DÉFAUT DE PAIEMENT

Athènes accuse le FMI d’adopter un «comportement criminel»

Le premier ministre grec emploie les mots les plus durs, tandis que Washington invite le pays à prendre une «initiative sérieuse»

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Le temps des gros mots

À quelques jours d’un possible défaut de paiement de la Grèce, le premier ministre, Alexis Tsipras, a émis des signaux contradictoires mardi avant d’être sommé par Washington de prendre une initiative sérieuse pour trouver un accord.

Il s’est dit prêt à faire « deux ou trois gestes » dans la négociation avec les créanciers (FMI, UE, Banque centrale européenne) sur un train de réformes qui permettrait le déblocage d’une nouvelle tranche de prêts, selon Stavros Theodorakis, chef du petit parti de centre gauche To Potami. Or, dans un discours devant les membres de son parti, Syriza, auquel assistait l’air grave le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, le premier ministre a dénoncé ensuite la « responsabilité criminelle » du FMI dans la situation de la Grèce, s’en prenant aux institutions en général, ce qui inclut l’UE et la BCE, les accusant de « tendre des pièges » à Athènes.

Mais Alexis Tsipras est désormais sous forte pression des États-Unis qui l’ont appelé mardi à prendre une « initiative sérieuse » pour trouver « un compromis pragmatique avec ses créanciers » et éviter de plonger l’économie mondiale dans l’incertitude. « L’incapacité à trouver un accord créerait des difficultés immédiates pour la Grèce et une incertitude générale pour l’Europe et l’économie mondiale », a souligné dans un communiqué le secrétaire américain au Trésor, Jacob Lew, après s’être entretenu au téléphone avec le premier ministre grec.

Un pied dans l’inconnu

De son côté, le ministre français des Finances, Michel Sapin, a conseillé « vivement de ne pas mettre un pied en terre inconnue, dans un entretien au quotidien le Figaro. Les traités ne prévoient pas la possibilité pour un pays d’abandonner l’euro ».

Les Grecs se disent prêts à revenir à tout instant aux négociations, à l’avant-veille d’une réunion à Bruxelles des ministres des Finances des États membres de la zone euro (Eurogroupe) qui pourrait être celle de la dernière chance pour débloquer les 7,2 milliards d’euros de prêts attendus par la Grèce depuis août dernier. « On continue à chercher un accord », a déclaré le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, tandis que le ministre espagnol de l’Économie, Luis de Guindos, a dit avoir « bon espoir » qu’on parvienne à un tel accord.

La chancelière allemande, Angela Merkel, a toutefois reconnu que « malheureusement, il n’y a pas grand-chose de neuf » depuis dimanche. Le chancelier autrichien, Werner Faymann, qui devait être mercredi le premier dirigeant européen reçu à Athènes par le gouvernement Tsipras, a indiqué qu’il allait lui conseiller de « prendre des mesures difficiles. C’est ce que l’on attend d’un homme politique quand il est devenu homme d’État », a-t-il dit.

Selon un expert de ces questions interrogé par l’AFP, Athènes est dans l’impossibilité de payer ce mois-ci à la fois les salaires et les retraites — paiements considérés comme primordiaux par le gouvernement de gauche radicale (Syriza) d’Alexis Tsipras — et les quelque 1,5 milliard d’euros qu’il doit au FMI le 30 juin.

Or, l’Eurogroupe, remarque dans le quotidien allemand Bild le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, « n’est pas l’endroit où l’on peut présenter des positions ou des propositions qui n’ont pas été auparavant discutées et négociées à un niveau inférieur ». Il faut donc agir avant jeudi, à moins de compter sur le sommet européen de fin juin, ou sur un sommet exceptionnel, à l’étude à Bruxelles, peut-être pour dimanche.

Dans la soirée, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a rejeté les accusations de M. Tspiras et a affirmé être sensible au sort des « Grecs les plus pauvres, qui souffrent plus que les autres en Europe des ajustements qu’ils ont dû subir », assurant qu’il n’était « pas favorable à une hausse de la TVA sur les médicaments ou l’électricité ». La Grèce estime « positif que M. Juncker fasse valoir sa différence », a réagi le porte-parole du gouvernement grec, Gabriel Sakellaridis.


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