Spontanément, les Québécois s’identifient aux Catalans. Chez les souverainistes, c’est encore plus fort. À défaut de réussir l’indépendance ici, ils vivent le combat pour l’indépendance par procuration là-bas.
Cela ne devrait pas les empêcher de faire preuve de lucidité en se rappelant par ailleurs que nos deux situations sont très différentes.
Lucidité
Certes, la mobilisation catalane des dernières années était inspirante. De même, la répression de Madrid était révoltante. Le matraquage d’un peuple qui demande seulement à aller voter devrait heurter la conscience de n’importe quel démocrate.
Et le silence de notre donneur de leçon en chef, Justin Trudeau, a quelque chose de gênant.
Il n’en demeure pas moins que les Catalans semblent lancés dans une fuite en avant. On peut croire qu’ils ont raison dans leur quête. Il n’en demeure pas moins qu’en politique, il ne suffit pas d’avoir raison, il faut développer un rapport de force avantageux et gagner.
Et les Catalans ne semblent pas sur le chemin de la victoire. Au contraire. Ils n’ont pas d’alliés et ne sont pas à la veille de voir une puissance occidentale endosser leur cause.
S’ils proclament de manière unilatérale leur indépendance dans les prochains jours, personne ne les reconnaîtra. Ils seront condamnés à un terrible isolement. Au terme de cette aventure, ils risquent de connaître une régression politique.
Leçons
Tirons-en deux leçons.
La première : lorsqu’un peuple échoue son indépendance, il en paie le prix. Son identité en sort fragilisée. Les Québécois en savent quelque chose. Ils sont en train de se faire digérer par le Canada.
La deuxième : lorsqu’on veut faire son indépendance, on a généralement besoin de l’appui d’une grande puissance. Nous avons eu la chance, historiquement, d’avoir la France avec nous. Il faudrait revitaliser cette alliance.
Si un jour, le désir d’indépendance nous reprenait, nous ne pourrons nous passer de l’appui français.