Charest veut éviter une polémique

"Jean Charest prévient que ce n'est ni le moment ni dans l'intérêt du Québec d'alimenter la controverse." - Ben voyons!...

Jean Charest et François Fillon ont discuté du libre-échange Canada-Europe mais surtout des suites de l'entente cadre sur la mobilité de la main-d'oeuvre signée en octobre à Québec avec le président Nicolas Sarkozy. AFP

Tommy Chouinard - (Paris) Nicolas Sarkozy «est parfaitement libre de s'exprimer sur des sujets» comme le débat sur l'avenir du Québec, estime le premier ministre Jean Charest. Selon lui, ce n'est pas le moment d'entretenir une polémique avec le président de la République alors que le Québec tente de concrétiser deux projets avec la France.
Pour la deuxième journée consécutive, Jean Charest a été mitraillé de questions sur les déclarations de Nicolas Sarkozy qui, lundi, a associé le mouvement souverainiste, sans le nommer, au «sectarisme», à «l'enfermement sur soi» et à la «détestation» de l'autre.
Le président français a-t-il fait preuve d'ingérence dans le débat sur l'avenir du Québec? «Je vois là un homme qui s'exprime sur un sujet sur lequel il est questionné», a répondu M. Charest. «Le président de la République française est parfaitement libre de s'exprimer sur des sujets» comme celui-là.
«Ce que je sais, c'est que les Québécois, peu importe les circonstances, décideront eux-mêmes de leur avenir. Ce sera toujours comme ça. On a bien passé l'étape où quelqu'un de l'extérieur allait venir infléchir le débat dans un sens ou dans l'autre», a-t-il ajouté.
Comme il l'a fait lundi après avoir reçu la Légion d'honneur à l'Élysée, Jean Charest n'a pas voulu «interpréter» les propos de M. Sarkozy. Il a toutefois souligné qu'«il n'y a pas d'ambiguïté» dans la position du chef d'État français.
«M. Sarkozy, quand il s'exprime, il le fait assez clairement. Cela étant dit, on est au Québec une société mature. Ces questions-là sont décidées au Québec, entre nous. Alors ceux qui nous observent ont bien le droit de s'exprimer, de donner une opinion», a-t-il expliqué.
Jean Charest s'est bien gardé de porter le même jugement que M. Sarkozy sur le mouvement indépendantiste. Il dit avoir «un très grand respect» pour les souverainistes. «Et à l'inverse, on s'attend à ce que tous ceux qui défendent l'idée de la souveraineté expriment le même respect pour ceux qui ne sont pas du même avis», a-t-il affirmé.
Des «projets très importants»
Jean Charest prévient que ce n'est ni le moment ni dans l'intérêt du Québec d'alimenter la controverse. «Entretenir une polémique avec le président de la République française, à mes yeux à moi, ce n'est pas utile, d'autant plus qu'on a des projets très importants avec la France.»
Ces projets, chers à M. Charest, sont la mise en application de l'entente sur la mobilité de la main-d'oeuvre - signée par Nicolas Sarkozy l'automne dernier - et la conclusion d'un partenariat économique entre l'Union européenne et le Canada.
Mobilité de la main-d'oeuvre
En matinée, Jean Charest a rencontré le premier ministre français François Fillon. Les deux hommes se sont donné comme objectif que les négociations entre les ordres professionnels pour concrétiser l'entente sur la mobilité de la main-d'oeuvre soient complétées «d'ici 2010 au plus tard».
Selon Jean Charest, neuf ou dix ordres professionnels devraient annoncer en mars que leurs négociations sont terminées et qu'un nouveau régime de reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles sera alors en vigueur.
Au total, une centaine de métiers et de professions sont visés par l'entente-cadre sur la mobilité de la main-d'oeuvre signée en grande pompe le 17 octobre dernier, à Québec.
Jean Charest a fait pression sur le gouvernement français pour qu'il adopte une loi sur la reconnaissance des qualifications professionnelles, une condition essentielle à la mise en application de l'entente.
Le gouvernement français n'a toujours pas déposé cette loi. Cette législation doit être adoptée «le plus vite possible», a souligné Jean Charest. Il a répété le même message en après-midi devant quelques dizaines de parlementaires français.
Québec a déposé une loi modifiant le Code des professions l'automne dernier. Elle est toutefois tombée au feuilleton en raison du déclenchement des élections. Le gouvernement Charest en déposera une autre à l'ouverture de la session parlementaire en mars.
Le Conseil interprofessionnel du Québec, qui regroupe les ordres et appuie l'entente sur la mobilité de la main-d'oeuvre, avait toutefois exprimé de sérieuses réserves au sujet de la loi 105 l'automne dernier. «Il n'y a pas de problème chez nous. Je ne prévois pas de difficultés. S'ils ont des suggestions à nous faire pour améliorer la législation, on va les écouter», a affirmé Jean Charest.
En soirée, le premier ministre a prononcé un discours devant environ 200 gens d'affaires de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris afin de faire la promotion du projet de partenariat économique entre le Canada et l'Union européenne.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé