Le 18 mai 2010, La Presse affectait le journaliste Stéphane Paquet et le photographe Martin Tremblay a une «importante» conférence de presse de la papetière Cascades (qui est aussi propriétaire de Boralex, un exploiteur de petites centrales d’hydro-électricité au Québec), tenue afin de faire l’annonce du lancement d’un nouveau produit. Nouveau peut-être, mais pas novateur…
Le lendemain, Cascades a eu droit à un article faisant au moins un tiers de page dans La Presse, accompagné d’une belle grosse photo couleur s’il vous plaît, des trois frères Lemaire, intitulé : «Cascades lance un essuie-mains ‘‘intelligent’’». Carrément et intégralement de l’infopub au profit de Cascades qui a mis sur le marché un produit qui existe déjà, mais qu’ils qualifient d’«intelligent». Voyons donc, lucidité rime inexorablement avec propos, produits et services «intelligents». Il ne peut en être autrement. C’est scientifique!
Où est le sens critique et le professionnalisme du journal de La Presse dans cette merde médiatique? Je suppose que ça relève de leur devoir de conscientisation. C’est avec ce torchon qu’ils prétendent développer le sens critique de leurs lecteurs. Probablement que le journaliste Stéphane Paquet considère son «œuvre» comme du journalisme d’enquête lui qui n’a fait que retouché sommairement le communiqué de presse de Cascades?
C’est probablement avec le lancement de tels gadgets que l’on va contrer l’immobilisme au Québec. Une chance que Cascades n’a pas inventé une poutine organique et biologique ou du poil de chameau synthétique sinon ils auraient eu droit à un cahier spécial de La Presse, si ce n’est pas l’édition du samedi au complet!
Dans l’article, les trois frères Lemaire disent que la compagnie a investi 1 million$ pour développer ce produit «révolutionnaire». Ils ne font pas du tout mention des quelques centaines de milliers de dollars reçus en subventions publiques au titre de la recherche et développement.
Imaginez, les politiciens versent de notre argent pour la conception de produits aussi farfelus et superficiels alors qu’ils coupent joyeusement dans nos services publics déjà grossièrement sous-financés. Une vraie honte. Comme si ce n’était pas assez, le comble du ridicule vient de leur remarque totalement inappropriée sur les Chinois, qui met en valeur leur grande ignorance : «Pour concurrencer les Chinois, qui sont de bons ‘‘copieurs’’ mais pas toujours de bons ‘‘innovateurs’’, nous pensons (les frères Lemaire) que c’est comme ça qu’on peut se ‘‘démarquer’’».
Messieurs Lemaire, les Chinois n’ont pas de temps à perdre avec de telles brindilles. Ils ont dit également : «ce produit «intelligent» a nécessité cinq ans de recherche et développement». Prendre cinq ans pour accoucher d’une telle gugusse pose vraiment problème. On n’a pas les lucides que l’on avait! Le pays peut bien être à la queue du peloton des pays industrialisés en termes d’innovation.
C’est le même Bernard Lemaire de Cascades que le gouvernement du Québec avait nommé président d’un comité sur la déréglementation (Les Affaires, 4 octobre 1997). La première cible de Bernard fut, oh surprise, le ministère de l’Environnement, cet empêcheur de tourner en rond qui brime nos «entrepreneurs» dans leur liberté de faire n’importe quoi, n’importe quand, sans avoir de comptes à rendre à quiconque.
Nommer Bernard Lemaire à la tête d’un comité sur la déréglementation relève du mépris envers la population. C’est la horde de loups dans la bergerie. Comme si ce n’était pas assez, dans le Journal de Montréal du 26 février 2003, le sieur Bernard Lemaire s’est plaint, que voulez-vous, c’est son sport préféré, en jouant de nouveau la carte de l’opprimé : «On a un gouvernement qui écoute beaucoup les écolos…» Mieux vaut en rire, sinon je vais recommencer à sacrer.
Mes amis, rien et absolument rien n’arrête La Presse dans son œuvre magistrale d’aliénation. Imaginez, le 8 mai 2010, elle a consacré les quatre premières pages de son numéro de fin de semaine à rien de moins que Mario Dumont et Lucien Bouchard (qui conseillait le petit Dumont) afin que ces «sages» éclairent nos lanternes et débattent sur le sarcasme grandissant des électeurs envers les politiciens.
Pour rire du monde, y’a pas mieux que La Presse. Bout de réglisse noire, si la population ne fait plus confiance aux politiciens depuis belle lurette, c’est justement de la faute de politicailleux asservis aux puissants exploiteurs de ce monde et aux petits opportunistes d’ici, comme l’étaient justement Lulu le lucide et le petit Mario de plâtre.
Enfin, parlant d’infopublicité, mentionnons l’article «hebdomadaire», pardon quotidien, consacré au matamore Gilbert Rozon, de Juste pour rire dans La Presse du 31 mai 2010, signé par le publiciste, pardon, le journaliste Éric Clément.
Gilbert Rozon, le siphonneux de fonds publics par excellence avec une grande gueule et de très bonnes connections politiques tant au niveau fédéral que provincial et dans tous les partis politiques sauf à Québec Solidaire et au Nouveau Parti Démocratique. Bravo et merci à La Presse.
Imaginez, un article d’une demi-page dans La Presse pour nous annoncer l’immense nouvelle que Rozon veut faire de Montréal la capitale mondiale des festivals. Merveilleux projet de société qui, pour cet arriviste, apporte énormément au bien commun.
Évidemment, l’article est accompagné d’une superbe photo de Gilbert à Pointe-Calumet, pardon à Édimbourg en Écosse. C’est pas fini les amis, le lendemain 1er juin 2010, Éric Clément, à la fois journaliste et relationniste et La Presse récidive et consacre cette fois un article d’un tiers de page pour nous annoncer que : «Zoofest : Le bébé de Juste pour rire a 2 ans». Une chance que le ridicule ne tue pas! Bonne fête quand même à bébé Zoofest!
En passant, trois semaines avant le lancement du produit «révolutionnaire» de Cascades auquel La Presse a mandaté un journaliste et un photographe pour couvrir ce fait «historique» au Québec, j’ai tenu une conférence de presse à l’UQAM pour rendre publique une étude de la Chaire d’études socio-économiques portant sur le comportement économique et social de nos banques canadiennes en période de crise qui a nécessité environ six mois de travail.
Bien évidemment, aucun journaliste de La Presse n’y a assisté. Malheureusement pour nous, leurs journalistes étaient occupés à retoucher un énième important communiqué de presse de Jacques Ménard de la Banque de Montréal, un autre lucide, nous disant si oui ou non il va se lancer en politique active.
D’ailleurs, ça fait plus de dix ans que les journalistes de La Presse ne se sont pas pointés le nez et les oreilles à une de nos conférences de presse. Nous sommes trop gauchissants et trop socialistes à leur goût.
Ils préfèrent couvrir de long en large les «œuvres» économiques d’envergure de l’Institut économique de Montréal, dont Hélène Desmarais de Power Corp., propriétaire de La Presse, est la grande patronne. L’Institut économique de Montréal, des bouffons de service du patronat qui sont d’extrême-droite, ont toujours droit à une grande couverture dans La Presse.
Si c’est à droite, ça relève donc du gros bon sens et ça favorise le bien commun et vise le bien-être des générations futures! Voyons donc, selon les gros légumes de ce quotidien et de la transnationale Power Corp. La Presse, c’est nettement plus sérieux que l’aut’journal.
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