Questionner l'immigration

Marine Le Pen, Michaëlle Jean et bien d'autres

Tribune libre

Il m’est arrivé ici, sur Vigile, d’utiliser des mots très durs à l’endroit de Michaëlle Jean. Parce qu’elle est noire ? Pas le moins du monde. J’ai vécu et travaillé si longtemps à Mtl-Nord…
Mais connaissez-vous une seule personne mieux qualifiée et surtout plus prestigieuse que Mme Jean, pour chalenger la communauté haïtienne de Mtl-Nord ? Cette communauté n’est pas parfaite. Les problèmes spécifiques de cette communauté deviennent les nôtres.
Mme Jean préfère le ton moralisateur et accusateur de l’Autre, et ce ton ne quitte jamais les sentiers battus et rabattus de la rectitude politique. Ce n’est pas le combat de Marine Le Pen, qui ne craint pas, semble-t-il, de se mettre le nez au vent.
Quand bien même, moi-même ici, ou tout Vigile en bloc, passerions notre temps à dénoncer ce qui est à être dénoncé chez la communauté haïtienne, par exemple, cela glisserait sur le dos de cette communauté comme l’eau sur le dos d’un canard. Les accusations de racisme voleraient rapidement.
Le multiculturalisme canadien encourage la ghettoïsation des nouveaux arrivants pour une très longue durée. Tout un système médiatique ainsi que les partis politiques (bien trop peureux), ne remettent jamais en question cette doctrine d’État canadienne. Les chefs de file de ces communautés se perçoivent comme des défenseurs (Dan Philipp et la Ligue des Noirs sont un bel exemple), et se comportent souvent comme des chefs réticents. Dans ces conditions, un dialogue de sourds peut facilement s’instaurer. De là à démoniser l’Autre, la distance pas n’est pas bien difficile à franchir.
Marine Le Pen doit certainement compter dans son parti certains éléments racistes. Mais elle-même ne tient pas un discours raciste parce qu’elle questionne l’immigration.
Ne jamais questionner l’immigration ou pire, la célébrer, tout bonnement et tout bêtement, c’est très précisément le meilleur moyen de laisser la place aux racistes pour qu’ils picossent plus facilement les immigrants.
L’immigration doit être questionnée, et les immigrants interpellés dans leurs valeurs, et non pas dans leurs couleurs. À cet égard, ce n’est certainement pas Marine Le Pen le plus grand ennemi. Ce serait plutôt bel et bien une rectitude politique vertueuse, qui prétend moraliser le discours, en prenant grand soin de ne jamais passer le micro aux gens ordinaires, français ou québécois, pour le réserver en exclusivité à ses spécialistes et à ses perroquets.
Main dans la main, une vielle gauche et une vielle droite font fausse route.
Marcel Haché


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