D'ici quelques années, les nouveaux arrivants seront la seule source de croissance de la population du Québec. C'est d'eux que viendront en grande partie notre jeunesse, notre richesse, notre créativité.

Ceux qui prétendent protéger l'identité québécoise en limitant l'immigration se trompent donc lourdement. Au contraire, une telle approche condamnerait la société québécoise à l'asphyxie. D'où le risque que fait peser sur le Québec l'ampleur du débat sur les accommodements raisonnables, le ton adopté par plusieurs intervenants et la décision honteuse de certains politiciens d'enfourcher la bête populiste.
Les Québécois tiennent l'immigration pour acquise. Ils croient que, quoi qu'ils disent ou quoi qu'ils fassent, il se trouvera des milliers de gens qualifiés et parlant français pressés de venir s'établir dans notre société distincte. C'est une grave erreur.
Songeons aux efforts herculéens qu'a dû déployer le gouvernement du Québec pour augmenter le nombre d'immigrants qualifiés, pour dénicher davantage de francophones (qui s'adonnent à être musulmans) et pour garder ici une plus grande proportion des nouveaux venus.
Pour que des étrangers choisissent le Québec, nous devons les séduire. C'est pourquoi on lit, dans les documents destinés à ceux qui envisagent de venir chez nous, des phrases comme: «Les Québécois attachent beaucoup d'importance au maintien d'un climat favorisant la liberté d'expression, l'égalité des droits et le respect des différences.» Malheureusement, ce n'est pas cette ouverture qui se manifeste depuis quelques mois.
Au contraire, le message qu'entendent les nouveaux arrivants, c'est qu'ils sont considérés comme une menace à la survie du Québec français, à moins de se conformer en tous points au mode de vie de la majorité. De se fondre dans l'ensemble. D'être invisibles. Et même là, ils resteront «eux». Tolérés, mais jamais admis dans le «nous» (lire à ce sujet le texte percutant de [M. Amar Baouche->10078], publié ci-contre).
Ce climat malsain, dont plusieurs membres des minorités ont témoigné au cours des dernières semaines, s'ajoute à d'importantes difficultés sur le marché du travail.



Selon une récente étude de Statistique Canada, c'est de loin au Québec que les nouveaux venus, même les plus qualifiés, ont le plus de mal à trouver un emploi. Plusieurs années après leur arrivée, le taux de chômage des immigrants reste deux fois plus élevé que celui des Québécois de souche. Dans un tel contexte, la tentation est grande de partir vers une destination plus accueillante .
À cet égard, les Québécois ne réalisent pas à quel point leur situation démographique est fragile. Non seulement la population vieillit, non seulement faisons-nous trop peu d'enfants, mais la menace d'un exode, pour des raisons économiques, politiques ou autres, est toujours présente.
Des données récentes indiquent que de plus en plus de gens quittent le Québec pour les autres régions du pays. L'an dernier, 39 000 personnes sont parties s'établir ailleurs au Canada, un sommet depuis plus de 20 ans. Les statistiques des deux premiers trimestres de 2007 laissent penser que les départs seront encore plus nombreux cette année, au point d'annuler les gains réalisés grâce à l'immigration internationale.
[Certains observateurs ont vu dans cette situation un effet du débat sur les accommodements raisonnables. Cette thèse est peu convaincante->10001]; si effet il devait y avoir, il ne se serait pas manifesté aussi rapidement. L'augmentation du nombre de départs résulte plutôt de l'attrait exercé par le boom pétrolier en Alberta.
Néanmoins, ces données nous rappellent que le Québec est à tout moment susceptible de voir sa faible croissance démographique minée par la fuite de milliers de personnes vers des cieux plus cléments. D'où la nécessité de tout faire pour attirer des gens de l'étranger et pour garder parmi nous ceux qui ont déjà choisi le Québec.
Bien sûr, les Québécois doivent préserver leur langue et leurs valeurs. Seulement, prenons garde à la manière. À moins qu'il y ait péril en la demeure, ce qui n'est certainement pas le cas aujourd'hui, il faut éviter les mesures coercitives ou punitives, celles-ci étant inévitablement perçues comme des manifestations de fermeture et d'intolérance.
La loi 101 et la pression sociale assurent la francisation d'une grande majorité des immigrants du Québec. Cependant, comme l'écrivait dans nos pages [la sociologue Anne Laperrière->9995], la loi «n'assurera jamais aux Québécois français le coeur des immigrés; celui-ci sera gagné par l'échange, la compréhension, la solidarité. Et bien sûr le respect mutuel.»
En somme, les nouveaux arrivants doivent sentir que chez nous, c'est aussi chez eux.
- source

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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