Charest compte sur la reprise pour regagner la confiance des Québécois

Signe d'un malaise évident au sein gouvernement, la ministre de la Justice, Kathleen Weil, ne s'est pas présentée de tout le week-end au conseil général

Il est con ou quoi?

Jocelyne Richer - Jean Charest compte sur la reprise économique, pour faire oublier les crises qui secouent son gouvernement et minent sa popularité.
Dans un discours-fleuve livré sur un ton très solennel, dimanche, en clôture des travaux du conseil général du Parti libéral du Québec (PLQ), le premier ministre Charest a donné l'image de celui qui ne se laissera pas distraire par la controverse.
Dans les prochains mois, sa priorité consistera à faire en sorte que le Québec soit dans la meilleure position possible pour profiter de la reprise économique, a-t-il dit.
A son avis, le budget présenté par son gouvernement le 30 mars dernier va en ce sens et contribuera surtout à assurer l'avenir du Québec pour les prochaines générations.
Plus tard, en point de presse, M. Charest a jugé qu'il avait été traité injustement cette semaine, avec toutes les allégations entendues, portant sur un trafic d'influence dans le processus de nomination des juges, au profit de collecteurs de fonds du PLQ.
«Des fois la politique, c'est dur. Et des fois, la politique, c'est injuste», a-t-il commenté.
Contesté de toutes parts et au plus bas dans les sondages, M. Charest a admis avoir trouvé la semaine éprouvante.
Le blâme rejeté sur Pauline Marois
Il a rejeté le blâme sur la chef de l'opposition officielle, Pauline Marois, en estimant qu'elle avait abusé de son immunité parlementaire, en multipliant les allégations de trafic d'influence entre le PLQ et le gouvernement.
Signe d'un malaise évident au sein gouvernement, la ministre de la Justice, Kathleen Weil, ne s'est pas présentée de tout le week-end au conseil général, normalement un passage obligé pour tous les députés et ministres.
Vendredi, la ministre avait mis le premier ministre dans l'embarras, en révélant qu'elle discutait avec lui des candidatures à la magistrature.
Celui qui, malgré tout, estime occuper «la meilleure job au monde» a promis de continuer à se battre pour le Québec, «contre vents et marées».
Pour faire oublier ses derniers déboires, M. Charest fait le pari de miser sur le long terme.
Ainsi, pour les élus, le vrai test, «celui que l'histoire jugera, celui que les Québécois jugeront lors de la prochaine campagne électorale, c'est de savoir si les élus ont été à la hauteur de ce qui est attendu de nous pour les prochaines générations de Québécois», a-t-il lancé à quelque 500 militants survoltés, qui l'ont acclamé à plusieurs reprises.
C'est ce qu'il estime avoir fait avec le dernier budget de son gouvernement, qui marque un tournant avec des hausses successives de la TVQ, l'augmentation des tarifs d'électricité et des droits de scolarité, de même que l'imposition d'une contribution-santé et d'une franchise-santé.
Le prix à payer
Ce sera là le prix à payer pour rétablir l'équilibre budgétaire, selon lui.
A ce propos, et une fois de plus en vue de regagner la confiance d'une population sceptique, il s'est engagé à respecter sa «part du contrat», donc à exercer un contrôle serré des dépenses du gouvernement.
«Dans les prochaines semaines, on va prendre des moyens importants pour s'assurer» de respecter cet objectif, a-t-il précisé en point de presse.
Le gouvernement devra donc assumer au moins 60 pour cent de l'effort requis pour éliminer le déficit.
«On a livré la marchandise pour la crise, on va livrer la marchandise pour la reprise», a-t-il assuré.
En matière d'éducation, qui était le thème central du conseil général, le premier ministre s'est engagé une fois de plus à intensifier la lutte au décrochage scolaire et à mieux intégrer les élèves en difficulté d'apprentissage.
En ateliers, les militants libéraux ont adopté une résolution-cadre ambitieuse comportant 85 engagements et visant à «faire du Québec la nation la mieux instruite».
Pour y arriver, ils proposent notamment d'ajouter deux heures d'enseignement du français par semaine, au deuxième et troisième cycle du primaire.
On plaide aussi pour que le ministère de l' DEducation fasse primer l'apprentissage des connaissances à celui des compétences, et prône une diminution du ratio maître-élèves.
Le plaidoyer du parti et du premier ministre en faveur de l'éducation survient au moment où les négociations entre Québec et le secteur public pour le renouvellement des conventions collectives en sont rendues à un point crucial. Ce discours pourrait être interprété comme un signe d'ouverture de la part du gouvernement.


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