CAQ: diversité et instabilité?

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De quoi la CAQ est-elle le nom ?

L’année 2018 de la Coalition avenir Québec commence bien.


L’annonce, en début de caucus à Sainte-Adèle, que Lionel Carmant se portera très probablement candidat tombait à point nommé.


L’homme est posé. Vous ajoutez un « h » après le C de son patronyme et vous obtenez l’impression qu’il dégage.


En plus, son parcours est impressionnant. Voilà des critères pour obtenir illico l’épithète de « ministrable ». Cette « addition » donne à cette formation politique un air de gouvernement en attente.


Médicalocratie et diversité


En cette époque de médicalocratie, la CAQ pourra dire : « Moi aussi, j’ai mon médecin ! » En point de presse, François Legault a patiné lorsqu’on lui a demandé si le ministère de la Santé devait absolument avoir à sa tête un « docteur ». Après tout, il est le dernier à avoir détenu ce maroquin, sous Landry, tout en étant un « non-docteur ».


Au reste, Carmant, d’origine haïtienne, permet à la CAQ de se montrer ouverte à la diversité. Le futur candidat a même promis de recruter dans les communautés culturelles, bassin peu naturel pour la formation de François Legault.


On verra s’il remportera ce pari, qui semble à première vue des plus ardus.


Diversité idéologique


Quant à l’autre diversité, celle des idées politiques, on peut dire que la CAQ a passablement rempli la promesse multicolore qu’illustrait son ancien logo.


Le gros de la députation provient de l’ancienne Action démocratique du Québec, mais le chef et le député Benoît Charette sont originaires du PQ. D’importants conseillers – Martin Koskinen et Stéphane Gobeil – viennent aussi des officines péquistes. L’ancien ministre péquiste Jean-François Simard (aussi ancien militant du PLC... une coalition à lui seul !) sera candidat en 2018.


Pour ce qui est des exilés du PLQ, la CAQ n’en a certes que très peu. En ravissant Louis-Hébert aux libéraux cet automne avec Geneviève Guilbeault, elle a tout de même fait entrer dans son équipe une ancienne attachée de cabinets gouvernementaux libéraux.


Les exilés fédéraux de la CAQ sont aussi de provenances diverses. La directrice générale de la CAQ, Brigitte Legault, a fait ses classes au Parti libéral du Canada.


Candidat défait pour le Parti conservateur fédéral en 2015, Éric Girard, actuellement trésorier de la Banque Nationale, pourrait aussi se présenter pour la CAQ, rapportait La Presse hier.


Défi de cohésion


Cette diversité a souvent été raillée par les adversaires de la CAQ. Pauline Marois dénonçait le « ramassis de vire-capot ». Au PLQ, on fustige le regroupement d’« opportunistes » (même si on y a pigé allègrement !).


François Legault a toujours rétorqué à ces attaques en disant que de regrouper les principaux courants présents dans la société québécoise était sa force. En cette ère où la partisanerie est honnie, l’argument peut faire mouche.


L’énorme défi pour M. Legault sera de maintenir la cohésion de ce groupe très hétéroclite en campagne électorale, où les autres partis insisteront sur des thèmes « clivants ».


Si jamais la CAQ accédait au gouvernement, le défi de la cohésion, face aux vicissitudes du pouvoir, serait encore plus grand. La CAQ pourrait-elle former un gouvernement stable ?