Bon, je suis un peu dur sur le titre – car oui, il y avait plus d’anti-Brexit que de pro-Brexit chez les jeunes – mais l’utilisation à outrance qui est faite depuis vendredi de ce thème commence à être très pénible…
I. La propagande
Bien sûr, la propagande tourne à plein dans les médias européistes anglais :
(Source : Time)
(Source : The Guardian)
Mais les médias français ne sont pas en reste :
Notez au passage que c’est un dur métier que de trouver une bonne photo pour le Leave quand on est “journaliste”.
Du coup, amis journalistes, je vous en ai créé plusieurs, cela vous gagnera du temps :
Voilà – ne me remerciez pas, quand je peux aider, cela me fait plaisir…
Bon, plus sérieusement (enfin, façon de parler…), on a ça aussi :
(Source : Le Monde)
Eh oui, car il n’y a plus de futur sans “Europe”…
(Source : Libération)
Amère, tu m’étonnes, quand on t’a détruit ton avenir radieux…
(Source)
(Source : 20 minutes)
II. Les chiffres
Évidemment, ce genre de graphique a été utilisé jusqu’à plus soif :
Et il est vrai, en effet :
Les jeunes sont particulièrement européistes, donc…
Mais il est “dommage” – pour ne pas dire franchement manipulateur – de ne pas parler de l’abstention (sondage Sky News) :
(Source)
Ce qui change un peu la vision des choses quand on s’intéresse à la classe d’âge entière, non ? :
Il est difficile d’étendre les résultats aux abstentionnistes : sont-ils aussi europhiles que les votants ? Osent-ils dire le fond de leur pensée quand ils sont sondés ?
En tous cas, leur non mobilisation démontre leur désintérêt du sujet…
III. Analyse
Le jeunisme à l’oeuvre est assez interpellant :
Il postule en effet deux choses :
- que le “jeune” a une maturité politique d’une valeur au moins égale à celle d’adultes plus âgés, ce qui est osé…
- que le “jeune” ne vieillit jamais, ne devient jamais vieux, ne comprend donc pas avec le temps ce qu’est l’UE et ne change donc jamais d’avis… Bref, que les différences apparentes ne sont en fait pas basées sur un critère d’âge (et donc d’expérience), mais de génération (c’est à dire qu’on postule que les jeunes d’aujourd’hui seront toujours de grand europhiles à 50 et 70 ans…)
Alors, après, tout ceci peut, certes, se discuter, mais je trouve dommage que nos défenseurs de la maturité politique de la jeunesse et du respect de ses souhaits eu égard aux nombre d’années qu’il lui reste soient restés aussi silencieux par exemple au moment des européennes 2014 (où FN = PS + UMP…) :
ou du référendum écossais #GrosHypocrites :
Mais bon, on lira donc ce genre d’analyse chez Jacques Attali :
(Source)
À mettre en place pour le prochain référendum prévoyant un saut fédéral vers Bruxelles ?
Et on saluera la vision (prophétique ?) de Peter Sutherland, ancien Commissaire européen à la concurrence (1989-1993), ancien directeur général de l’OMC (1993-1995), et ancien président de Goldman Sachs International (1995-2015), ancien président du pétrolier BP (1997-2009), ancien directeur de Royal Bank of Scotland, ancien administrateur du Groupe Bildergerg et ancien Président Europe de la Commission Trilatérale (je crois qu’on valide tout là…) :
« La jeune génération au Royaume-Uni a été sacrifiée, tout ça à cause d’une déformation des faits et des conséquences. D’une façon ou d’une autre, ce résultat doit être annulé. » [Peter Sutherland] (Source)
Intéressant, ils ne se cachent même plus…
Sylvie Goulard, eurodéputée libérale :
“Moi je ne crois pas que le peuple, dans sa grande sagesse, est capable de tout comprendre. (…). Donc, il faut arrêter de penser que les élites sont mauvaises et que le peuple est bon; on a une interaction à réinventer, et dans le mot “leader”, il y a vraiment “to lead”, donc il y a aussi la question de dire, est ce qu’à un moment, il y a aussi les gens qui prennent leurs responsabilités, et peuvent dire aux autres, après les avoir écoutés, après avoir dialogué avec eux : “Bah là, non : ma responsabilité à moi, parce que c’est moi qui suis en fonction, c’est de faire quelque chose qui est douloureux pour toi mais qui sera bon pour tes enfants, ou qui sera bon pour l’ensemble de la collectivité”
(Source : L’Obs)
Mais en revanche….
(Et l’avis des jeunes qui vont se payer l’aéroport toute leur vie, toutça toutça… ?)
IV Autres données
Je termine par quelques autres données sur le Brexit.
Vote en fonction de la CSP :
Raisons du vote :
Vote par parti :
(Conservateurs, Travaillistes, Libéraux Démocrates, Ukip, Écologistes)
Répartition des votants de chaque camp en fonction du vote aux dernières législatives :
(40 % des lecteurs du Leave sont Conservateurs, 21 % Travaillistes, 25 % Ukip…)
Moment du choix du vote :
Vision du monde (différence entre les réponses positives et négatives) :
Zoom sur la dernière question : “Pensez-vous que la vie dans le pays est meilleure ou pire qu’il y a 30 ans :
Pour près de 50 % des femmes et 40 % des hommes, la vie est pire… C’est aussi le cas pour 34 % des cadres (!) et 57 % des ouvriers (en gros, AB cadres, C1 prof. intermed., C2 employés, DE ouvriers).
Alors du coup :
On voit aussi que des raison politiques profondes guident le Leave, et pas qu’économiques, puisqu’on calcule que 38 % de ceux qui pensent que la vie est meilleure veulent néanmoins partir (contre 70 % chez ceux qui pensent le contraire).
Et enfin vision des conséquences :
À suivre…
Source: http://www.les-crises.fr/brexit-l-arnaque-du-vote-des-jeunes/
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