Bonne chance, Québec

Se souvenir du Stade olympique. Surtout, ne pas s'inspirer de Montréal

Tribune libre

D’une certaine manière, les gens de Québec subissent en accéléré la situation que les Tremblay d’Amérique de Montréal ont dû subir longuement, eux, à l’occasion des Jeux olympiques de Montréal de 76. Les gens de Québec espèrent un nouvel amphithéâtre, surtout un nouveau Colisée, ils espèrent le retour des Nordiques. Ils s’activent. Ils espèrent et, vieux montréalais, j’espère avec eux.
Les zautorités ne sont pas moins actives, mais parmi elles, certaines zigonnent très certainement. Les zautorités zigonnent. Ce n’est pas nouveau. L’exemple vient de haut mais pas de loin.
Pour satisfaire son électorat de braillards de l’Ontario, le p.m. canadien du temps, Pierre Trudeau, P.E.T l’infâme, avait refusé d’engager financièrement Ottawa en faveur des Jeux olympiques de Montréal. Pourtant une simple ville, Montréal. Comme Toronto ou Vancouver ou Calgary. Comme Québec maintenant.
À l’époque, Montréal était égal, disons peut-être un peu moins « égal », mais quand même aussi riche que Toronto. Mais les Jeux étaient devenus si coûteux, presque ruineux, que déjà une ville seule ne pouvait pas assumer les frais d’un pareil évènement. Alors, ici une ville « choisie »—au seul grand mérite de Jean Drapeau, Montréal avait été « choisie » par le comité O. pour la tenue des Jeux de 76—une ville « choisie » fut abandonnée par le pays hôte des Jeux lui-même.
Hé oui ! Le Canada ! Le «pays hôte » ! Ottawa ! Trudeau et sa gang de braillards avaient abandonné la ville « choisie ». Cela était unique et sans précédent, mais c’était malgré tout conforme à une certaine tradition canadienne à notre égard.
Le maire Drapeau avait dû se débrouiller seul, et cela avait plutôt mal tourné pour Montréal. En fait, cela n’a plus jamais cessé de mal tourner pour Montréal. Et Toronto est devenu depuis longtemps la métropole canadienne.
Pourrons-Nous aller plus bas, Nous les Tremblay d’Amérique de Montréal, pourrons-Nous aller plus bas que maintenant, avec ce maire sans gêne, ce maire Tremblay qui Nous gêne ?
Le maire Labeaume, lui, n’est pas seul, et tout un peuple debout espère avec lui.
Parmi les nombreux problèmes du Stade Olympique, comme chacun sait, tous plus insurmontables les uns que les autres, lequel serait le plus « in-sur-mon-ta-ble », celui-là capable maintenant encore, à lui seul, de jeter par terre toutes les autorités qui y rampent déjà ?
L’inventaire de tous les problèmes du Stade n’étant jamais achevé, permettez que j’en ajoute un de plus, que j’en rajoute… un problème dont il n’est presque jamais question, attendu que Nous ne pouvons pas Nous souvenir de tout, d’autant que Nous ne le voulons pas toujours non plus…
L’histoire récente est ainsi faite souvent par des ouaouarons qu’il est parfois bien difficile de s’y retrouver et d’y voir clair. L’eau des ouaouarons, en effet, n’est pas souvent nette. Et il s’écoule beaucoup de temps avant que l’Histoire n’atteigne le degré cristallin de l’eau qui coule maintenant sur l’Habitation.

Le plus grand problème du Stade Olympique proviendrait de notre légendaire incapacité collective, celle des Tremblay d’Amérique, à en faire premièrement un joyau architectural, et ensuite un sujet de fierté, ce qu’il est pourtant devenu dans le premier cas, et ce qu’il devrait être depuis longtemps pour Nous, dans le second. Mais tout ça, c’était déjà connu, je veux dire le problème, cette incapacité nationale de légende, qui était assumée fièrement et vaillamment par les autorités de toutes couleurs, depuis la levée de la première pelletée de terre officielle
Il est cependant un problème moins connu, jamais reconnu ni avoué par nos braillards du West Island, que le Stade est comme…est comme… un peu trop…oui-oui, comme un peu trop dans l’est, dans l’est de Montréal, comme décentré, c’est ça, comme trop loin, trop loin des affaires, des vraies affaires, comme un peu trop en territoire français de l’île. C’est ça, finalement : un peu trop français le Stade.
Depuis son commencement, il était possible de suspecter quelque chose, comme une mauvaise influence dans le Stade, l’influence française sans aucun doute, la mauvaise influence des french. À commencer par l’architecte—Taillibert-- plutôt que toutes nos grandes firmes d’ingénieurs, bilingues et dépitées de ne pouvoir imposer de haut en bas leurs services par tous les moyens, les techniciens français sur le chantier… et déjà, ben oui, eh oui, les « bras » de Dédé Desjardins, de la F.T.Q.-Construction. Elle était déjà làlàlà, la F.T.Q.-Construction. Elle n’est jamais bien loin…
Dédé Desjardins ? « Français » Dédé? Ben oui, pis en tabaslack à part ça !
Et puis, pour énerver les nerveux du Stade, donner raison à tous les braillards de Montreal : l’actuelle rue Pierre de Coubertin, qui délimite au sud le parc olympique, c’était bien la rue « Boyce », qu’on a osé francisée avec la venue du Stade. Va encore pour Sherbrooke, au nord, mais à l’ouest, Pie IX… franchement ! Pie IX… C’est pas papiste ça ? Et la rue Viau, à l’est, Viau de Viauville, est-ce que ce n’est pas là toute une histoire d’affirmation canadienne-française à Montréal ?
Au fond, le problème qui dérange les zautorités et les braillards de Montréal depuis le début du Stade Olympique, CE N’EST PAS L’ARGENT QU’IL A COÛTÉ, c’est qu’il est un symbole d’une reconquête. Et c’est à l’unisson de tous les colonisés et leurs maîtres, qu’une immense fatigue collective s’est installée parmi Nous à l’égard du Stade, et maintenant à notre propre égard. Il y a parfois, dans la dérision du Stade par nos zhumoristes, un peu de dérision de Nous-mêmes. Certes, un peu d’humour et de dérision ne fait mourir personne, mais allez donc savoir pour tout un peuple mal-pris, sur une mauvaise pente, déjà enclin à la fatigue.
Et c’est bien aussi une fatigue semblable qui fatigue tant maintenant certaines autorités si fatiguées dans le dossier de l’amphithéâtre de Québec. À elle seule maintenant, la simple espérance du retour des Nordiques, crée dans ces têtes molles, si lâchement constituées, une fatigue immensément molle. Des mous s’tie ! Il faut donc comprendre qu’il y a parmi Nous des fatigués chroniques de toute question qui intéresse les Tremblay d’Amérique de Québec et de Montréal. Il y a parmi Nous des Mous, par profession, qui sont fatigués instantanément à la moindre espérance, à la moindre résurgence de la question nationale.
On se demande bien pourquoi, maintenant que le Stade est payé, pourquoi un immense drapeau du Québec—mais là, quelque chose de Big, d’aussi Big qu’Elvis Gratton, un gros drapeau, impérialiste—on se demande bien pourquoi nos couleurs ne pourraient pas maintenant flotter de façon impériale sur le mât du Stade, ce mât inachevé et tronqué au début des Jeux de 76, et qui avait fait tellement honte au ministre péquiste responsable du temps, qui lui-même Nous avait fait tellement honte par la suite. J’écris Big et Impérial le drapeau… Parce que ce bâtiment montréalais appartient maintenant à l’État québécois. Mais hélas, mille fois hélas, le gouvernement actuel de l’État du Québec-- « Je me souviens »-- a tout oublié (sauf ses zamis et ses électeurs les plus braillards) et jusqu’à la journée du drapeau.
Après avoir boudé un stade construit par Nous tous au Québec, (ça doit bien inclure la ville et la région de Québec, et pas seulement le West Island et le Plateau Mont-Royal), au coût de 900$ millions, les Expos sont partis aux States. Pouvaient pas émigrer ici, à l’intérieur de Montréal, vers l’ouest de l’île (à nos frais encore), quelque part jugé par eux mieux « centré », un endroit déclaré d’office plus « festif », un autre stade alors, nouveau et plus petit, plus « convivial », plus et mieux adapté aux braillards si festifs et si conviviaux du West Island, tous acharnés notoires et reconnus, comme chacun sait, du « vivre ensemble » montréalais. Un Plan avait été préparé, une maquette peut-être, et puis le dossier avait cheminé un peu, mais pas trop. Quand même, qu’est-ce qu’ils cheminent nos dossiers ! Puis les Expos n’avaient pas cheminé longtemps, ils étaient partis en grande, comme des voleurs.
Et c’est ainsi que le soccer professionnel se pratique dehors, juste à côté du Stade, sur les terrains de la R.I.O de tous les québécois et toutes les québécoises de toutes les ethnies, tout juste à côté d’un stade fermé, payé à prix d’or. Et c’est ainsi aussi que les Alouettes de Montréal, sous le gouverne de Larry Smith, autre grand braillard de sa communauté et récente recrue des zigonnants conservateurs, ont eux aussi préféré jouer dehors, à McGilllll et à nos frais,-- on se surprendra ensuite qu’il faille deux CHU à Montréal-- quoi que…quoi que, en fin de saison, parfois et au fil du temps, quand y fait frette et que la sécurité le permet, nos zoizeaux frileux sont bien contents de profiter du Stade fermé des french-canadians de l’Est.
C’est toujours la même gang et la même chose : des zigonneux qui zigonnent ! À Montréal, les zautorités et les braillards, et puis à Québec maintenant, les zautorités et les ouaouarons. Une swamp ! Et toujours contre Nous, la majorité si patiente, mais payante.
On peut remarquer et dénoncer bien des choses, le maire Labeaume n’est pas parfait. Drapeau ne l’était pas non plus. Et même Claude Charron fut déjà pour Nous un très grand serviteur, ce que ne serait jamais Charest même après 10 mandats et 3 colisées. Qu’il Nous laisse celui-là, après Nous avoir tant lassés. On devrait remarquer que le maire Labeaume est un rare, un très rare politicien encore debout.
J’aime le hockey. Ce que j’aimerais enfin que les Nordiques reviennent à Québec. Et plus encore si Aubut, célèbre ouaouaron, s’il n’était pas des retrouvailles. Élémentaire décence mon Marcel… L’enjeu politique en cause à Québec est bien plus important qu’il n’y paraît. C’est d’ailleurs précisément pour ça que les ouaouarons et les zautorités zigonnent autant : il s’agit de savoir si les Tremblay d’Amérique vont continuer encore longtemps de se laisser écoeurer.
Bonne chance Québec. Bonne chance au maire et aux gens de Québec.
Bonne chance aux Tremblay d’Amérique.



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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    12 février 2011

    WOW! Quelle analyse!

    Un autre pro stade qui trouve que le Stade Olympique a valeur de monument historique. J'entendais madame Pelletier hier matin chez Christiane, dire qu'elle aimait le stade. J'en suis presque tombé de ma chaise. On entend rarement de commentaires positifs sur les lieux. Aucun autre intervenant de l'émission n'a acquiescé.
    Il y a chez certains artistes et journalistes, comme un snobisme à avancer que le Stade olympique et toutes les installations connexes sont des installations adéquates pour quantité d'événements, on entend plutôt "beurk" quand le mot Stade est prononcé.

    À chaque fois, j'en reste sidérée.
    Tous les pays qui ont tenu des JO sont fiers de leurs installations. On a qu'à visiter Barcelone entre autres, pour se rendre compte de la valeur des installations olympiques et de tout ce que ça génère d'activités et commerces post-jeux.
    Quant à la Ville de Québec, on ne peut que leur souhaiter que leurs rêves d'amphitéatre et de ligue majeure de hockey se réalisent.

  • Marcel Haché Répondre

    12 février 2011

    @ O
    Vos informations m’ont fait plaisir. J’ai toujours cru que le Stade était magnifique. Je crois comme vous que le Stade n’a pas dit son dernier mot. Qu’on ait seulement osé émettre l’hypothèse qu’il faille le démolir, c’est comme essayer maintenant de prouver que Montréal a besoin de deux CHU.
    Les mêmes qui sont si prompts à dénoncer le projet du maire Labeaume, sont beaucoup plus polis—je reste poli-- à l’égard de la construction de deux CHU à Montréal. Comme quoi la politesse et la langue de bois, assorties de calculs qui ne sortent jamais ni de l’idéologie ni de la règle de trois, servent à très bien enrubanner la démission des élites en une démission collective.
    Mme Vallée a raison : on Nous divise. Mais seulement, SEULEMENT, parce qu’on (le P.Q.) ne s’adresse pas à Nous directement et exclusivement, question de créer un formidable effet d’entraînement auprès de tous les québécois zé les québécoises.
    Mais peut-être est-ce que je prêches ici auprès de convertis ?

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    11 février 2011

    Mme MMV,
    N'est-ce pas une analyse un peu courte pour un tel texte?

  • Archives de Vigile Répondre

    11 février 2011

    Ils parviennent toujours à nous diviser.
    Voilà la clef de leur succès.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    11 février 2011

    Monsieur Haché,
    Cette magistrale démonstration, vous pourriez l’afficher en UNE d’un grand quotidien libre, dans un pays normal.
    J’ajoute une observation sur l’anomalie du 23 avril dernier, lors de l’accueil des athlètes de retour de Vancouver. En catastrophe, M. Aubut organise une parade sur la rue Sainte-Catherine, qui culmina au square Phillips, coin Union, face au monument à Edouard VII. La jovialiste Nathalie Lambert ne se pouvait plus de l’animateur Grégory Charles, notre digne représentant. On lui demandait : Et pourquoi pas au Stade OLYMPIQUE ? On est une ville OLYMPIQUE avec un majestueux stade, pour accueillir les athlètes OLYMPIQUES… Elle répliqua diplomatiquement que nous avions là une merveilleuse fête… avec un sourire gêné. Le tout s’est terminé au Centre Bell !…
    Bon, la ville s’anglicise ? Mais le Stade n’a pas dit son dernier mot : les touristes japonais auront bientôt davantage que des dalles de béton désertes à visiter quand ils descendront de leur autobus. Le Planétarium qui vient s’installer à l’ombre de la tour complétera l’ensemble des Museums nature qui se réunissent en se renouvelant actuellement : Biodôme, Insectarium et Jardin botanique. La forêt éphémère, en ce moment constituée des collectes d’arbres de Noël, préfigure cet Espace pour la Vie qui redonnera justement vie à ce quartier(Centre sur la biodiversité de Montréal).
    http://www.montreal2025.com/projet.php?id=212&lang=fr
    Les Montréalais régleront bientôt l’imbroglio de patronage que fut le toit du Stade après le congédiement de Taillibert. Ils pourront alors ramener à cette monumentale pièce d’architecture ses pleines fonctions originales et nouvelles, clouant le bec aux niais humoristes qui ne l’ont jamais vu de terre ou des airs. Le quartier s’en verra convaincu de se faire encore plus accueillant par l’aménagement urbain, l’hôtellerie et la joie de vivre en français. Résidants du voisinage du parc Maisonneuve, nous avons hâte de rendre ainsi hommage aux bâtisseurs de ce quartier, qui ont loti des terres pour loger les travailleurs des usines Angus comme des installations du port, après le prolongement dans l’est de la rue Sainte-Catherine au début du XIXe siècle.
    Évidemment, tout ça irait plus vite si le Québec tout entier en était, socialement et politiquement.