Avilir le Québec

Le discours réactualisé de Bourassa peut alors se traduire ainsi : non, la nation québécoise n’est pas à vendre.

Anglicisation du Québec

Ainsi donc, au nom d’une quête effrénée de la « réussite économique » et
d’un « épanouissement sans précédent ». les francophones du Québec
devraient dès maintenant abdiquer en optant pour «l'anglicisation de la
société québécoise, assurée par l'instauration de l'éducation obligatoire
en langue anglaise pour tous les jeunes Québécois ». Le texte intitulé [«
Angliciser le Québec »->12085] (Le Devoir, 27 février 2008) constitue une si
ahurissante provocation qu’on s’interroge non seulement sur les motivations
de ses auteurs mais aussi sur celles du journal qui le publie. Certes, le
déclin du français à Montréal et au Canada apparaît inéluctable. Mais
comment diagnostic si juste peut-il mener à recommander un remède si
abject? MM. Campeón et Dion-Goudreau croient-ils vraiment en ce qu’ils
écrivent ou émettent-ils pareil brulôt dans le noble but de nous secouer
les puces ? Veulent-ils en cela nous forcer à expliciter clairement
pourquoi nous tenons tant à notre langue et ce qui nous retient pourtant
encore de faire du Québec un pays ? Et Le Devoir ? Publie-t-il un tel
pamphlet pour s’amuser à observer le tollé qu’il provoquera et l’avalanche
de courrier qu’il engendrera ?
***
Quoi qu’il en soit, la suggestion émise par MM. Campeón et Dion-Goudreau
est similaire à une autre faite aux Québécois il y près d’un siècle.
Participant au Congrès eucharistique international de Montréal en 1910, [Mgr
Francis Bourne invita les Canadiens-français->http://faculty.marianopolis.edu/c.belanger/QuebecHistory/docs/1910/6.htm] à contribuer à l’unité des
catholiques d’Amérique en s’assimilant à la langue anglaise. Cinglante, la
réplique vint du fondateur du Devoir, le grand Bourassa (Henri, bien sûr)
dans son célèbre discours de Notre-Dame.
« Soyez sans crainte, vénérable
évêque de Westminster : sur cette terre canadienne, et particulièrement sur
cette terre française de Québec, nos pasteurs, comme ils l’ont toujours
fait, prodigueront aux fils exilés de votre noble patrie comme à ceux de
l’héroïque Irlande, tous les secours de la religion dans la langue de leurs
pères, soyez-en certain. Mais en même temps, permettez-moi, Éminence, de
revendiquer le même droit pour mes compatriotes, pour ceux qui parlent ma
langue, non seulement dans cette province, mais partout où il y a des
groupes français qui vivent à l’ombre du drapeau britannique, du glorieux
étendard étoilé, et surtout sous l’aile maternelle de l’Église catholique,
de l’Église du Christ, qui est mort pour tous les hommes et qui n’a imposé
à personne l’obligation de renier sa race pour lui rester fidèle »,
lança-t-il sous l’ovation de la foule.

En 2008, préférons « identité » au sens désuet du mot « race » et
remplaçons le Christ par son successeur, le Dieu de l’argent et du profit.
Le discours réactualisé de Bourassa peut alors se traduire ainsi : non, la
nation québécoise n’est pas à vendre.
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --

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Christian Gagnon138 articles

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CHRISTIAN GAGNON, ing.
_ L’auteur a été président régional du Parti Québécois de Montréal-Centre d’octobre 2002 à décembre 2005





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    29 février 2008

    merci Christian!
    C'est pourtant clair ce que dit Bourassa! Personne n'ecoute ?
    Je t'ecris de la Floride.... j'ai hate de rentrer juste pour te lire encore!
    Salut,
    Cecile