Je me promettais d’écrire un autre texte sur le thème de la crise économique et financière lorsque je suis tombé au cours des derniers jours sur celui de Martine Orange publié sur le site Médiapart.
Médiapart, c’est ce site français d’information en ligne mis sur pied par d’anciens journalistes du Monde, ce qui constitue le gage d’un niveau élevé de qualité et de crédibilité. Quant à Martine Orange, c’est une journaliste économique chevronnée, comme vous le verrez en consultant ses brèves notes biographiques sur Vigile.
Son article constitue l’un des meilleurs résumés de la situation que j’aie lus au cours des dernières semaines. Sur tel ou tel aspect, vous pouvez trouver des textes plus complets dans la presse spécialisée américaine ou britannique, mais outre qu’il soit en français, il n’est pas encombré de jargon technique comme c’est souvent le cas. Je vous en conseille fortement la lecture pour vous faire une idée d’où nous en sommes et de ce qui nous attend.
De strictement financière qu’elle était en 2008 et due essentiellement à un problème de liquidités bancaires, nous disait-on alors pour nous rassurer, la crise est devenue économique alors que les interventions des banques centrales pour secourir les banques ont contribué à une forte hausse de l’endettement des États-Unis et des pays européens, au moment même où la plupart d’entre eux ne disposaient plus que d’une très faible marge de manoeuvre à ce chapitre.
Du coup, les agences de notation de crédit ont signifié la fin de la récréation et plusieurs pays ont dû se soumettre à de sérieuses cures d’austérité, pensant ainsi retrouver rapidement le chemin de la croissance. Or non seulement n’est-ce pas le cas, mais ce qui n’était au début qu’un ralentissement du rythme de la croissance est-il en train de se métamorphoser en récession à un rythme alarmant.
Du coup, certains craignent que nous pourrions rapidement passer d’une crise économique à une crise de système, beaucoup plus grave, qui serait d’abord déclenchée par l’effondrement de l’euro puis du dollar, ou l’inverse, entraînant de graves répercussions politiques et sociales à travers le monde.
En faisant ma recherche pour cet article, j’ai eu la surprise de découvrir une multitude de sites qui se « spécialisent » dans la recherche et l’analyse d’informations sur la catastrophe économique qui nous guette. Un des moins hystériques et des plus sérieux est certainement www.dollarcollapse.com qui présente le portrait le plus complet de la situation avec des liens vers les sources les plus crédibles.
Dans un article bien documenté et bien argumenté, une de ces sources pose la question de savoir si l’hégémonie du dollar ne tire pas à sa fin, et suggère que celle-ci pourrait survenir dès cet automne.
Sont considérés comme facteurs pouvant y contribuer 1. la corruption avérée du système bancaire avec le scandale du LIBOR
2. la possibilité de blâmer la relance de l’inflation (par la hausse du prix des aliments) sur la sècheresse extrême qu’ont connue les États-Unis cet été
3. la détérioration rapide de la conjoncture internationale sur fond de crise en Syrie
4. la crise de la zone Euro
5. l’effondrement imminent des marchés boursiers
La seule expérience de crise de système que nous ayons connue au cours des cinquante dernières années, c’est la chute du communisme. Si le fait qu’elle se soit produite a pu nous éveiller à la réalité que les systèmes ne sont pas éternels, la chute du capitalisme nous paraît d’autant plus difficile à envisager que nous ne savons pas trop par quoi il pourrait être remplacé.
***
Les choix qui nous attendent ne sont pas d’ordre idéologique, même si certains chercheront à nous les présenter sous ce jour. En effet, on voit mal comment plus de capitalisme pourrait constituer un remède à l’effondrement du capitalisme. Et on voit tout aussi mal comment le communisme pourrait tout à coup s’avérer la solution qu’il n’a jamais été.
Nous ne sommes donc pas placés devant un choix entre « la droite » et « la gauche ». En fait, nous sommes placés devant une question de survie.
Dans une situation comme celle-là, on comprend bien que le chacun pour soi et l’individualisme ne sont pas un choix, à moins de s’imaginer être en mesure de tirer son épingle du jeu par ses propres moyens. Or seuls les gens très fortunés peuvent penser que leur argent pourra les tirer d’affaire, et encore.
Dans une conjoncture où l’argent peut se dévaluer rapidement, où l’accès à cet argent peut être restreint, et où même son usage peut être contrôlé, la marge de manoeuvre qu’on s’imagine avoir peut vite se révéler très ténue.
Que cela nous plaise ou pas, nous sommes donc condamnés à affronter cette crise collectivement, et la question de savoir quelle sera notre collectivité de référence va se poser très rapidement.
Regardez simplement le Canada aller aujourd’hui, et demandez-vous si vous êtes prêt à le laisser décider pour vous de votre avenir et de celui de vos enfants. Tout le reste n’est que le bruit avec lequel on va chercher à vous étourdir pour vous inciter à faire un choix qui ne correspond ni à ce que vous êtes, ni à vos intérêts.
Le premier choix que nous aurons à faire sera celui de l’affranchissement ou de l’asservissement, la prise en mains de notre destin pour servir nos intérêts, ou l’imposition d’un destin décidé par d’autres, en fonction d’intérêts qui ne sont pas les nôtres. Eh oui, la question de l’indépendance politique du Québec va se poser très rapidement, PEU IMPORTE QUI SERA ÉLU LE 4 SEPTEMBRE PROCHAIN.
***
Dans un contexte comme celui-ci, les Québécois ont la chance de pouvoir compter sur des institutions encore solides, même si certains ont tout fait pour tenter de les affaiblir et de les spolier au cours des dix dernières années. Je pense à Hydro-Québec, à la Caisse de dépôt, au Mouvement Desjardins, et à tout le réseau d’institutions publiques à vocation économique qui constitue un rempart extraordinaire contre la précarité qui nous menace.
Et non seulement ces institutions font-elles rempart, mais elles ont également démontré leur capacité à être le tremplin de nos plus grandes ambitions. S’imagine-t-on un seul instant que des entreprises comme SNC-Lavalin ou Québecor (pour ne prendre que celles-là) auraient pu se déployer comme elles l’ont fait si elles n’avaient pas pu compter sur le soutien d’Hydro-Québec (dans le premier cas) et de la Caisse de dépôt (dans le second) ?
***
Aussi reste-t-on pantois quand on voit certaines entreprises littéralement scier la branche sur laquelle elles sont assises en se laissant emporter par les idées néo-libérales à la mode portées par les Lucides, La Presse, l’Institut économique de Montréal et leurs thuriféraires à la solde, dans la vie civile ou dans certains partis politiques comme le PLQ et la CAQ, idées qui, si elles devaient aboutir, auraient pour effet de priver ces entreprises de tout soutien dans l’avenir.
On reste encore plus pantois quand on voit certains dirigeants de nos grandes institutions, tant publiques que privées, se faire les relais de ces idées et s’allier avec ceux qui cherchent à nous spolier.
Dans une vie antérieure, il m’est arrivé de critiquer la lourdeur du « modèle Québécois ». Je persiste à croire que certains allègements seraient possibles sans le priver de sa capacité de jouer le rôle qu’il a joué depuis le début des années 1960, et le rôle encore plus important qu’il est appelé à jouer dans les années qui viennent.
Cette chance qu’ont les Québécois, elle est unique en Amérique du Nord, et elle est même rare dans le monde. Il ne faudrait pas la perdre. Raison de plus pour faire preuve de la plus grande vigilance face à des projets comme l’Accord économique et commercial global Canada-Europe (AÉCG) et du plus grand discernement dans nos choix électoraux.
Crise économique et financière mondiale
C’est le mur !
La chance des Québécois
Chronique de Richard Le Hir
Richard Le Hir673 articles
Avocat et conseiller en gestion, ministre délégué à la Restructuration dans le cabinet Parizeau (1994-95)
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11 commentaires
Jean-Louis Pérez-Martel Répondre
20 août 2012M. Le Hir,
Comme vous ne pouvez pas lire mon précèdent commentaire, celui-ci pourrait néanmoins servir à prouver la force économique des entreprises américaines et leurs utilités pour l’avancement des sociétés libres ouvrent ainsi l’horizon à un monde plus prospère, démocratique et solidaire :
Apple devient la plus grande capitalisation boursière de tous les temps
http://affaires.lapresse.ca/bourse/201208/20/01-4566563-apple-devient-la-plus-grande-capitalisation-boursiere-de-tous-les-temps.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_BO4_la_2343_accueil_POS3
Cordialement,
JLPM
Archives de Vigile Répondre
20 août 2012La corde SENSIBLE dont personne ne veut pas vraiment abordé, c'est justement LA CORRUPTION ÉCONOMIQUE. Celle que la commission Charboneau s'occupe c'est de la petite bière, devant celle qui touche les système financier de haut niveau, LES PDG. Celle là, on la cache, on peut en parler mais pas le dire trop fort. C'est cette corruption qui décide de tout. Le véritable courage politique pour remettre les chose à l'ordre, ou il ya collusion presque partout, je n'y crois pas.
J'ai envoyé une lettre à tout les partis politiques pour demander leur appui pour dénoncer la corruption des banqueroute sous la LACC, personne ne bouge et en a parlé lors des débats. Cette corruption ruine le peuple bien plus que l'on pense. Elle vole les fonds de pension des retraités et dit aux jeunes, vous, vous n'avez peu d'avenir de retraite, vous devez travailler jusqu'à 70 ans. Le PQ est d'accord avec cette orientation du fédéral.... Nicolas Marceau du PQ. L'entrevue est ici : http://www.radio-canada.ca/elections-economie
Une société qui ne prend pas soin de ses aînés est une société qui n'a pas d'identité. Donc, le Québec va se chercher encore longtemps, s'il ne comprend pas le sens de l'éthique de cette injustice sociale, envers quoi, dépend leur intégrité et leur avenir. Et ainsi, le vol des fonds de pension, sous la LACC, est une véritable honte nationale qu'il faut dénoncer impérativement. Si cela, vous intéresse je peux vous envoyer un dossier au complet, bien monté, et vous allez tout comprendre.
En conclusion, si on laisse passé une telle injustice par cette corruption, ce n'est pas avec l'indépendence du Québec que tout va être régler. Car ce qui mène vraiment, c'est le pouvoir OLIGARCHIQUE qui contrôle tout. Le problème, c'est que nous sommes gouvernés par la droite au fédéral et au provincial et tous sont de collusions pour voler le peuple. Le PQ est aussi à droite que Charest, et Legault encore plus. QS pourrait se démarquer s'il se tiendrait debout pour cette cause, dommage, car avec les étidiants on avait une bonne énergie, mais, il aurait fallut joidre les deux causes explausives JEUNES VIEUX. Peut être, qu'il n'est pas trop tard?? Pour ON, l'heure n'est pas venu et QS doit faire sa game avant. C'est mons avis.
Archives de Vigile Répondre
17 août 2012Méfiez vous! Jean Charest utilisera les mêmes arguments qu’Harper, il jouera à fond la carte de la stabilité économique, de l’équilibre budgétaire, etc. En fait, il n’y est pour rien.
Lisez :
http://www.liberaux.net/
http://www2.lactualite.com/josee-legault/
http://www.vigile.net/Et-si-vous-croyez-avoir-tout-vu
Nous fonçons tout droit vers le mur au niveau de l’économie mondiale, certes :
Ce mur est celui que les gouvernements ont laissé s’ériger en ne régulant pas les marchés financiers contrôlés par les banques d’affaires spéculatives.
On nous avait pourtant bien averti ici en 2009 :
http://cjf.qc.ca/fr/relations/article.php?ida=817
Et devinez quelles puissantes organisations supportent Charest au Québec? On les trouve ici :
On retrouve ici Charest, Power Corporation, Thierry Vendal (Hydro Québec, etc.)
http://legacy.wilsoncenter.org/awards/index.cfm?groupid=6359FFD2-FA10-343F-B3C73D369330C05E
On retrouve ici Power Corporation de Desmarais :
http://legacy.wilsoncenter.org/awards/index.cfm?groupid=6359FFD2-FA10-343F-B3C73D369330C05E&fuseaction=Dinner_Sponsors.welcome
Notez le nombre de banques qu’on retrouve chez Woodrow Wilson, dont la très puissante CIBC où Michael Sebia est le président, Sebia dirige aussi la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Et qui se cachent derrière les maisons de notation de crédit, principalement toutes des banques d’affaires spéculatives :
- Standard and Poors?
http://www.abadinte.com/2011/12/qui-se-cache-derrire-standard-poors/
- Moody’s et Fitch on a les informations suivantes : http://www.dhnet.be/dhjournal/archives_det.phtml?id=1174596
Les conflits d’intérêts sont évidents! Je vous donne ces infos, car ce sont ces agences de notations qui décident du sort économique des pays en faisant fuir massivement les capitaux lorsqu’elles annoncent une décote. Ce sont toutes des institutions privées travaillant pour les spéculateurs financiers et elles sont payées par ceux-ci.
————
Les solutions aux divers maux économiques mondiaux, c’est le prix Nobel d’économie, Joseph E. Stiglitz qui nous les donne dans son livre « Le triomphe de la cupidité ». Il mentionne que les économies qui s’en sont sorties le mieux ont été celles où on retrouvait une bonne protection sociale.
Joseph Berbery Répondre
15 août 2012Je suis loin d'être un expert en Économie. Mais je constate que ces experts, selon l'école -plus idéologique d'ailleurs que scientifique- à laquelle ils appartiennent, proposent l'austérité, les coupures budgétaires, la réduction de la dette. Ou alors des mesures de croissance économique, autrement dit un accroissement des dépenses publiques, et donc de la dette. Exactement le contrepied des précédents. RIEN D'AUTRE QUE CE MANICHÉISME.
Mais peut-être sommes-nous rendus à une telle concentration du capital, à une telle financiarisation du système que celui-ci a cessé d'être fonctionnel. Et que les concepts classiques -dette, dépenses publiques, croissance- n'ont plus cours. Pas plus d'ailleurs que les remèdes classiques tels qu'interventions des banques centrales, mesures étatiques, relance de la consommation, etc.
Et s'il fallait renoncer à la croissance à tout prix par le boostage de la consommation? Et s'il fallait revenir à cette définition classique, mais oubliée de l'Économie, à savoir «l'activité humaine permettant la production, la distribution, l'échange des biens et des services en vue de SATISFAIRE LES BESOINS»?
Dès lors, les simples citoyens que nous sommes devrions peut-être réapprendre à nous contenter de moins, disons du nécessaire. Et nous passer du superflu. Revenir peut-être à ce concept de «simplicité volontaire» si cher à ce véritable pionnier -que dis-je- ce véritable prophète qu'était Serge Mongeau, et que nous avons vite fait d'oublier.
Peut-être devrions-nous nous demander si le salariat auquel nous sommes si fermement attachés (1) n'a pas été une forme d'esclavage adapté à la société industrielle et de production de masse.
Peut-être qu'il nous faudrait renouer avec notre tradition typiquement québécoise des coopératives de production ou de consommation. Elles nous permettraient justement, sans chercher le profit pour le profit, de produire, de distribuer, d'échanger à travers des réseaux de proximité, les biens et les services dont nous avons BESOIN. Dans ce domaine, nous avons une expertise, des coutumes, un savoir-faire qui nous donnent une longueur d'avance.
C'est donc d'une véritable Révolution Culturelle que nous avons besoin, une Révolution des mentalités, des esprits, des valeurs.
Ne prenez surtout pas tout ceci pour autre chose que de la divagation. Je ne connais rien à l'Économie, je vous dis.
(1) J'ai été frappé, dès mon arrivée au Québec en 1967 -il y a donc quarante cinq ans- que dans le langage courant on appelle SALAIRE toutes les formes de revenus : les HONORAIRES des professions libérales, la RENTE du retraité, les INTÉRÊTS du prêteur, le TRAITEMENT du fonctionnaire, tout cela s'appelle SALAIRE. Il m'a semblé vois là moins une simplification du langage que l'obsession d'avoir un revenu fixe.
Archives de Vigile Répondre
15 août 2012Les "aménagistes", la voie du juste milieu, l'impossible compromis....
Pouvoir penser que le système marchand qui étale sa faillite au grand jour puisse survivre dans un espace géographique quel qu'il soit relève d'un optimisme...increvable, l'espace qui nous intéresse étant le Québec en ce cas.
"Les choix qui nous attendent ne sont pas d’ordre idéologique, même si certains chercheront à nous les présenter sous ce jour. En effet, on voit mal comment plus de capitalisme pourrait constituer un remède à l’effondrement du capitalisme. Et on voit tout aussi mal comment le communisme pourrait tout à coup s’avérer la solution qu’il n’a jamais été.
Nous ne sommes donc pas placés devant un choix entre « la droite » et « la gauche ». En fait, nous sommes placés devant une question de survie"
C'est justement parce que les choix sont idéologiques qu'il est nécessaire de dépasser les contradictions du système marchand, de son fétichisme de la marchandise.
Ce qui est en cause ici c'est ce que les gens du groupe Krisis ont justement appelé "la valeur".
Le capitalisme financier ne se présente pas par hasard sur la scène, il est l'évolution normale d'un système dont la valeur ajoutée par produit fini, diminue en permanence (productivité plus élevée, généralisation des techniques informatiques, optimisation des circuits de distribution et de fabrication SANS augmentation de la plus-value). Cette évolution rejette ce qui est considéré comme peu ou pas rentable (pauvres - pure création du système marchand, les vieux, les plus faibles, etc.) et on assiste bien sûr à des débâts "d'idées" sur les classes moyennes, en voie accélérée de paupérisation et d'endettement.
Le capitalisme est sur une branche qu'il scie en permanence (plus de productivité, compétition oblige, moins de plus value, etc).
Afin de tenter de maintenir un cycle impossible à soutenir dans le temps, le capitalisme financier a organisé la seule solution qui lui restait en main, la virtualisation financière, et le tout remonte aux années 70 au moment ou Richard Nixon décrète la fin de l'étalon or (mis en place par les accords de Bretton Woods), donc la non convertibilité des monnaies, etc...
En même temps on assiste au déploiement de "nouveaux services" dont la caractérisation commune est la virtualisation de leur existence et de leur utilisation (jeux vidéo, réseaux sociaux, qui n'ont de sociaux que le nom, téléphonie cellulaire, ubiquité, etc...). Là encore la dilution des rapports sociaux, la médiation sociale par l'intermédiaire de la marchandise, et l'individualisation des besoins, pour ne parler des désirs, sont des tentatives désespérées du système capitaliste pour perpétuer sa survie, par l'invention de "nouveaux besoins".
"S’imagine-t-on un seul instant que des entreprises comme SNC-Lavalin ou Québecor (pour ne prendre que celles-là) auraient pu se déployer comme elles l’ont fait si elles n’avaient pas pu compter sur le soutien d’Hydro-Québec (dans le premier cas) et de la Caisse de dépôt (dans le second) ?"
Ces exemples sont lumineux...et indiquent bien un aggionamiento qui est de fait un transfert direct de l'argent public vers la sphère privée, les subventions de tout ordre représentant actuellement 6 milliards de $ au Québec soit 2 fois le déficit annuel du Québec. Certaines de ces firmes ne sont rentables, au point de vue comptable que grâce à ce soutien massif, et les déclarations de Pauline Marois, suite à l'annonce de l'achat du groupe Astral par Bell, montrent bien que cette éviscération du bien commun au profit d'une soit-disante raison d'état ou de souveraineté va se poursuivre...
"Aussi reste-t-on pantois quand on voit certaines entreprises littéralement scier la branche sur laquelle elles sont assises en se laissant emporter par les idées néo-libérales à la mode portées par les Lucides, La Presse, l’Institut économique de Montréal et leurs thuriféraires à la solde, dans la vie civile ou dans certains partis politiques comme le PLQ et la CAQ, idées qui, si elles devaient aboutir, auraient pour effet de priver ces entreprises de tout soutien dans l’avenir."
Bien au contraire il s'agit ici, de continuer à vider tout lien social, tous les "avantages" concédés chichement durant les 50 dernières années, sans bien sûr renoncer aux subventions et aux prébendes...il n'y a pas ici de "bonnes" firmes québécoises ou de "mauvaises" firmes canadiennes ou américaines, il s'agit de la logique du système marchand, dont la survie ne peut rester possible sans augmentation du PIB (avec destruction de la valeur ajoutée). La croissance est en panne, pour toujours probablement, le système marchand est devant un champ de ruines, il ne peut que continuer à élaguer ce qu'il estime superflu...
"La seule expérience de crise de système que nous ayons connue au cours des cinquante dernières années, c’est la chute du communisme. Si le fait qu’elle se soit produite a pu nous éveiller à la réalité que les systèmes ne sont pas éternels, la chute du capitalisme nous paraît d’autant plus difficile à envisager que nous ne savons pas trop par quoi il pourrait être remplacé"
Si la seule crise de système qui a retenu votre attention est celle de la chute du communisme vous avez du prêter une attention passagère aux crises financières à répétitions des 30 dernières années, à la crise de 1929, une dépression, etc...Par quoi le capitalisme pourrait-il bien être remplacé ?
D'abord et avant tout par une remise en cause fondamentale du concept de travail, de la plus value marchande, de la fétichisation de la marchandise, ce qui ne veut pas dire remettre en cause l'activité humaine. Nous travaillons beaucoup trop, beaucoup plus qu'au Moyen-Age par exemple, beaucoup plus qu'au 18 ième siècle et ces tendances se sont inversées avec l'apparition de l'industrialisation et de l'urbanisation. Il ne faut pas oublier que certaines décisions (adoption de l'horloge au Moyen-Age, adoption du système métrique par la révolution francaise, école publique de Jules Ferry, en France, ne sont justifiées que par les besoins de l'industrie).
Si nous ne sommes pas capable collectivement d'imaginer et de désirer ce futur il est à craindre que l'avenir soit la barbarie (en Grèce les gens abandonnent maintenant leurs enfants dans la rue...).
Entre-temps il est toujours possible de se distraire grâce à l'hystérie terroriste, islamiste et d'assister aux dérives habituelles (antisémitisme, sectes survivalistes en tout genre...).
"Cette chance qu’ont les Québécois, elle est unique en Amérique du Nord, et elle est même rare dans le monde".
Nous sommes totalement intégré au système marchand et à ses avatars et je ne vois actuellement aucun parti politique au Québec qui puisse avoir le courage de porter ce message, les frontières n'existent pas pour le capitalisme financier, une souveraineté aux acquets, tout au plus, ce qui dans mon esprit ne remet pas en cause le projet culturel, à la condition qu'il s'inscrive dans une stratégie de rupture, et non dans une continuation sous la même forme, avec un drapeau différent...
Tant qu'au Canada je pense que la mainmise idéologique y est encore plus prénante...
Merci
Pour en savoir plus...
"Crédit à mort", Anselm Jappe, Editions Lignes
Krisis Manifeste contre le travail (épuisé, j'en possède une copie électronique pour ceux que ca peut intéresser)
Avis aux naufragés Robert Kurtz Editions Lignes
et un excellent site web
http://palim-psao.over-blog.fr/
pour les textes fondateurs, commentaires, etc sur la critique de la valeur (wertkritik).
Francis Déry Répondre
15 août 2012Je constate avec plaisir une convergence entre mes vues et celle de m. Le Hir depuis récemment.
Une Banque du Québec signifie quoi au juste ?
Regardez l'expérience de la Banque de France instituée par Napoléon pour pourvoir aux besoins de son empire.
Elle a connu de sérieux problèmes intrinsèques parce l'esprit de Napoléon n'était pas assez aguerri pour les finances. Et il s'est fait piégé par les investisseurs (il faut deviner qui).
Ce qui prime, c'est le pouvoir d'émettre monnaie sans l'emprunter, ne serait-ce même si le prêteur semble être de la maison. C'est le statut de souveraineté qui en dépend.
Même la Reine d'Angleterre doit mendier au Lord-Maire la permission d'entrer sur le territoire de la City.
@Jean-Louis Pérez-Martel
L’Iran n'est pas un état théocratico-terroriste.
Côté théocratie, je vous invite à regarder le Commonwealth.
La Reine est à la tête de l'Église Catholique Anglicane, connue aux États-Unis comme Église Épiscopalienne.
Nommez-moi les attentats terroristes iraniens du régime à l'extérieur qui sont prouvés. Ensuite, je vous ferai la revue d'histoire du MEK soutenu par les États-Unis, Israël et la France.
La SCB n'a fait que le travail habituel des banquiers. La morale n'a pas sa place dans ce monde. Mais comme les banques sont généralement tenues par les intérêts sionistes, la SCB allait contre le système en aidant l'Iran.
Un banquier qui aide vraiment son client est un précieux banquier.
Qui a mené la charge contre la SCB ? Benjamin Lawski, un avocat sioniste bien sûr.
Peter Sands passera pour un héros ou un juste quand le joug sioniste cessera.
contre le système financier américain
@ Richard Le Hir Répondre
14 août 2012Réponse à M. Pérez-Martel
À votre place, M. Pérez-Martel, je m'inquiéterais du caractère dérisoire de l'amende imposée vu l'énormité des profits réalisés. Lisez-donc ceci:
NY State Regulators Settle With Standard Chartered At 0.14% Transaction Fee http://www.zerohedge.com/news/ny-state-regulators-settle-standard-chartered-014-transaction-fee
340 millions $ d'amende pour avoir blanchi 250 milliards $, c'est se foutre du monde. Avec des amis comme ça, vous n'avez pas besoin d'ennemis.
Richard Le Hir
Archives de Vigile Répondre
14 août 2012"...la chute du capitalisme nous paraît d’autant plus difficile à envisager que nous ne savons pas trop par quoi il pourrait être remplacé."
Le capitalisme n'a jamais réussi à faire vivre décemment tous les citoyens sans exception. Il en a rendu certains fabuleusement riches. Il en a laissé une multitude dans la dèche et la misère.
Seule une société basée sur les besoins des citoyens serait viable parce qu'elle ne laisserait personne en manque de ce qui est nécessaire pour une existence décente et heureuse.
Les besoins des citoyens doivent avoir priorité sur l'argent et les profits de quelques-uns.
On est tous fait pour le bonheur. Ne faut-il pas vouloir pour les autres les mêmes avantages dans la vie que ceux que l'on désire pour soi-même?
Jean-Louis Pérez-Martel Répondre
14 août 2012La SCB et l’Iran théocratico-terroriste contre le système financier américain
Monsieur Le Hir,
Il faudrait ajouter à votre liste le cas de blanchiment de centaines de milliards de dollars par la Standard Chartered Bank (SCB) au nom de l’Iran théocratico-terroriste, que l’autorité de régulation de New York (DFS) vient d’imposer à cette banque anglaise de payer une amende de 340 millions de dollars ( http://www.lapresse.ca/international/etats-unis/201208/14/01-4565059-operations-avec-liran-scb-paie-une-lourde-amende.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B9_international_29810_accueil_POS3 ). En [… l'accusant d'avoir mené pour 250 milliards de transactions illicites avec l'Iran. Le DFS accusait notamment la banque, dont l'essentiel des activités se situe en Asie, d'avoir perçu «des centaines de millions de dollars de commissions (...) pendant au moins dix ans» et exposé le système financier américain «aux terroristes, trafiquants d'armes, trafiquants de drogue et régimes corrompus».]
JLPM
Archives de Vigile Répondre
14 août 2012Effectivement nous avons la chance d’avoir cette diversité économique qui manque à bien des pays dans le monde. Mais en plus, nous avons des richesses naturelles en abondance; ce qui nous rend encore plus privilégiés. Nous avons donc la possibilité de produire cette richesse en commençant par la plus précieuse: nos cerveaux. Nous possédons ces ressources et nous avons le pouvoir, si nous trouvons le courage ou la confiance en soi, de la transformer. Développer l’industrie au lieu de la délocaliser sera le premier bienfait de l’indépendance (le Québec à perdu 135,000 emplois industriels depuis 2007).
Ensuite, la création de la banque du Québec nous fournira le levier financier qui nous procurera en quantité suffisante l’argent nécessaire à notre développement économique. Le fonctionnement de cette banque sera révolutionnaire dans la mesure où elle achètera des obligations d’état comme toutes les banques centrales, ou presque, le font mais… sans intérêts. La seule limite dans l’accroissement de son bilan sera la capacité politique de contrôler à tout moment notre niveau d’inflation.
Comme vous le voyez, il n’est pas inévitable de se prémunir contre la crise. Il suffit de se donner tous les instruments de développement économique et de les utiliser avec sagesse. C’est une question d’idéologie et de volonté collective. Nous pouvons choisir un destin fabuleux si nous le voulons.
sgmsg Répondre
14 août 2012Je suis d'accord avec vous avec l'autonomie du Québec aidera pour survivre à la crise. Car depuis 1759, le Québec(sous un autre nom) a toujours développé les autres provinces à son détriment. C'est ce qui s'est passé avec l'Ontario puis plus prêt de nous avec les prairies dont l'Alberta. Maintenant que les pétrodollars théocratiques albertains dirigent Ottawa, cela sera encore pire.
Mais hormis Hydro-Québec, je ne vois pas la Caisse de dépôt, ou le Mouvement Desjardins faire quoi que ce soit, puisqu'ils sont des marchands de papier et comme disait Voltaire "Une monnaie papier, basée sur la seule confiance dans le gouvernement qui l’imprime, finit toujours par retourner à sa valeur intrinsèque, c’est à dire zéro."
De plus en pleine crise inconnue comme celle qui nous attend, cela sera l'occasion rêvée pour les Desmarais de ce monde de faire main basse à vils prix d'Hydro-Québec.
Petite anecdote, quand Lucien Bouchard était au premier ministre, il se murmurait qu'il voulait privatiser Hydro-Québec. Êtes-vous surpris alors de le voir devenir porte-parole des gaz de Schistes et invité à Sagard.
En Grèce tout est privatisable, le pays est en spirale déflationniste, ce qui devrait nous arriver, et les mêmes remèdes inefficaces devraient être utilisés ici. Jusqu'à éradiquer le patrimoine collectif et familial des Québecois.
Le Nord Québécois est juste un autre maquignonnage pour les Desmarais de ce monde de faire main basse sur les ressources en pleine crise à une fraction du prix pour soi-disant relancer l'économie québécoise.
Quand on sait que 50% de l'économie du Québec est tourné vers l'extérieur, l'effondrement de l'euro et du dollar sera catastrophique ici. Surtout qu'il n'y a pas eu de purge en 2007-2008 comme dans la plupart des pays. L'économie canadienne est encore portée par les petits investisseurs immobiliers qui croient sauver leur patrimoine en investissement dans la pierre plutôt que dans le tunnel de Friggit.
Une petit astuce pour faire du pognon avec des pigeons. Achetez un immeuble à logement, transformer le en immeuble en condo, et vlan un profit de 60 à 100% annuel garantit avec la bénédiction de la ville qui vient de doubler ses revenus fonciers, du gouvernement qui voit les impôts augmenter. Il n'y eu aucune création de richesse hormis un investisseur médiocre qui a surpayé un bien médiocre afin de soutenir encore un peu un système qui le jettera ultimement à la rue sans sourciller.
Le gouvernement canadien semble agir en bon père de famille en avertissant à mots couverts du risque hypothécaire, mais dans les faits, il agit en vendeur de drogue ou d'alcool qui donne les premières doses gratuites et une fois l'accoutumance installée, il nous conseille d'y aller avec modération et de faire attention à soi. Exactement comme la FED avertissait dès 2000 des risques relier à l'immobilier...
L'état de l'économie canadienne est tellement lamentable que le fédéral a caché l'aide de la SCHL qui a sauvé les principales banques canadiennes. Ce que l'on voit maintenant, c'est le retrait progressif de la SCHL d'une de ses missions soit aider les ménages canadiens à financer l'acquisition de leur domicile.
L'élection d'Obama (ou sa défaite), l'ami des banquiers de Wall Street, devrait sonner le second round à cette arnaque de Ponzi mondiale où seuls les derniers primitifs amazoniens survivants devraient être hors d'atteinte de cet hécatombe.