Caucus du parti québécois

Boisclair veut une plateforme plus au centre

Crise de leadership au PQ


Denis Lessard -
Québec - Un Parti québécois plus au centre, plus accueillant pour les entreprises et qui tentera de jouer en sourdine l'option souverainiste en campagne électorale. Bien des débats sont à prévoir au sein du PQ d'ici le déclenchement des élections.
Selon les informations obtenues par La Presse, bien des propositions faites dans l'ébauche de plateforme électorale préparée par le député de Vachon, Camil Bouchard, seront mises de côté, essentiellement parce qu'elles coûteraient trop cher au Trésor public. Retravaillée en profondeur par les proches conseillers d'André Boisclair, la plateforme que compte faire adopter le chef péquiste lors d'un conseil national convoqué juste avant le déclenchement des élections sera beaucoup plus au centre que ne l'espérait l'aile sociale du Parti québécois.
Relancé hier par La Presse, André Boisclair a répondu : " Il faut être ferme. Le Parti québécois à la prochaine campagne électorale ne sera pas le même qu'en 2003. On sera préoccupé par la situation de l'économie. Le produit intérieur brut croît de façon anémique, les revenus disponibles augmentent moins rapidement au Québec qu'au Canada. Les investissements privés sont en chute libre. Nous aurons un propos moderne sur le développement de l'économie ".
Il soutient aussi que le PQ " exigera davantage des entreprises du point de vue environnemental ".
Et les questions sociales? Il souligne qu'" il y a de la place au Québec pour plus de justice ".
Des sources péquistes indiquent que Camil Bouchard s'est fait dire que son projet de programme " coûterait trop cher ". " Pas besoin d'un doctorat en économie pour voir qu'il y avait bien des hausses d'impôts là-dedans ", résume-t-on. D'ailleurs, le député de Vachon n'a pas entendu parler de la suite qu'on entendait donner à ses recommandations.
Pour André Boisclair la journée d'hier était un passage très délicat après deux jours de critiques venant des députés, des dirigeants du PQ et même l'ancien premier ministre Bernard Landry.
M. Landry n'a guère eu d'appui hier. " Cela fait longtemps qu'il rêve de devenir le chef. Mais il n'a aucun appui dans le caucus ", a dit le député Claude Boucher. " On va aller aux élections avec André Boisclair, il n'est pas question de Duceppe, on est à un mois, ou un mois et demi des élections ", a poursuivi M. Boucher. La sortie la plus dure sur M. Landry est venue de son ancien lieutenant, Sylvain Simard. " La pire chose que je puisse dire sur ses interventions, c'est qu'elles n'ont pas même été mentionnées au caucus ce matin ", a-t-il laissé tomber.
Hier, il n'y a pas eu de déchirements, pas de séances émotives de crêpage de chignon, mais plusieurs députés ont signalé l'importance de l'appui des centrales syndicales pour le Parti québécois.
" On va faire en sorte que les gens des centrales se sentent confortables au PQ ", a dit M. Boisclair à l'issue de la rencontre.
Daniel Turp, député de Mercier, a précisé que " les gens au PQ sont fiers de leur chef ". Ce dernier a soutenu que son caucus était " en mode solution, tourné vers l'avenir ".
" Le message que je retiens est de ne pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué ", a aussi affirmé M. Boisclair. " Je continue de changer parce que j'apprends. Je vais continuer à apprendre, mais à diriger en même temps ", a-t-il ajouté.
Hier, le chef du PQ voulait montrer qu'il avait bien reçu le message des députés qui voulaient voir plus d'agressivité sur des questions qui touchent les électeurs. Ainsi, il a critiqué l'ouverture aux accommodements raisonnables de la Société d'assurance automobile, que rapportait La Presse en manchette. Il a aussi souligné qu'il était intervenu dans ce dossier avant le chef adéquiste Mario Dumont. Et sa critique à la Santé, Louise Harel, était à ses côtés pour immédiatement répliquer à la politique du médicament rendue publique hier par le ministre Couillard.
D'entrée de jeu hier matin, Daniel Turp annonçait qu'il fallait " corriger sur la souveraineté : il faut en parler, dire à nos membres qu'on va présenter un projet de pays. Beaucoup de militants croient que notre chef ne parle pas assez de souveraineté ". Et il a rappelé que le projet d'une Constitution québécoise était important pour les électeurs.
Relancé sur l'option souverainiste, André Boisclair a subitement mis les freins. " La souveraineté sera au centre... de nos débats. Et on va en parler dans la campagne ", s'est-il contenté de dire.
Pour lui, le PQ " maintiendra le cap sur son objectif de faire la souveraineté le plus rapidement possible ".


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