Banques : Les profits records ne suffisent pas

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Lorsque les records deviennent indécents

Encore des profits records
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Notre confortable oligopole bancaire canadien (c’est la revue The Economist qui le dit) vient de réaliser une fois de plus des profits records pour réaliser une fois de plus des profits records pour l’année 2012-2013. 4,2 milliards$ pour la Banque de Montréal, 6,7 milliards$ pour la Scotia, 8,4 milliards$ pour la Royale, 3,4 milliards$ pour la CIBC et 6,7 milliards$ pour la TD. Well done! Qui paie ces gros profits sinon vous et moi?
Gros profits records sans prendre pratiquement aucun risque, puisque les prêts problématiques sont effectués par les institutions financières d’État, comme la Banque de développement du Canada, la Société canadienne d’hypothèque et de logement, la Banque de développement du Québec et par tous les ministères. Si les banques, toujours assoiffées d’argent vite fait, perdent du fric en misant sur des instruments dérivés et des papiers commerciaux pourris, n’ayez crainte, Québec et Ottawa vont s’empresser de les secourir avec l’argent du public, comme ce fut le cas lors de la crise financières de 2008 : «Les banques canadiennes ont reçu des milliards en aide» (La Presse, 1er mai 2012).
Pour de plus gros profits records, les banques exigent des baisses d’impôts et plus d’abris fiscaux
Même si tout le monde sait que le Canada est un paradis fiscal pour les banques et les entreprises et en débit de profits records engrangés à chaque année, elles exigent quand même des baisses d’impôts tout le temps : «Les banques canadiennes veulent un assouplissement du régime fiscal» (Le Devoir, 16 août 2011). Assouplissement (quel joli nom) du régime fiscal même si : «Entreprises canadiennes : des taux d’imposition parmi les plus bas au monde» (La Presse, 5 mars 2010). Il y a aussi : «Le Canada, champion de la compétitivité fiscale» (25 septembre 2012). Voulez-vous vraiment d’autres preuves?
Et, évidemment, afin de remplir davantage leur gros cochon, elles exigent la privatisation des pensions de retraite et de la santé publique et demandent plus d’abris fiscaux comme les REER, les CELI, les REEE, etc., qu’elles vont administrer et s’opposent dans à l’encadrement de leur évasion fiscale dans les paradis fiscaux.
Prenons le cas de la Banque de Montréal
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Comme je vous l’ai mentionné, la Montreal Bank a réalisé un énième profit record en 2013 de 4,2 milliards$. Incroyable mais vrai, les détenteurs de capitaux furent franchement déçus et même vexés d’un si «petit» profit. Le marché s’attendait à beaucoup plus. Ça fait que la journée de l’annonce de ces «maigrichons» bénéfices, l’action de la Banque de Montréal a perdu 3,28$, soit 4,5% de sa valeur. Cé ben pour dire. C’est comme si un employé serait insulté de recevoir une hausse de salaire record. C’est carrément pas seulement indécent, mais criminel de vouloir à tout prix et par tous les moyens d’en vouloir plus que les profits records «décevants».
Flusher d’autres employés et recourir à la venue d’étrangers au Canada même
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Afin d’améliorer «l’efficacité de leurs activités», mots propres de la Banque de Montréal qui vient d’annoncer l’élimination de 1000 postes de plus afin de ne plus décevoir à l’avenir les détenteurs de capitaux avec d’aussi «petits» profits. Au diable le sort de ces employés passés au moulinet. Ils n’auront qu’à aller se faire voir ailleurs. L’important est de satisfaire le bien-être des actionnaires et des dirigeants : «Banques canadiennes : 10 milliards en bonis salariaux» (11 décembre 2012). Bonis salariaux aux boss s’entend. Et, bonnes nouvelles pour les actionnaires : «Banques. De meilleurs dividendes en vue» (27 août 2012). Et des gros en plus de ça : «Banques : un dividende extraordinaire? (18 avril 2013). Gros dividendes et aussi gros rachats d’actions comme vient de le faire la Banque de Montréal.
Et pour faire plus de «cold cash» sur le dos de la population et comme les banques canadiennes ne peuvent pas déménager leurs installations et succursales à l’étranger, comme le font les autres entreprises, pourquoi ne pas faire venir ici même au Canada des travailleurs étrangers payés moins chers avec la bénédiction et l’aide des gouvernements. Fallait juste y penser et embaucher de bons lobbyistes comme les anciens ministres conservateurs Michael Fortier et Jim Prentice, devenus hauts dirigeants à la Banque Royale et à la Banque CIBC : «La Royale s’excuse, mais persiste. Tout au plus, la banque s’engage-t-elle à trouver un nouveau poste aux 45 employés licenciés au profit de travailleurs étrangers» (Le Devoir, 12 avril 2013). Et il y a aussi : «BMO aussi recourt à des travailleurs étrangers. La banque dit toutefois respecter l’esprit de la loi» (Le Devoir, 11 avril 2013). C’est comme pour l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux, les frais bancaires abusifs et les taux d’intérêt quasi-shylockiens sur leurs cartes de crédit, elles respectent en tout temps la loi et son «esprit». C’est pour ça qu’elles font toujours des profits records à chaque exercice.
Des activités américaines décevantes pour la Montreal Bank
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Ah ben, aux États-Unis, les activités de la Banque de Montréal ont été nettement décevantes. Vous m’en direz tant. Au Canada, il est si facile de réaliser des profits records pour nos banques canadiennes qui opèrent dans un cadre oligopolistique. La collaboration plutôt que la concurrence entre banques a bien meilleur goût. Même un singe bien programmé pourrait diriger une banque canadienne. Mais aux States, c’est pas pen toute le même environnement, là où nos très chères banques canadiennes qui s’y aventurent ont à se frotter à des centaines de concurrents dans l’industrie bancaire, contre six au Canada, et à affronter des gros joueurs comme Bank of America, JP Morgan Chase, Citigroup, etc. Voilà pourquoi elles délaissent parfois les États-Unis : trop de concurrence «belliqueuse» et agressive. Vous vous demandez toujours pourquoi les frais bancaires de toutes sortes sont plus élevés au Canada qu’ailleurs en général et chez l’Oncle Sam en particulier? Le cas des banques canadiennes illustre bien la vraie nature du capitalisme dans lequel préséance est toujours donnée aux actionnaires et aux dirigeants. Les employés ne sont que des ustensiles jetables et compressibles en tout temps.
Et la Banque Nationale maintenant
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En gros titres le 5 décembre 2013 : «Banque Nationale. Résultats en baisse; effectif réduit». Imaginez le profit net de 2012 de 1,63 milliards$ a chuté «dramatiquement» à 1,55 milliards$ en 2013. Qu’à cela ne tienne, il a fallu couper dans le gras des employés ordinaires mais surtout pas dans les parachutes dorés des patrons et des vaches sacrées des actionnaires : «La Banque Nationale hausse son dividende (Hourra!). Le bénéfice net a régressé (1) à 1,55 milliards$ pour l’ensemble de l’exercice 2013» (Le Devoir, 5 décembre 2013).
Nos élus à Québec et à Ottawa voient passer ces profits records indécents réalisés par les banques canadiennes. Mais pas question pour eux d’augmenter un tant soi peu leurs impôts. Au contraire, ils préfèrent les baisser et les subventionner davantage. Ils sont plus courageux pour taxer les travailleurs qui s’appauvrissent, d’augmenter les taxes régressives à la consommation et la tarification des services publics. En plus, ils annoncent continuellement des coupures dans nos services publics qu’ils qualifient de «dépenses d’épicerie».


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