Bernard Landry évoque un «désarroi démocratique»

Recomposition politique au Québec - 2011



Bernard Landry ne sait pas trop quoi penser des résultats électoraux de lundi. Il cherche des explications à la gifle infligée au Bloc québécois.
Photothèque Le Soleil


Jean-Marc Salvet Le Soleil (Québec) «Il existe une espèce de panique et de désarroi démocratique et politique au Québec», a déclaré Bernard Landry en entrevue au Soleil, mardi.
Il met la déroute du Bloc québécois sur le compte du «désamour» des citoyens envers la classe politique, «tous partis confondus». C'est aussi en évoquant cette défiance qu'il explique les difficultés relatives du Parti québécois.
«Au Québec, il existe une suspicion contre toute la classe politique. Le Parti québécois - qui va gagner [les prochaines élections générales] - devrait normalement tout balayer [dans les sondages]. Or, quand vous regardez les chiffres, il ne balaie pas tant que ça.»
Bernard Landry ne sait pas trop quoi penser des résultats électoraux de lundi. Il cherche des explications à la gifle infligée au Bloc québécois.
L'ancien chef du Parti québécois, qui a lui-même contribué à la naissance de ce parti sur la scène fédérale, s'interroge aussi sur les conséquences de cette défaite sur les troupes de Pauline Marois.
«C'est évident que bon nombre de souverainistes ont tourné le dos au Bloc. C'est là que l'explication devient extrêmement complexe. On est un peu dans la psychologie, même.»
Pour le Parti québécois, «ça pourrait être positif», a-t-il confié en parlant de l'«effet de balancier». «On a donné le signal dans un sens, pourraient se dire les Québécois. Là, on va compenser; on va le donner de l'autre aux prochaines élections québécoises - comme du temps de Lévesque à Québec et de Trudeau à Ottawa. Ça pourrait aussi être négatif, a-t-il enchaîné. Si jamais un nouveau mouvement se levait, et jouait sur le désarroi psychologique, ça pourrait être moins positif...»
Bernard Landry n'a pas caché faire référence à l'ancien péquiste François Legault, qui a décidé de mettre la question de la souveraineté du Québec entre parenthèses.
Il sait que M. Legault n'exclut pas de fonder un parti politique l'an prochain. Ou qu'un mariage de raison pourrait être conclu avec l'Action démocratique de Gérard Deltell.
Toujours pertinent
Le Bloc québécois «est passé dans le tamis de la nouveauté», dit-il. «L'idée du changement» a gagné. Le fameux «il faut que ça bouge, il faut que ça change» l'a emporté, selon lui.
L'ancien chef du PQ croit toujours en la pertinence d'un parti souverainiste à Ottawa. «Le Bloc a rendu des services énormes. S'il avait été là plus tôt, on ne se serait pas fait imposer une Constitution unilatérale par Trudeau, par exemple.»
Pour lui, la «démocratie» exige la poursuite de cette aventure. «Moi, je paie des impôts à Ottawa. Je ne veux pas être forcé de voter pour un parti qui veut que le Québec reste une simple province. Il doit y avoir un parti indépendantiste à Ottawa.»


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