Attentat à l'aéroport de Flint: Amor Ftouhi condamné à la prison à vie

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Un djihadiste tunisien arrivé à Montréal en 2007 : « Je regrette ne pas avoir mis la main sur une mitraillette. »

FLINT — Amor Ftouhi, ce Montréalais reconnu coupable de terrorisme pour avoir attaqué au couteau un policier en juin 2017 à l’aéroport de Flint, au Michigan, va passer le reste de sa vie en prison.


Avant de recevoir sa peine, jeudi, il a lancé au juge qu’il regrettait de ne pas avoir eu de mitraillette ce jour-là pour faire un plus grand carnage.


Ébranlé, le juge Matthew Leitman a dit qu’il avait énormément réfléchi à savoir s’il devait laisser une chance à l’homme de sortir un jour de prison.


Mais les propos tenus par Ftouhi jeudi en cour ont dissipé tout doute.


«Il a été clair comme de l’eau de roche aujourd’hui. S’il avait eu l’opportunité de tuer plus de gens, il l’aurait fait», a dit le juge Leitman.


Il lui a donc infligé une peine de prison à perpétuité, ce qui était la recommandation du Procureur général. Les avocats de Ftouhi avaient plutôt plaidé en faveur d’une peine de 25 ans d’incarcération.


«Est-ce que je regrette ce que j’ai fait? Jamais, a dit Ftouhi. Je regrette ne pas avoir mis la main sur une mitraillette. Je regrette ne pas avoir tué ce policier.»


Il a ajouté qu’il avait bénéficié d’une bonne éducation et possédait de nombreuses habiletés mais a néanmoins été victime de discrimination au Canada parce qu’il n’était pas un chrétien blanc. Il a réitéré son allégeance envers la foi musulmane et ajouté que les pays occidentaux et les pays arabes devraient être maudits s’ils n’exercent pas leur pouvoir selon les préceptes d’Allah.


Ftouhi, qui a maintenant 51 ans, a été reconnu coupable par un jury en novembre dernier d’avoir commis un acte de violence dans un aéroport international le 21 juin 2017, d’avoir perturbé la sécurité d’un aéroport et d’avoir commis un acte de terrorisme transcendant les frontières nationales. Arrêté le jour même, Ftouhi était en détention depuis.


Des témoins ont rapporté qu’il avait crié «Allahou Akbar» («Dieu est grand» en arabe) durant l’attaque au cours de laquelle le lieutenant Jeff Neville a été poignardé au cou. Il a survécu mais a perdu toute sensation dans la moitié de son visage et a quitté son emploi à l’aéroport en raison de stress post-traumatique.


Le Département de la Justice américaine s’est réjoui de cette peine qui le gardera hors d’état de nuire.


«La preuve au procès a démontré que Ftouhi avait pour mission de tuer autant d’agents des forces de l’ordre que possible dans un acte de jihad violent», a déclaré le procureur des États-Unis pour le district de l’Est du Michigan, Matthew Schneider.


«La peine rendue reflète sa dangerosité extrême et le besoin de l’empêcher de commettre d’autres actes de violence dans le futur.»


À l’extérieur du tribunal, M. Neville a dit qu’il était soulagé que Ftouhi n’avait pas de mitraillette avec lui à l’aéroport. Il est satisfait de la peine imposée à l’homme qui l’a attaqué.


«J’aurais été déçu, pour être honnête, s’il n’avait pas eu la prison à vie, parce qu’il est un homme très dangereux et je crois que s’il sort de prison à 70 ans, il sera toujours un homme dangereux. Il ne doit jamais sortir de prison», a-t-il dit.


Selon le Procureur général, Ftouhi voulait tuer le policier afin de s’approprier son arme à feu dans le but d’abattre un maximum de personnes, jusqu’à ce qu’il soit lui-même tué, a-t-il écrit dans un mémoire déposé en vue de la détermination de la peine.


Interrogé par la police après avoir tenté de trancher la gorge du lieutenant Neville, il a déclaré qu’il «était venu pour punir les États-Unis pour son soutien à Israël et pour sa politique étrangère au Moyen-Orient».


Dans le mémoire que ses avocats ont présenté pour lui, Amor Ftouhi est plutôt décrit comme un homme «désespéré, traumatisé et dépressif», qui n’est pas un extrémiste poussé par une idéologie. Il était motivé par sa propre souffrance et cherchait à y mettre fin «en tuant pour être tué», peut-on y lire. Il pensait avoir trouvé une solution en devenant un martyr et en permettant à sa famille de recevoir l’argent de la police d’assurance.


Une avocate de son équipe de défense, Joan Morgan, a déclaré que la santé mentale de l’homme s’était détériorée au moment de l’attaque et a empiré depuis qu’il a passé 22 mois en détention dans l’attente de son procès et de sa peine.


Le père de trois enfants a grandi en Tunisie et avait immigré au Canada en 2007.


Avec des informations de l’Associated Press




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