Chef libéral cherche un milliard de compressions

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{{La quadrature du cercle}}

Mine de rien, le Parti libéral (PLQ) propose de réduire les dépenses du gouvernement de près de 1 milliard de dollars dès cette année. Or, trouver 1 milliard en quelques mois est une commande plus difficile qu'il n'y paraît à première vue.
Cet objectif est inscrit dans le cadre financier présenté par le PLQ durant la campagne. Plus précisément, le parti de Philippe Couillard croit pouvoir trouver 922,5 millions en réduisant la bureaucratie dans l'éducation, la santé et les sociétés d'État et en imposant d'autres mesures mystères à l'appareil gouvernemental. Qu'en est-il?
Santé: 100 millions
Dans le secteur de la santé, la mesure est clairement ciblée. Le Dr Gaétan Barrette a indiqué que le parti avait l'intention de réduire de 10% la bureaucratie sur 3 ans, notamment en ne comblant pas les départs à la retraite. Le cadre financier fait état d'une économie de 100 millions cette année.
Par bureaucratie, on comprend qu'il s'agit du personnel d'encadrement, et non des employés qui servent la population. Selon le rapport annuel du ministère de la Santé, le réseau compte 78 000 cadres et personnes affectées au soutien (secrétaires, etc.). Ce personnel représente 26% de la main-d'oeuvre totale du réseau (297 000 employés).
En abolissant 10% des 78 000 postes sur 3 ans, on obtient environ 2600 départs par année, ce qui permettrait d'atteindre plus que l'économie annuelle de 100 millions annoncée. Abolir 2000 postes ou plus par année exige toutefois une imposante réorganisation du travail, qu'il apparaît difficile de réaliser en quelques semaines.
Éducation: 22,5 millions
Dans le secteur de l'éducation, le PLQ a promis l'abolition de 620 postes sur 5 ans au Ministère et dans le réseau, probablement par attrition, notamment. Le cadre financier laisse entendre qu'environ 40% des coupes seraient imposées dès cette année.
En prenant une rémunération annuelle de 60 000$ par emploi, on obtient 14,9 millions. La cible d'économie du cadre financier (22,5 millions) apparaît donc ambitieuse, d'autant plus qu'il restera environ 10 mois à l'année au moment du dépôt du budget.
Sociétés d'État: 200 millions
L'équipe Couillard a également promis de siphonner 200 millions de plus aux sociétés d'État grâce à «des gains d'efficience». En présumant que seulement la moitié de cette efficience viendra de la réduction d'effectifs, on obtient des coupes d'environ 1700 postes.
Cet objectif pour l'année en cours est ambitieux. D'autant plus qu'Hydro-Québec vient de terminer une ronde de coupes et qu'en plus, les économies d'Hydro doivent être refilées entièrement aux consommateurs, selon les règles de la Régie de l'énergie, pas au gouvernement. Il faudra miser sur Loto-Québec, la SAQ et les autres.
Coupes mystères: 600 millions
L'objectif le plus étonnant du cadre financier est inscrit sous le titre «mesures de réduction du déficit», qui s'ajoute aux autres compressions.
Pour l'année en cours, l'équipe libérale veut récupérer 600 millions, mais ne précise pas comment. Difficile de croire que le gouvernement supprimera encore 10 000 postes de plus (à 60 000$ de rémunération globale par année, par exemple).
D'où l'argent proviendra-t-il? Une des avenues pourrait être de réduire les transferts fiscaux, mais l'essentiel des 6,5 milliards qui s'y trouvent est politiquement délicat. En effet, comment réduire le soutien aux enfants (2,2 milliards), la prime au travail (354 millions) ou le régime d'épargne-études (55 millions) sans soulever un tollé?
Il y a bien sûr les frais de garde d'enfants (528 millions) ou le crédit d'impôt pour maintien à domicile des personnes âgées (326 millions). Le hic, c'est que les libéraux ont plutôt promis d'épargner les familles en ne haussant pas les tarifs de garderie (promesse de 29 millions cette année) et en investissant dans les soins à domicile (50 millions).
Cinéma, multimédia, R-D?
Dans les transferts fiscaux, il reste ceux qui profitent aux entreprises (1,7 milliard). En principe, plusieurs économistes et partis politiques (la Coalition avenir Québec autant que Québec solidaire) souhaitent réduire ces avantages aux entreprises. En pratique, de telles coupes exigent du doigté.
En effet, qui voudra retrancher une partie des crédits pour la production cinématographique (154 millions), dont l'impact est tangible sur l'emploi? Le gouvernement libéral osera-t-il se mettre à dos les Ubisoft et CGI de ce monde en dégonflant leurs crédits (478 millions)? Et que dire de réduire les crédits pour la recherche (596 millions), à une période où le Québec a besoin d'innovation?
En somme, trouver 1 milliard de dollars en si peu de temps n'est pas si simple. Sur trois à cinq ans, il est possible d'économiser plus, mais il faudrait changer nos façons de faire et prendre des décisions courageuses, qui déplairont nécessairement à certains groupes. Prêt pour des manifs?


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