Les partis sont des instruments...

Après mure réflexion

Tribune libre

Les résultats du 7 avril, au-delà de « l’électrochoc » général ressenti par les militants du PQ, est une occasion à saisir pour l’ensemble de la communauté souverainiste. Elle est l’occasion d’une pause, l’occasion d’une redéfinition. Non pas dans la nature de son projet mais dans sa présentation qui, il me semble, a fait défaut. Cette rafle du PLQ doit être source, il va s’en dire, de questionnements profonds sur les stratégies du mouvement indépendantiste.

Le seul fait que 35% (PQ-QS-ON) de l’électorat maintienne ce choix envers et contre tous, exclu toute prédiction d’une mort annoncée. Ébranlé ?…Certainement ! Naufragé ?…Certainement pas ! Cette dernière frange d’électeurs est le fait d’une proportion non négligeable de la population qui soutient sans réserve le projet d’un Québec autodéterminé. Et qui, bon an mal an, le réaffirme d’élection en élection, avec la même volonté.

Une perspective nouvelle

Repoussé dans ses retranchements pour un temps, les militants doivent maintenant « repositionner » leurs idées maîtresses, « recentrer » le message diront certains. Plus que jamais, en réaffirmant ce qui nourrit leur leitmotiv profond (un Québec « maître chez lui »), et non sans laisser la place de prédilection qui revient à sa mémoire patriotique et de son identité française en Amérique. Les militants de toutes appartenances doivent proposer un Projet de société ayant un contenu enrichi. Ils doivent le rendre plus attrayant et adapté aux préoccupations de nos contemporains.

Au-delà des considérants d’une certaine histoire d’oppressions dont il faut se rappeler certes, il semble que les plus jeunes (-35 ans) veulent entendre les avantages modernes de leur adhésion. Ils veulent un Projet qui prendra racine dans des valeurs qui leurs ressemblent et qui soutiennent avec autant de passion, le concept même d’un État souverain. La maîtrise de nos ressources, par exemple, passerait inéluctablement par une harmonieuse conjugaison des ″révolutions verte et bleue″. Adossant le concept d’une ″révolution bleue″ (idéologie du développement durable) et celle de la ″révolution verte″ (luttes environnementalistes), suite à deux tournées d’investigations (Rapports des 3 mousquetaires 2004 et 2006) trois jeunes péquistes concluaient :

(…) L’idée de la Révolution verte et bleue part du principe que l’environnement ne doit plus être perçu comme une entrave au développement économique, mais comme une opportunité(…) La révolution bleue devient le passage pour réaliser la révolution verte et la révolution verte devient la marque de commerce de la révolution bleue.» La tournée des Mousquetaires II, p.6

Trop fort, trop vite !

Il ne s’agit donc pas de changer la nature fondamentale du Projet de pays (article 1) mais d’en réaligner le contenu, d’en revoir les enjeux par priorité. Force est de constater qu’en début de campagne, les premiers rebondissements sur l’identité furent plutôt avantageux au PQ. C’est du moins ce que plusieurs sondages suggéraient. Personne ne pouvait vraiment établir, hors de tout doute, quelle direction prendrait ce débat.

Mais il semblait avoir le vent dans les voiles durant les premiers mois. Le sondage, seul instrument qui pouvait en rendre compte, indiquait que chez les francophones la Charte des valeurs était bien reçue. Il semble que ce soit la suite, alors que l’emphase fut mise sur l’article 5 (signes ostentatoires) qui souleva l’amertume de l’ensemble des communautés et organismes ″antis″. Ce qui semblait une protestation en sourdine, devint en quelques mois, l’expression ouverte de plusieurs réactions négatives.

La Commission parlementaire a aussi contribué à dégager des avis partagés chez les experts juristes et les intervenants de tout acabit. Il faut noter au passage la résistance relativement forte des structures du réseau et de leurs administrateurs face aux inconvénients d’un tel débat au sein de leur organisation.

Nous étions au même ″match de hockey″ (pour reprendre l’image d’un certain parti), mais pendant que les tenants les plus véhéments se déchaînaient, la majorité de ceux qui étaient là, étaient assis et observaient. Pantois. La demi-mesure semblait absente (discrète ou enterrée).

La vrille que pris ce débat de société se traduisit en ″règlement de compte″; quand ce n’étaient pas des altercations verbales agressives (rarement physiques), les passions qui animaient certains intervenants (des deux opinions) frisaient l’hystérie voire la paranoïa.

C’est comme si cette Charte invitait à une décharge négative de certains individus et groupes qui perdaient tout jugement dans le propos. Il ne manquait que les projecteurs pour en amplifier les manifestations et, à en voir les contenus, certains médias semblait avoir un malin plaisir à en parler en boucle.

Que nous soyons ou non en accord avec l’effet perturbateur de ces événements ″extrêmes″ (isolés quant à moi), une certaine frange de la population non-avisée semblait se laisser impressionner. Une analyse plus poussée permettrait certainement d’en mesurer l’impact; impact qui n’est pas si insignifiant quant à moi. Marginal peut-être, mais il a infléchi défavorablement l’opinion public sur cette question.

J’estime que le PQ a « poussé le bouchon » sur l’identité alors qu’il était à la direction d’un gouvernement minoritaire. Cela aussi, il n’en a pas tenu compte. Pour tenir un langage aussi affirmatif sur une dimension sociétale aussi sensible, il aurait fallu une gouvernance forte non seulement de par l’image d’un leadership «déterminée » mais fort d’une députation majoritaire. Le PQ s’est brûlé les ailes !

En lançant le débat sur un ton trop formel, « tambours et trompettes », conférence de presse avec M Drainville, ce gouvernement avait une ambition démesurée. Une stratégie beaucoup plus prudente sur un ton ″préparatoire″ aurait permis (comme le dit bien le terme) de préparer la population et les structures à vivre la transition que proposait cette Charte.

L’atterrissage aurait été moins brutal et, en « baignant » la population dans un climat plus apaisant durant les mois de son règne de 18 mois, cela aurait moins suscité la grogne. « L’accouchement » d’un tel travail, aurait été vécu plus respectueusement et ″l’enfant″ qui en serait issu n’aurait pas eu l’air bancal. Ce à quoi le PLQ s’affaire à sa manière, d’en amputer certains éléments.

La Charte des valeurs n’a pas trouvé le terreau propice à son enracinement, et faute d’être une pierre d’assise… elle devint l’une des « pierre au soulier » de la campagne électorale du parti. A fortiori, avec un peu plus de rigueur cela aurait démontré une volonté plus avisée de lancer un tel projet de société (ré : avis juridiques manquants)… et ça aurait moins nuit à l’image des initiateurs. Voilà pour la Charte.

L’environnement

Autre orientation qui a écorché les partisans qui faisait de la protection des environnements/habitats/ressources naturelles une priorité, concerne le ton timide du PQ en cette matière. D’entrée de jeu, cherchant un capital de popularité, Le PQ annonçait à l’automne la fermeture de Gentilly. La décision de la fermeture de Gentilly avait déjà été annoncée... Alors que le PQ parlait de cette fermeture comme un gain péquiste…le parti avait visiblement défoncé une porte ouverte quant à moi.

Le dossier du gaz de schiste…même combat. Le marché du gaz de schistes (de l’avis de tous les experts) s’était contracté lorsque le PQ a annoncé son moratoire. Il n’y avait déjà plus de joueurs dans l’arène des exploitants. Quant au moratoire, c’était un coup de semonce dans le désert. Il ne faut pas oublier qu’un moratoire, a une date d’échéance…Est-ce que le PQ aurait été aussi ferme dans l’avenir alors que le marché devait reprendre sa vigueur ? Quant au pétrole de schiste par contre, des enjeux majeurs se pointaient. Le PQ avait adopté la politique des ″petits pas″. Sans nier sa convoitise de la ressource, il n’en faisait pas campagne…jusqu’à ce que sa chef rencontre la PM et certains intérêts albertains en 2012 .

Mme Marois tint depuis, des discours pour le moins contradictoire sur le sujet.
Pendant que les environnementalistes s’affairaient à dénoncer l’attitude arrogante de cette industrie, elle frayait avec le milieu. De leur côté, ayant en main des récits et des données tout aussi dramatiques touchant la destruction qu’engendrait une telle alliance avec les industriels pétroliers, les militants gagnaient la faveur populaire. S’ajoutant à cela, le drame de Mégantic qui révéla le laxisme du fédéral en matière de surveillance et de l’application de la règlementation en transport (parfois inexistante). Les faits parlaient d’eux-mêmes.

Face aux violations éhontées des règles de sécurité civile, les populations se dressent. On demande de plus en plus de BAPEs et d’études d’impacts sur l’eau, les sols et le climat.

Le PQ pendant ce temps, poursuivait dans sa lancée en annonçant l’exploration de l’Île Anticosti…sans études d’impact !

Comment pouvait-il obtenir l’acceptabilité sociale d’une telle initiative ? Non seulement, cela contrevenait à toute prétention de protection des habitats naturels dont Anticosti constituait un joyau, mais Mme Marois qualifiait l’entreprise de «stratégique». Ce gouvernement parlait de ces lieux inhabités (ce qui était en soi un argument peu convaincant en regard de l’objectif de marchandisation) comme un ″enclos à chevreuil″, sur un ton quasi-méprisant de l’espèce. Non seulement, le PQ en encensait l’idée, il en devenait l’acteur industriel. Lors de cette conférence de presse, il ne faisait pas que rétablir ses «droits sur la ressource», il déclarait sa participation financière directe en devenant actionnaire. Sans précédent !

Faisant abstraction à ce qui apparaît, de l’avis d’experts, comme un précieux écosystème à protéger, cette participation de plein pied du gouvernement en tant qu’actionnaire, trahissait une dimension importante des orientations du parti en cette matière.

Tout citoyen averti savait d’une part que depuis des décennies, des recherches menées par l’entreprise pétrolière (associé à Hydro-Q un temps) n’avait rien tiré de son sous-sol. Marc Durand, ingénieur géologue, avait exposé dans une vidéo-conférence} avec rigueur et en vulgarisant les aspects scientifiques, que le Pactole que croit trouver ces exploitants est nul. Il fait la démonstration qu’au final, même si une extraction devait être concrétisée, elle ne conduirait au mieux, qu’à l’annulation de tout profit. Il affiche toutefois une inquiétude évidente face aux impacts sur le climat compte tenu des gaz en combustion que dégageraient les cheminées que nécessitent de tels forages.

Les évaluations hypothétiques en terme d’extraction « potentielle », font parti d’un plan d’ensemble que ces industriels font miroiter par des projections tout aussi hypothétiques. Tout cela afin de convaincre les investisseurs de s’y impliquer. Il faut retenir que l’investissement de 150 millions $ du gouvernement ne lui procure aucun retour en soi; il s’agit exploration. Autre considération au plan éthique. Une fois les lourds antécédents de fraudes révélés au sujet du pdg de Pétrolia en Europe, la question de savoir si une telle association corporative ne porte pas flan …à la corruption, doit être éclairé. Ne serait-ce pour ″l’apparence″, ce lien d’affaire mérite d’être examiné. Étrangement, cela est passé sous le radar.

Au final, le cheminement de ce gouvernement en matière d’environnement a soulevé des doutes quant à sa réelle motivation face aux impératifs qu’imposent les impacts sur les populations et les habitats naturels. Un manque de sensibilité et d’écoute flagrant me semble ressortir de tout cela. C’est aussi la raison de la désaffection d’un bon nombre de militants (souvent plus jeunes) qui y voient quant à eux, une importance capitale.

D’ailleurs, cette dimension constitue un incontournable chez les jeunes, c’est le constat des 3 mousquetaires dans leur Rapport II :

« Le principe du développement durable et humain devra transcender la plate-forme électorale du Parti Québécois ainsi que son projet de Pays »

La tournée des Mousquetaires II, p.7

La droite et la gauche

Concernant l’affaire PKP, ne serait-ce pour l’histoire récente avec les syndiqués de ses entreprises …un peu de discrétion aurait été de mise. Une place pour la droite industrieuse dans ce parti ?...certainement. Soumis au caractère social-démocrate de ce parti …la droite a une place ! Elle a sa place; ni à gauche ni au centre, juste parmi les autres tendances. J’estime que du débat droite-gauche, une légère tendance démocrate (du grec dèmos signifiant peuple) doit avantageusement être privilégiée. Si on veut affubler ce parti de cette tendance, dans l’intérêt supérieur de la Nation, la droite ne doit pas en dominer les bases.

Bien qu’y participant, de plein droit, son vote ne doit pas peser plus lourd dans les décisions de fonds. Un parti qui porte l’étendard d’un parti du peuple vise foncièrement l’intérêt du peuple. La difficulté de bien des chefs d’entreprises, c’est qu’ils ont la fâcheuse habitude à se concentrer sur leurs intérêts corporatifs. Comment, s’il devait être le chef de ce parti, un PKP résisterait-il à induire une autre mentalité aux décisions, connaissant le style de l’homme

La droite a une place, pas plus, pas moins. Dans une optique social-démocrate, elle doit encore plus la garder ! En passant, la gauche aussi, pas plus, pas moins. Quant au Pays, il a un droit supérieur à ces deux tendances; c’est mon avis et je la partage.

Orthodoxie

Les promesses que le PQ avait fait miroiter et les discours qui suivirent son régime furent (par défaut dans certains cas) pour la presque totalité, réduit à néant. Sa situation de gouvernement minoritaire laissait présager cela, mais autres choses dont il ne soupçonnait pas l’effet pervers, allait le rattraper : l’orthodoxie de ses positions.

Pour ce qui concerne le nécessaire rafraîchissement de la Loi sur les mines ainsi que l’instauration d’un régime de redevances minières, c’est un fait, ce gouvernement s’est fait couper l’herbe sous le pied par le vote de l’opposition. On était pourtant justifié d’agir.

Les efforts de Mme Ouellette pour amener des propositions pertinentes doivent être applaudis. Elle a dû se replier. Pour ce qui est de l’amendement (et le renforcement) de la Loi 101 par le projet de loi 14, mort au feuilleton lui aussi…malgré des tentatives afin d’examiner les assouplissements demandés par la CAQ. C’était prévisible mais certes décevant. La loi 101 a l’avantage …et le défaut, d’être inaltérable. Depuis l’arrêt Ford, aucune initiative majeure n’a été poussée…et pour cause.

Tous ont vu le jeu électoraliste dans la résistance que la députation péquiste opposa aux autres propositions de l’opposition officielle. L’attitude réfractaire de ce parti, a joué contre l’esprit démocrate qu’il aurait dû démontrer, mais par son refus de se coaliser en adoptant la Charte des valeurs (modulée par la CAQ) ainsi que le projet de loi sur Mourir dans la dignité auquel il ne manquait que les signatures, il s’est aliéné l’électorat.

Le passé est garant de l’avenir, dit-on. Mais pour que l’avenir porte ce nom, il doit aussi se délester de certaines choses et se charger de d’autres. C’est la caractéristique d’une chose qui évolue; pour le mieux ou pour pis. L’avenir peut donc être fait de l’un et/ou de l’autre, mais cela personne ne peut le prédire. Ceux qui vivent la transition et qui y participent, souhaitent certainement le faire pour le mieux. On ne peut douter de leur bonne intention.

Le PQ, soulevé par la vague de sympathie de l’automne a misé sur sa cote d’amour…en oubliant que parfois, la haine (ses détracteurs) ne se réveille souvent qu’en fin de course. Pour une raison ou une autre, la Charte qui devait contribuer à sa remontée dans les sondages, s’est mise à jouer contre lui. Son projet souverainiste qui explique son existence même, exacerbait l’antipathie d’un certain électorat. De plus, il me semble, ce qui était en dormance chez les opposants, fut tout à coup réveillée. Cette latence qui a toujours valu aux partisans les critiques les plus acides de la part des opposants à la souveraineté (et qui sommeillait depuis ‘95), s’est vu ranimée. Une huile sur le feu nourri par les coups de gueules de certains (Couillard en tête) et qui contribua à la « référendophobie » générale.

Le poing en l’air de PKP fut, à mon point de vue, un incident marginal ayant en soi peu d’impact sommes toutes. C’est davantage le poids de l’histoire qui le poursuit dans ses rapports difficiles avec les travailleurs (Quebecor) qui pouvait susciter une certaine méfiance. Sa victoire indiscutable du 7 avril dans St-Jérôme indique bien que son électorat ne lui en ait pas tenu rigueur.

Il n’en demeure pas moins, qu’à l’échelle du Québec, cet homme peu connu de la plupart de l’électorat, évoque une droite capitaliste indésirable. Difficile de mesurer l’impact de cet aspect de sa personne sur l’image du parti. Surtout que plusieurs ténors syndicalistes l’endossaient. Étrangeté, diront certains…

J’estime que bien que la présence d’une droite au parti sois nécessaire, elle ne doit pas (contrairement aux partis de droite) laisser la commande au lobby de cette allégeance. La droite, comme la gauche doivent (pour reprendre l’énoncé de Bernard Landry) ne pas faire infléchir le parti vers la droite…parce qu’il risquerait de rater la cible, à savoir celle qui est «devant» : l’indépendance du Québec.

En conclusion

J’entendais une intervenante du PQ (à la veille de la fds bilan) qui soulevait une observation intéressante et qui disait: «Avez-vous remarqué qu’ironiquement, les trois raisons de l’échec du PQ, semblent étrangement liées à la présence des trois aspirants à la direction ?» Malheureusement l’entrevue prenait fin, et s’est terminée sur cette dernière intervention…pour le moins intrigante, mais combien criante de vérité.

Je crois qu’elle a touché à quelque chose. Cette observation mérite d’être examinée de près si le PQ ne veut pas manquer le virage qui s’annonce.

Les constats que font plusieurs militants c’est que non seulement ces changements doivent toucher l’aspect cosmétique du message (et ceux qui le représente depuis trop longtemps), mais aussi son contenu à tous égard. Non pas qu’il faille toucher à ce qui en fait la force, savoir l’article 1, mais ce qui permettra de rallier la nouvelle génération en insistant sur sa perspective.

Jean-François Lisée a déjà mentionné que lors de l’élection du PQ en 2012, si les voies de QS avait été ajouté aux voies du PQ, le gouvernement souverainiste aurait été majoritaire…n’y a-t-il pas là de quoi rêver ?

Le PQ a perdu plusieurs milliers de membres alors que Jean-Martin Aussant s’en soit dissocié et ait fondé Option Nationale. Durant cette campagne-ci, des ″ex ″ de ON ont appelé a un ralliement des forces. La lettre qui était parue le 5 avril (à deux jours du scrutin) dans Le Devoir était intitulée : « Nous sommes d’abord et avant tout des indépendantistes » proposait aux souverainistes (péquistes et de QS) à se « joindre au PQ ». Les auteurs demandaient : «…au PQ de reconnaître à nos anciens confrères militants une entité politique distincte au sein du parti qui leur permettrait de poursuivre leur mission. » Qu’est-il advenu de cet appel à l’unité des forces ? Est-ce que le PQ peut se payer le luxe d’ignorer dans l’avenir, une coalition avec ses camarades de combat en vue du projet de Pays que nous souhaitons du fond du cœur ?

Je pense qu’il est à prévoir que sa branche jeunesse manifeste son désaccord quant à la résistance que le PQ a toujours eu face à l’idée d’une coalition. Et qu’on pousse plus fort pour une ouverture en ce sens dans les prochains mois. Tiré par ses aspirations contemporaines, la jeunesse du PQ risque d’être en rupture avec ses ″militants de la première heure″. Je ne dis pas qu’ils ne joueraient pas un rôle dans la suite des choses, je dis juste qu’ils joueraient un autre rôle que la conduite des destinées de ce parti. Ce serait le début d’une nouvelle ère non seulement pour le PQ, mais aussi pour le parapluie qui réunirait de tous les amoureux du projet suprême d’un État libre, maître de ses moyens…et de son avenir.

Pour reprendre les paroles de René, «…à la prochaine fois !»…c’est peut-être de la «prochaine» génération dont il parlait...?

Pour moi, tout parti politique n’est au fond qu’un mal nécessaire, un de ces instruments dont une société démocratique a besoin lorsque vient le moment de déléguer à des élus la responsabilité de ses intérêts collectifs. Mais les partis appelés à durer vieillissent généralement assez mal. Ils ont tendance à se transformer en églises laïques, hors desquelles point de salut, et peuvent se montrer franchement insupportables. À la longue, les idées se sclérosent, et c’est l’opportunisme politicien qui les remplace. Tout parti naissant devrait à mon avis inscrire dans ses statuts une clause prévoyant qu’il disparaîtra au bout d’un certain temps. Une génération ? Guère davantage, ou sinon, peu importe les chirurgies plastiques qui prétendent lui refaire une beauté, ce ne sera plus un jour qu’une vieillerie encombrant le paysage politique et empêchant l’avenir de percer. – René Lévesque


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 mai 2014


    Sous l'Ancien régime, régenté par la Coutume de Pari (le droit coutumier anglais s'en est inspiré), la terre appartient à qui la laboure. Ce principe est entré en vigueur avec plein appui juridique après la peste bubonique qui priva des centaines de milliers de fermes et d'entreprises de leurs propriétaires, Pour relancer la vie économique, il fallait que le gouvernement reconnaisse la propriété en titre à ceux qui en prenaient possession de fait, en faisant acte de présence sur place et en mettant le territoire en valeur.
    Je ne pourrais vous donner en détails toute l'histoire de la progression de ce principe qui part du statut de possédant de facto vers celui de possédant de jure. Je peux cependant vous dire qu'il existe un précédent très moderne: celui d'Israël, reconnu comme État de jure et de facto le 16 mai 1948, après l'action systématique des zionistes, qui, sur l'initiative de Théodor Herl et Chaim Weinmann,  ont entrepris la colonisation du territoire à partir du dernier quart du 19e siècle.
    Cette colonisation se développa sous les volets suivants:
    1. Développement des terres incultes par des techniques apportées d'Europe, notamment de Hollande, Allemagne du Nord et Danemark.
    2. Achats systématiques des terres appartenant aux Arabes, notamment aux Palestiniens, qui, musulmans, ne semblaient pas cultiver le sol pour vivre. La foi musulmane oblige presque à vivre en ville pour faire les cinq prières quotidiennes.
    3. Développement systématique des infrastructures et des organes de l'État.
    Voila ce qu'il a été convenu d'appeler conquête territoriale de facto, en créant le fait accompli. Une telle conquête a été reconnue comme légitime et finalement légalisée par la reconnaissance de l'ONU. Personne, ou presque, n'y a objecté, sauf les Arabes bien entendu, et encore, pas tous.
    Or, au Québec, nous avons fait la même chose, non pas les Français mais nous, Québécois, le peuple resté seul sur place.
    1. Nous avons défriché, dépierré, draîné, irrigué, bonifié, labouré, hersé, semé et mis en production et en valeur une des terres les plus ingrates du monde. Nous avons construit des routes, des chemins et des ponts. Nous avons  organisé la production de biens et de services pour assurer la survie de tout notre peuple. Nous avons construit des institutions d'enseignement, des hôpitaux et des orphelinats ainsi que beaucoup d'autres pour le bien général de notre population. Nous avons aussi construit des églises.
    2. Nous avons travaillé pour les Anglais et les Loyalistes à la construction des canaux, des chemins de fer et de leurs entreprises. Avec l'argent gagné, nous les avons achetés une par une, presqu'imperceptiblement, pendant une période qu'on peut situer de 1860 à 1960, date qui marque la fin de la première époque des chemins de fer, l'ouverture de la Voie maritime, les débuts des constructions des autoroutes, le développement des nouvelles communications, notamment l'introduction des ordinateurs, l'aggiornamento dans l'Église catholique, la réforme de l'éducation.
    Nous avons conquis toute l'Estrie, par achats comptant des terres des Loyalistes, de même qu'une foule d'entreprises appartenant à des Anglais ou des Loyalistes dans tout le Québec.
    L'arme de conquête a été la Caisse populaire, fondée précisément pour acheter des propriétés et des domaines. Comme les zionistes en Palestine à la même époque.
    3. Nous avons constitué les infrastructures et organes d'un État, tout en contribuant à la construction de l'État central, centraliste et unitaire d'Ottawa.
    En 1960, année charnière, Jean Lesage pouvait parler de l'État du Québec. Qui l'a fait taire? Ames & Co sans doute.
    Il est évident maintenant que parmi les autres provinces, le sentiment de possession territoriale de facto commence à se faire sentir. Il ne s'agit plus du Canada mais de la province en face d'Ottawa.
    Si personne n'a parlé de possession territoriale de facto et de jure, alors qu'au Canada anglais, beaucoup de gens instruits savent  que Québécois et Canadians ne sont que des squatters, c'est parce que personne ne veut ouvrir une boîte de Pandore.
    Saint Laurent a toujours évité cette question et Trudeau a soigneusement évité de le mentionner lors de la passation du Canada Act du 17 avril 1982.
    L'oligarchie, c'est d'abord le Family compact qui a provoqué la rébellion de 1837-38 dans le Bas et le Haut Canada.
    La bourgeoisie en pantoufle du Québec, présente en 1837-38, traîtresse, fait aussi partie de l'oligarchie. C'est cette bourgeoisie qui contrôle le parti libéral fédéral et celui du Québec.
    L'oligarchie, c'est maintenant ce qu'il est convenu d'appeler le Canadian Establishment, formée des descendants du Family compact et constituant une dynastie ni plus ni moins.  Plusieurs auteurs les ont décrits en détails et vous le trouverez sur l'Internet sous le titre simple de Canadian Establishment.
    Cette oligarchie détient deux pouvoirs: le pouvoir économique par l'entremise de la Toronto Stock Exchange et le pouvoir politique par le gouvernement d'Ottawa, les deux se tenant comme les doigts de la main.
    Elle détenait aussi des grands pouvoirs sur les provinces, notamment l'Ontario mais le développement économique et politique des provinces vient a créé de nouvelles classes et de nouveaux pouvoirs, qui remettent peu à peu l'oligarchie en question.
    Rien de spécial ne s'est produit entre ces Establishments jusqu'à maintenant mais vous n'êtes pas sans connaître cette définition de Mao Tse Toung à l'effet qu'une révolution est le renversement d'une classe par une autre.
    Il est évident que le silence le plus total est maintenu au sujet du problème de la possession de fait des espaces continentaux canadiens.
    Le gouvernement fédéral prétend prendre l'initiative lorsqu'il s'imnisce dans les affaires autochtones, non pour reconnaître les Autochtones comme possédants de plein titre de leurs terres ancestrales ou actuelles mais pour créer les précédents qui vont renforcir le pouvoir central unitaire d'Ottawa.
      Au gouvernement fédéral, on doit certainement sentir que le problème de la possession territoriale de fait et de droit peut surgir à tout moment maintenant et provoquer des désordres importants, sinon pire.

  • Claude Beaudet Répondre

    6 mai 2014

    Cher JLPM, un mot sur cette rafale de chiffres insipides.
    Les sondages...on sait ce que cela donne avec ce qui est arrivé au PQ le 7 avril, ne vous a-t-on pas dit qu'on ne mesure pas un homme (ou un parti) avec les sondages...mais par son histoire.
    Où était ce chef d'entreprise toutes ces années de dures luttes au PQ ? Il est un éclair dans un ciel "bleu" (c'est le cas de le dire)...une anecdote qui sera vite oubliée.
    Et puis, s'il veut se faire reconnaître dépouillé de ses entreprises, faudra qu'il se mesure au combat terrifiant pour la souveraineté qui s'en vient. Il devra démontrer non seulement son sens du leadership, mais celui d'un démocrate aguerri. C'est alors qu'il démontrera ce qu'il a dans les "trips". Pour cela, il devra côtoyer ceux-là même à qui il faisait la guerre dans l'histoire récente...
    Je ne me laisserai certainement pas convaincre par des sondages maisons (surtout pas venant de ses propres entreprises...). Franchement, un peu de sérieux. Je lui reconnaît sa victoire à St-Jérôme mais cela ne lui ouvre pas la gouvernance du parti, et encore moins du Québec. Si vous voulez bien, observons l'homme dans les prochains mois, vous me direz ensuite si vous maintenez la même opinion. À suivre...
    «La première chose qu'on jette par-dessus bord quand ça va mal, n'est-ce-pas toujours la solidarité ?» R. Lévesque

  • Claude Beaudet Répondre

    6 mai 2014

    Cher JLPM, un mot sur cette rafale de chiffres insipides.
    Les sondages...on sait ce que cela donne avec ce qui est arrivé au PQ le 7 avril, ne vous a-t-on pas dit qu'on ne mesure pas un homme (ou un parti) avec les sondages...mais par son histoire.
    Où était ce chef d'entreprise toutes ces années de dures luttes au PQ ? Il est un éclair dans un ciel "bleu" (c'est le cas de le dire)...une anecdote qui sera vite oubliée.
    Et puis, s'il veut se faire reconnaître dépouillé de ses entreprises, faudra qu'il se mesure au combat terrifiant pour la souveraineté qui s'en vient. Il devra démontrer non seulement son sens du leadership, mais celui d'un démocrate aguerri. C'est alors qu'il démontrera ce qu'il a dans les "trips". Pour cela, il devra côtoyer ceux-là même à qui il faisait la guerre dans l'histoire récente...
    Je ne me laisserai certainement pas convaincre par des sondages maisons (surtout pas venant de ses propres entreprises...). Franchement, un peu de sérieux. Je lui reconnaît sa victoire à St-Jérôme mais cela ne lui ouvre pas la gouvernance du parti, et encore moins du Québec. Si vous voulez bien, observons l'homme dans les prochains mois, vous me direz ensuite si vous maintenez la même opinion. À suivre...

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    6 mai 2014

    Monsieur Beaudet,
    Dans votre article vous affirmez : « Le poing en l’air de PKP fut, à mon point de vue, un incident marginal ayant en soi peu d’impact sommes toutes. C’est davantage le poids de l’histoire qui le poursuit dans ses rapports difficiles avec les travailleurs (Quebecor) qui pouvait susciter une certaine méfiance. Sa victoire indiscutable du 7 avril dans St-Jérôme indique bien que son électorat ne lui en ait pas tenu rigueur. Il n’en demeure pas moins, qu’à l’échelle du Québec, cet homme peu connu de la plupart de l’électorat, inspire une droite capitaliste indésirable. »
    Voici la réalité exprimée par la grande majorité des gens sondés sur l’acceptation de Pierre Karl Péladeau et aussi en ce qui concerne le conflit des lock-out des syndiqués du Journal de Montréal :
    Question du jour à Cyberpresse (09-03-2014)
    Pierre Karl Péladeau se présente pour le Parti québécois dans la circonscription de St-Jérôme. Cette candidature aidera-t-elle le PQ à remporter les élections ?
    Beaucoup ………………………… 57%
    Un peu …………………………….. 15%
    Pas du tout ……………………... 12%
    Elle nuira au PQ ………………. 16%
    Nombre de votes : 24 885
    Autre évidence irréfutable est l’acceptation de PKP par 46% de personnes sondées, laquelle dément le rejet de son geste patriotique de lever le poing en l’air lors de la présentation par Mme Marois de sa candidature à Saint-Jérôme un mois avant les élections du 7 avril :
    Question du jour à Cyberpresse (11 mars 2014)
    Selon le candidat-vedette du Parti québécois, Pierre Karl Péladeau, « l’indépendance du Québec doit se faire. Un peuple, une nation est légitimement en droit d’avoir un pays. » Êtes-vous d’accord avec M. Péladeau à ce sujet ?

    Oui ……………….… 46% (à 08 : 15 AM, ce pourcentage était de 42%)
    Non …………….….. 50%
    Je ne sais pas ….… 4%
    Nombre de votes : 7 643 (Heure, 12 : 05 PM). Il faut rappeler encore une fois que ce sondage du 11 mars a été éliminé à 12 : 15 PM (le temps de votation s’allonge habituellement jusqu’à minuit et depuis 2010 ce sondage a été le seul à être éliminé de la série de ces Questions du jour à Cyberpresse ), évitant ainsi la publication d’autres votes favorables à PKP.
    « CROP demandait (29-04-2014) à l’ensemble des répondants leur intention de vote, en changeant le nom du chef péquiste. Les points supplémentaires obtenus par rapport au PQ de Stéphane Bédard sont des votes qui seraient arrachés aux autres formations. Pierre Karl Péladeau est connu de 87% des répondants, … »*
    Monsieur Beaudet, au sujet des conflits de Québecor Média avec les syndiqués du Journal de Montréal dont vous faites référence dans votre article, où vous critiquez PKP, je répondrai employant le même commentaire que j’ai émis suite à celui de Mme Émilie Bérubé :
    Madame Bérubé,
    En lisant mon article vous avez très bien compris l’importance pour le PQ d’avoir un vrai leadership en faisant de PKP son prochain chef. Cette organisation ne peut pas se permettre, dans l’actuelle conjoncture de dérive nationaliste, de débâcle électorale et d’incohérence programmatique, de rejeter le réformateur et réputé gestionnaire, qualités qui ont fait de M. Pierre Karl Péladeau un redoutable homme d’affaire.
    Le PQ ne peut pas être en ce XXIème un parti socialiste s’il veut défendre avec détermination les intérêts collectifs du Québec. Ce parti doit être avant tout une organisation politique radicalement nationaliste, patriote et démocratique.
    De plus, vous taxez M. Péladeau de « …grand capitaliste par excellence, celui qui ne se gêne pas d’utiliser des lock-out à tout vent pour briser des grèves légitimes et qui a de nombreux conflits d’intérêt en étant propriétaire et actionnaire de plus d’une centaine d’entités financières… ». Pour répondre à cette diatribe sans fondement de rationalité économico-financière, permettez-moi de vous dire que PKP a la responsabilité de défendre avant tout les intérêts des pensionnaires qui sont les actionnaires majoritaires de la Caisse de Dépôt et Placement du Québec (CDPQ). Puisque cette caisse d’intérêt public contrôle 45,3 % (équivalent à 3,2 milliards de dollars) du holding Québecor Média .
    Aussi, je vous dirais que l’histoire « … des lock-out à tout vent pour briser des grèves légitimes… » au Journal de Montréal a été le moyen permis par la loi afin d’en finir avec des conflits travailleurs-patronats interminables qui auraient renforcé les adversaires de Québecor Média au détriment des intérêts collectifs du Québec. Puisque Québecor n’est pas une petite entreprise d’asphalte, sinon un holding financier et de télécommunication d’intérêt stratégique national.
    Pour le reste de vos arguments concernant PKP, je vous dirai que si seulement nous avions une centaine d’hommes d’affaires nationalistes de la taille de Pierre Karl Péladeau, le Québec serait aujourd’hui indépendant et un modèle de pays pour les nations qui cherchent leur liberté nationale.*
    JLPM
    __________________________
    *. L’information contenue dans ce commentaire suite à votre l’article a été extraite de La panique est de retour au camp fédéraliste face à PKP et de la réponse à Mme Amélie Bérubé
    http://www.vigile.net/La-panique-est-de-retour-au-camp