Charest n'a pas le coeur à célébrer la défaite des plaines d'Abraham

Le premier ministre évitera de s'associer aux fêtes entourant le 250e anniversaire de la célèbre bataille

1759-2009: 250e de la bataille des Plaines d'Abraham

Ottawa -- Le premier ministre Jean Charest n'est pas du tout chaud à l'idée de célébrer, cet été, le 250e anniversaire de la défaite des Français sur les plaines d'Abraham, à Québec. Il a choisi de garder le plus possible ses distances.
«Je n'ai pas l'intention de participer à cet événement», a déclaré M. Charest en marge de la rencontre des premiers ministres provinciaux avec leur homologue fédéral, hier à Ottawa.
M. Charest a insisté à plusieurs reprises pour dire qu'il s'agissait d'une initiative «fédérale» à laquelle ne prenait pas part son gouvernement. Mais trouve-t-il que c'est une bonne idée? «Il est difficile exactement de savoir ce qu'ils veulent faire. Ils veulent commémorer un événement important de l'histoire, mais de là à faire une simulation, j'ai de la difficulté à voir où on s'en va avec ça.»
La Commission des champs de bataille nationaux, un organe du gouvernement fédéral qui gère les plaines d'Abraham, organise cet été à Québec de nombreuses festivités pour commémorer la fameuse bataille de 1759 entre les généraux Louis-Joseph de Montcalm et James Wolfe. C'est au cours de cette historique bataille, qui ne dura qu'une vingtaine de minutes, que la France perdit le Nouveau Monde au profit de l'Angleterre.
Pour ce 250e anniversaire, la Commission planifie ainsi un colloque, des expositions et d'autres activités à connotation historique, mais elle tiendra aussi un bal masqué d'époque, imagine un face à face entre les deux généraux et organisera même une reconstitution de quatre jours du siège de Québec. L'ascension fatidique de la falaise par l'ennemi et la bataille seront du lot. Quelque 3000 figurants seront de la partie. L'American Bus Association estime déjà que l'événement figure à son palmarès des 100 activités estivales les plus courues sur notre coin du continent, ce qui permettra à la ville de Québec de vivre sur son erre d'aller touristique, elle qui a été dopée par les célébrations du 400e en 2008.
Dans les livres d'histoire francophones du Québec, on parle généralement de la bataille des plaines d'Abraham comme de la «conquête» ou encore de la «défaite». Dans le reste du pays, on parle plutôt de la victoire. La députée péquiste de Québec, Agnès Maltais, a critiqué cette fête. «On ne commémore pas la défaite d'un peuple et on ne célèbre pas la défaite d'un peuple.»
Le président de la Commission des champs de bataille nationaux, André Juneau, a indiqué cette semaine au Globe and Mail qu'il était conscient du caractère délicat de cette initiative. «Ottawa nous dit de faire très attention, ils ne veulent pas offenser les gens. On ne veut pas d'affrontement politique, a-t-il dit. Tout le monde, y compris la Commission des champs de bataille nationaux, est conscient de la nature émotive de cet événement.»


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