Bock-Côté entre en dissidence

Ne laissons pas le multiculturalisme culpabiliser l’Occident, clame le brillant sociologue

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Il n'est pas le seul

Mathieu Bock-Côté (MBC) n’est pas un intellectuel de province. La profondeur de sa réflexion et la richesse de son style, qui allie densité et clarté, témoignent de son appartenance à l’élite de la pensée occidentale actuelle. Il fallait l’entendre, le 11 juin dernier, débattre avec le philosophe français Alain Renault à l’émission Répliques, animée par Alain Finkielkraut sur France Culture, pour n’en pas douter : MBC a de l’envergure.

Plus qu’un brillant commentateur, le jeune sociologue est un véritable penseur. « Il faut dire, écrit Vincent Trémolet de Villers dans Le Figaro Histoire de juin-juillet 2016, que Mathieu Bock-Côté voit tout, lit tout, comprend tout. Qu’il s’adresse à son lecteur avec la précision et l’enthousiasme de celui qui a choisi de transmettre plutôt que de poser. » En effet.

Et ce que MBC transmet dans Le multiculturalisme comme religion politique, un essai aux références principalement européennes, c’est une critique radicale de l’idéologie dominante de notre temps qu’est le multiculturalisme, une pensée qui postule, en gros, que l’Occident serait coupable d’avoir écrasé les groupes minoritaires (ethniques, sexuels, sociaux, etc.) et que la justice nous impose, désormais, de déconstruire cette domination pour contribuer à l’avènement d’un monde enfin libre.

Mai 68

La gauche, jusqu’aux années 1950, critiquait le capitalisme au nom de l’horizon socialiste. La découverte de ses dérives totalitaires force toutefois ceux qui s’en réclament à changer de cap. On identifie alors « les nouvelles formes de l’exclusion sociale » et « les nouveaux acteurs pouvant endosser la critique de la société ». Mai 68, en France, est le moment phare de cette transformation de la gauche classique en une nouvelle gauche, plus sociale et culturelle que politique et économique.

On passe donc, note MBC, « d’une critique du capitalisme à une critique de la civilisation occidentale et des grandes institutions qui sont considérées comme sa gardienne, qu’il s’agisse de l’État, de la nation, de la famille ou de l’école ». Le prolétariat, héraut de l’élan révolutionnaire d’hier, n’a plus la cote puisqu’on le découvre trop souvent conservateur. La nouvelle gauche, qui a rencontré la contre-culture, s’investira désormais dans la défense de toutes les « identités subordonnées à l’hégémonie de l’homme blanc occidental ». La droite conservatrice, quant à elle, finira par se rallier mollement à cette idéologie « diversitaire » et ne se distinguera plus de la gauche que par son néolibéralisme assumé.

Aujourd’hui, ce multiculturalisme se présente comme l’incarnation du progrès et s’impose comme la trame des sociétés occidentales. L’histoire, au lieu d’être une école de patriotisme, de mémoire ou de gratitude, est mise en procès. On criminalise le passé en accusant nos ancêtres d’avoir péché contre la diversité. « Étudier l’histoire, explique MBC en déplorant cette attitude, c’est apprendre à s’en délivrer. Car que retenir d’un monde qui s’était édifié en écrasant la différence ? »

Toute une sociologie, dans la même logique, s’emploie à rejeter la pertinence « d’une culture commune nouée dans une histoire » et prône « l’inversion du devoir d’intégration », en faisant de la société majoritaire la responsable de toutes les exclusions. L’identité nationale, enfin, est appelée à abandonner « son particularisme historique » pour ne pas « blesser les nouveaux venus » et à se dissoudre dans un pacte juridique.
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