Au-delà du niqab

Tribune libre

Au-delà du niqab.

Les médias mettent l’accent sur les accommodements raisonnables surtout en ce qui concerne l’acceptation ou non dans les lieux publics et chez les agents de l’État des signes religieux comme la niqab et le hijab. Des journalistes acceptent même de porter le niqab pour tester la tolérance des citoyens québécois.

Il est important de rappeler que cet enjeu est mis de l’avant par des femmes qui réclament de porter certains signes religieux et que ce débat est fait à partir des principes de tolérance que doit faire montre la société et de respect de droits individuels de celles, qui, au nom de leur conscience individuelle religieuse, pratiquent leur foi.

Remarquons d’abord que ce sont surtout des femmes, instrumentalisées ou non, qui, par leurs gestes, posent le problème. Il est cependant significatif que les analystes évaluent essentiellement la tolérance des citoyens envers le port du niqab, comme si ce geste était une fin en soi. Autrement dit, on traite ce sujet sans le resituer dans la perspective religieuse des rapports entre les hommes et les femmes et ceux entre les divers membres de la famille. S’arrêter à démontrer la tolérance ou non des citoyens face au port du niqab, sans se poser la question sur les raisons qui poussent des femmes à porter ce vêtement, m’apparaît peu instructif et surtout enferme les raisons du refus de ce signe dans une logique d’intolérance perçue inéluctablement comme déraisonnable. Si nous nous plaçons maintenant du côté de celles qui le portent, nous pouvons aller plus loin. Globalement, le port du niqab chez les femmes est une façon de vénérer le prophète. Mais tout ne s’arrête pas là. Si elles vénèrent le prophète, elles acceptent aussi ces enseignements et ces préceptes. Regardons seulement la question de la famille et de la place de la femme dans cette institution. La conception islamique du rôle inférieur de la femme dans la famille face à la primauté du père comme seul chef de la famille est certainement connue et acceptée par ces femmes qui démontrent une telle dévotion envers le prophète.

Derrière cette volonté de promouvoir un supposé multiculturalisme de bon aloi dans toute démocratie, il est clair que pour certains groupes intégristes (musulmans, juifs, chrétiens, etc), ce projet interventionniste de l’État entre 1960 à aujourd’hui, qui va dans le sens d’une gestion matérielle et symbolique des familles où se manifeste la substitution d’institutions étatiques aux mécanismes traditionnels de solidarité, n’est pas acceptable par les courants traditionnalistes et/ou orthodoxes de ces religions. C’est la nouvelle institution familiale que les groupes intégristes contestent car sa recomposition contredit ouvertement des principes sacrés que nous retrouvons autant dans l’Islam (Coran) que dans la religion juive (Torah).

La modernisation occidentale de la famille

En effet, de 1964 à aujourd’hui, de nombreuses législations ont modifié profondément le cadre juridique dans lequel doivent évoluer les familles québécoises et par le fait même, les rapports interpersonnels à l’intérieur de ces familles: corrélativement, le rôle de l’État dans la reconstruction de la cohésion sociale a subi lui aussi de profondes modifications.

En ce qui concerne la transformation de l’institution familiale, rappelons quelques lois importantes : Loi sur la capacité de la femme mariée (1964), Loi sur le mariage civil (1968), Loi fédérale sur le divorce (1968), Loi sur la protection de la santé publique (1972), Loi sur l’autorité parentale (1977), Loi sur la protection de la jeunesse (1977), Loi sur le patrimoine familial (1989), Loi sur le mariage homosexuel (2005), etc.

Toutes ces lois s’inscrivent dans une tendance d’extension du rôle de l’État dans cette modernisation de la famille. Elle marque aussi une autonomisation de la femme-mère et de l’enfant dans le cadre familial, qui étaient auparavant soumis à la primauté de la puissance homme-père.

En fait, un certain nombre de normes viennent baliser le champ familial : promotion sur base d’égalité de plusieurs modèles familiaux, reconnaissance de droits aux enfants, remise en question des rôles traditionnels dévolus à la femme et à l’homme, conception nouvelle du mariage perçu plutôt comme un lieu d’échanges affectif qu’un lien institutionnel.

Si l’État est devenu plus réservé lorsqu’il s’agit d’imposer et de consolider le modèle familial basé sur le mariage, il devient beaucoup plus directif quant au modèle des relations entre parents et parents-enfants : égalité des parents, droits donnés aux enfants, devoirs accrus des parents, extension du rôle de l’État. Ce dernier se donne ainsi les moyens d’intervenir plus facilement et plus directement dans la famille. En réalité, nous passons, ce que les sociologues de la famille ont appelé, de la famille conjugale à la famille parentale.

De cette grande réforme du droit familial découlent deux conséquences qui touchent directement les traditionalistes:

1) Le concept d’autorité parentale met de côté la puissance paternelle et donc la primauté du père dans les échanges intrafamiliales. Le père est reconnu dans les droits coutumiers juifs et islamiques, comme le seul chef de la famille, Son épouse et ses enfants lui sont soumis.

2) L’extension du rôle de l’État dans les affaires intrafamiliales est consolidée et tout arbitrage se fait par la médiation étatique et au nom de principes comme l’égalité entre le père et la mère et le respect des droits et de l’intérêt de l’enfant.

Les parents ont des droits dans la mesure qu’ils remplissent leurs devoirs envers les enfants sous le regard de l’État

Dans un premier temps, certains groupes islamiques ont tenté de faire reconnaître les tribunaux traditionnels familiaux dont la « charia » est le principe de base. Devant l’opposition des Canadiens et des Québécois face à cette reconnaissance officielle de ces tribunaux religieux, ces mêmes groupes, sous le couvert du respect de la conscience religieuse tentent une nouvelle offensive contre l’État et la famille moderne.
Cette révolution des mœurs familiaux a confronté divers milieux intégristes qui d’une part, n’acceptent pas que l’État joue un rôle dans les affaires familiales (surtout dans leurs familles) et que, d’autre part, le père (pater potestas) perde ce pouvoir unique dans la famille que ces religions tiennent de droit divin.

Dans le monde musulman la puissance paternelle (wilayah) est le principe premier qui guide le code de la famille. Le père est le chef de famille et possède la primauté sur son épouse. Il y a donc une inégalité de base entre les droits du père et ceux de la mère. Chez les orthodoxes juifs, selon la Halakha, la femme juive est soumise à un statut juridique assez différent de celui des hommes et clairement inférieur à celui-ci. Elle est considérée comme irresponsable, ou responsable partielle et son autonomie juridique est limitée, le plus souvent à son statut de fille ou de femme. Dans la famille, le père est le chef et son épouse et ses enfants sont soumis à son pouvoir.

En somme, nous ne devons pas nous arrêter à la seule question du port du niqab, c’est l’arbre qui cache la forêt. Nous devons plutôt comprendre que les réformes qui ont bouleversé notre code de la famille et qui étaient supportées par la population dans son ensemble sont aujourd’hui à la veille d’être attaquées au nom de la liberté religieuse.


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    13 mars 2010

    La vérité c`est que le Québec comme la plupart des pays occidentaux est devenu un pays athée a partir de 1960. Des pays du vide rejetant 2,000 ans de Christianisme et la morale judéo-chrétienne qui a été le roc sur lequel l`Occident s`est construit. La religion catholique a l`école a été délibérement vidée de son contenue et vue comme une arriération inutile par les élites.
    Ces élites ont donc créé par l`école des générations ignorantes de leur foi, des millions de gens a qui l`on a dit depuis leur enfance - votre foi est inutile et ridicule - des histoires et des fables pour enfants...
    Ces enfants sont devenus adultes et en charge au niveau politique, certains sont auteurs et journalistes, d`autres sont fonctionnaires ou travaillent a l`immigration. Tous pensent a peu pres la meme chose, la religion est une fable et est inutile.
    Ces gens ont décidé de faire venir des centaine de milliers d`immigrants sans regarder quelle était leurs religions et croyances et si ces croyances étaient compatibles avec les notres, avec la religion chrétienne et les valeurs d`une société chrétienne. Ils sont allés les chercher en Algérie en pleine guerre civiles et religieuse et dans d`autres pays musulmans en pleine crise et montée de l`intégrisme islamique.
    Jamais ils n`ont ouvert un Coran pour se demander a quoi pouvait bien ressembler cette croyance. Ils sont donc transféré l`islam et aussi d`autres croyances incompatible avec la foi chrétienne et leur ont donné un pied gratuitement dans notre pays. Les imams ont suivi et la doctrine commence a se développer avec tout les effets naturels a cette doctrine coranique dans nos propres pays. (Les trois inégalités du Coran - le musulman supérieur an non-musulman - l`homme supérieur a la femme - le maitre supérieur a l`esclave).
    Les premieres secousses de l`arrivée de cette doctrine commencent a se faire sentir mais les élites aveugles et athées ne comprennent pas que c`est en raison de leur propre athéisme et de leur vide spirituel que tout cela arrive et qu`ils en sont les premiers responsables. Ils ne savent plus comment gérer leur propre erreur - L`islam est l`islam et meme la laicité ne créera que plus de vide qui sera rempli par l`islam. La France est laique mais cela n`arrete en rien l`avancée islamique en France!
    Si tout les enfants avaient eu un connaissance raisonnable du Christianisme, des effets et de l`histoire de leur foi. Ces gens une fois adulte n`aurait jamais choisi des pays d`Islam comme source migratoire parceque ils auraient su que cette doctrine est anti-chrétienne et anti-juive a cause du Coran et tout ces problemes n`existeraient pas!
    Le Général De Gaulle ayant lui eu une éducation chrétienne et historique avait averti les Francais - La France est un pays chrétien et ses origines sont gréco-latine. Il avait bien dit que si l`Algérie restait francaise son village de Colombey-les-deux-églises deviendrait un jour Colombey-les-deux-mosquées et beaucoup riait a l`époque. C`est pourtant bien ce qui est en route pour la France.
    Le premier probleme de l`Occident ce n`est pas l`islam mais le genre d`élite qui prennent les décisions et influences les opinions!
    La preuve de la stupidité des élites est celle-ci: Ils nous disent donnons une chance a ces pauvres femmes qui portent le Niqab elles se sentent exclues!
    Allons-donc...ces femmes ne font que suivre leur doctrine politico-religieuse qui ORDONNE de se couper des Impies non-musulmans. Elle exigent que la société impure des kaffirs non-musulmans change pour se conformer au dogme islamique! Elle sont donc des missionaires et des militantes de l`islam pur et dur!

  • Marcel Haché Répondre

    13 mars 2010

    Nous serions à briser des rêves !
    La vérité est plutôt celle-ci : qu’elles soient instrumentalisées ou pas, qu’elles parlent français ou pas, qu’elles se dévoilent ou pas, Nous n’avons pas besoin d’elles.
    C’est très généreusement qu’elles ont été acceptées parmi Nous.
    Nous n’avons pas besoin d’elles. Les portes de la cité étaient ouvertes à leurs arrivées. Ces portes le sont encore à leurs départs.
    Nous perdons notre temps et nos argents.
    Chaque civilisation a ses dictons. Le nôtre, ici, commencerait de la façon suivante : faites du bien …
    Cessons donc un peu de tout attendre de l’état.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    11 mars 2010

    @ J. Archambault:
    «Remarquons d’abord que ce sont surtout des femmes, instrumentalisées ou non, qui, par leurs gestes, posent le problème.»
    Êtes-vous bien sûr, que ce ne sont pas les maris, frères et pères de ces femmes, des musulmans intégristes, avec leur pratique religieuse archaïque et leur intransigeance, qui seraient vraiment à la source du dit problème?
    Regardez ce qui se passe en France: ça avait commencé avec des voiles... Ils en sont maintenant rendus au point où les musulmans exercent des pressions pour que des chaînes de restaurants de fast food comme Quick, ne servent que de la viande halal! Et pour tous!