Robinets fermés, eau contaminée, odeurs nauséabondes, cafouillages administratifs, files d’attente interminables, distribution chaotique de l’eau embouteillée et tout le reste. Moments assez troublants pour les 300 000 résidents de la ville de Longueuil aux prises avec une eau potable sortant du robinet contaminée au benzène et impropre à la consommation humaine.
Que s’est-il passé exactement? Là aussi, rien n’est limpide comme de l’eau de roche. Il faudra attendre les études plus approfondies des autorités ministérielles dans le domaine. Dans ce contexte de crise, la mairesse, Caroline Saint-Hilaire, ne l’a pas eu facile de la part d’une population en rogne, mais aussi de certains journalistes quelque peu harcelants, voire même intransigeants. La gestion d’une situation de crise n’est pas de tout repos pour les autorités en place. Quand tout va bien, les plans d’urgence demeurent bien impeccables sur papier évidemment. Une situation qui nous amène à réfléchir plus en profondeur tout de même.
Fort heureusement, le Québec ne risque pas de souffrir du manque d’eau avec son million de lacs et 130 000 cours d’eau. Le Canada recèle l’une des plus grandes réserves d’eau douce au monde; son territoire contient environ 9% des ressources mondiales alors qu’il n’abrite que 0,5% de la population mondiale. L’événement de vendredi dernier sur la rive-sud, nous fait prendre davantage conscience combien cette ressource naturelle essentielle à la vie est primordiale et se doit d’être protégée à tout prix. Saviez-vous que sur la planète, 97,5% de l’eau est salée et seulement 2,5% est douce. Notre coin de pays s’avère une oasis exceptionnelle sur cette terre assoiffée et enviée de par le monde. Des millions de personnes sur le globe n’ont toujours pas accès à une eau potable de qualité ou tout simplement à l’eau tout court. Que nous réservera l’avenir?
Des progrès importants ont été accomplis dans le monde pour rendre accessible l’eau, cette boisson indispensable. On ne peut vivre sans eau. Elle nourrit plantes et animaux de presque tous les écosystèmes, même ceux du désert. Tout le monde le sait pertinemment, les lacs, les étangs, les cours d’eau et les terres humides aident à la survie d’une grande diversité d’espèces et jouent un rôle écologique de premier plan. Pour les humains fragiles que nous sommes, l’eau douce constitue un élément fondamental. En fait, l’eau fait partie intégrante de toutes les sphères de la vie humaine, sociale, économique et culturelle. L’eau, c’est la vie!
Saviez-vous qu’encore aujourd’hui un enfant meurt à toutes les 8 secondes par manque d’eau? En fait, c’est plus de 672 millions de personnes qui en sont privées, une grande partie d’entre elles se retrouvent en Afrique subsaharienne. J’ai séjourné deux mois il y a quelques années dans les zones rurales du Mali. J’ai foulé à maintes reprises ces terres déshydratées en période de sécheresse. Il fallait marcher jusqu’à deux kilomètres pour puiser l’eau. J’ai même labouré avec des bœufs ces terres arides qui, au moindre vent, soulevaient un nuage de sable qui pénétrait toutes les orifices de mon corps tanné par le soleil brûlant. Il faut le vivre pour le croire. Oui, l’eau, c’est vital!
Sur la planète actuellement, ce n’est pas tant l’eau qui fait problème que son accessibilité. Rendre l’eau accessible aux populations en manque est l’un des défis majeurs dans certaines régions du globe. Avec toutes les images et les statistiques qui nous bombardent périodiquement, il est normal de s’interroger sur la pénurie de cette ressource indispensable. Selon de nombreux observateurs, la crise fondamentale de l’eau en est une pour l’instant d’accessibilité. Même les pays industrialisés, avec leurs énormes ressources, ne sont pas exempts aussi de problèmes d’accessibilité ou de contamination.
Au cours des dernières décennies, des pas de géants ont été franchis pour rendre l’or bleu accessible à la population en manque. La Chine et l’Inde sont les pays qui ont fait un progrès remarquable au cours des dernières décennies. En Chine, 89% de la population a désormais accès à l’eau potable comparativement à 79% en 1990; en Inde, ce chiffre atteint les 88% alors qu’il était à 72% en 1990. On peut se demander à juste titre à qui appartient l’eau du globe. Est-ce un patrimoine mondial qui appartient à toute l’humanité ou est-ce seulement la propriété de quelques pays bien nantis? La question se pose sérieusement en cette période critique d’accessibilité.
Deux milliards d’habitants survivent avec moins de cinq litres d’eau par jour; dans les pays de l’Afrique du Nord et du Proche-Orient, chaque habitant doit se contenter en moyenne de trois litres d’eau par jour. L’eau douce est donc une denrée rare et pourtant dans les pays développés nous dépensons jusqu’à 15 fois la consommation des pays pauvres. Chaque Québécois consomme 424 litres d'eau potable quotidiennement. En un an, cela représente 5 piscines hors terre. C'est deux fois plus que les Européens et presque 20 % de plus que la moyenne canadienne. Quoi qu’il en soit, l’eau potable est essentielle à la vie humaine. Elle est un droit fondamental pour tous les humains. Nous l’avons dit précédemment, des millions de personnes n’y ont pas accès pendant que d’autres la gaspillent sans retenue.
Pour assurer un avenir à tous, ne faudrait-il pas modifier nos façons de faire rapidement? Goutte à goutte, changeons progressivement nos habitudes de gaspillage éhonté d’eau douce et mettons en place des mesures pour protéger ce bien précieux. C’est mieux qu’un coup d’épée dans l’eau!
* Journaliste et directeur général d'Auvidec Média
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