Après les avoir baissés, le gouvernement Legault va augmenter les seuils d’immigration

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Incapable d'affronter la pression immigrationniste, la CAQ trahit son électorat


Le gouvernement Legault compte revoir à la hausse le nombre d'immigrants admis au Québec dans les prochaines années. Une baisse d'environ 20 % avait pourtant été instaurée pour 2019.




D’ici 2022, entre 49 500 et 52 500 nouveaux arrivants pourraient être admis au Québec, selon un document du ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (MIDI) dévoilé vendredi.


Cette cible correspond approximativement à celle du dernier gouvernement libéral. Entre 2015 et 2018, respectivement 53 084, 52 388 et 51 118 immigrants ont été admis.


Entre 3000 et 4000 nouveaux arrivants supplémentaires devraient être admis, chaque année, d'ici 2022.


En campagne électorale, le futur premier ministre François Legault avait promis de baisser ces seuils de 20 % dans le but d’améliorer la sélection et la francisation de ces nouveaux arrivants.



Selon le dernier plan en immigration, déposé en décembre par le ministre Simon Jolin-Barrette, Québec compte admettre 40 000 personnes sur son territoire en 2019. « Un choix courageux », a assuré Simon Jolin-Barrette, au cours d'une mêlée de presse.


Le gouvernement avait néanmoins précisé à plusieurs reprises que cette baisse serait temporaire.


« Il fallait réduire les seuils de façon à réformer le système d’immigration », a expliqué le ministre de l'Immigration, en faisant référence au projet de loi 9, actuellement à l'étude, qui vise à mieux sélectionner les immigrants en fonction des besoins du marché du travail.



Il fallait prendre un pas de recul avec le système d’immigration afin de faire en sorte de le réparer et de le moderniser.


Simon Jolin-Barrette, ministre de l'Immigration


Le budget du MIDI a d'ailleurs été revu à la hausse, avec de nouveaux investissements de 146 millions de dollars par année, sur cinq ans, pour « donner davantage de services pour les immigrants en vue de leur intégration et de leur francisation », a rappelé le ministre.


Le ministre Simon Jolin-Barrette en point de presse dans un corridor de l'Assemblée nationale.Le ministre Simon Jolin-Barrette affirme que la réduction des seuils était nécessaire afin de réformer le système. Photo : Radio-Canada

Plus d'immigrants économiques


Concrètement, cette hausse du nombre d'immigrants se fera essentiellement dans la catégorie de l'immigration économique, gérée exclusivement par Québec.


Entre 32 000 et 33 900 immigrants économiques, choisis en fonction d'une grille de sélection qui met de l'avant l'âge, la scolarité ou encore le domaine de formation, devraient arriver dans la province en 2022, soit près de 3000 supplémentaires par rapport à 2018 et environ 10 000 de plus qu'en 2019.


L'objectif du gouvernement est de faire passer la part de l'immigration économique à 65 % du total de nouveaux arrivants en 2022, contre une proportion maximale de 59 % espérée en 2019.


Aucune augmentation du nombre de réfugiés


Cependant, aucune augmentation n'est prévue dans la catégorie des réfugiés, qui est en partie régie par Ottawa. Entre 2018 et 2019, le gouvernement Legault avait fait part de son intention de baisser de 20 % également le nombre de réfugiés admis au Québec.


D'ici 2022, ce nombre resterait identique (entre 6900 et 7500 personnes).


« Ce que le gouvernement du Québec souhaite, c’est accueillir des immigrants économiques, qui vont répondre aux besoins du marché du travail », s'est défendu le ministre Jolin-Barrette, en ajoutant que « le Québec est une terre accueillante et humanitaire ».


« On fait notre part et on va toujours continuer de faire notre part », a-t-il précisé.


Ce plan évoqué n'est cependant pas encore la planification officielle de Québec. Il s'agit d'une « proposition du gouvernement », a indiqué le ministre Jolin-Barrette, qui permettra de discuter de ce sujet lors de prochaines commissions parlementaires.


Des consultations publiques auront d'ailleurs lieu dès le 12 août à ce sujet.


François Legault lors de la période des questions à l'Assemblée nationale.En campagne électorale, François Legault avait clamé, à plusieurs reprises, vouloir « prendre moins » d'immigrants, mais « en prendre soin ». Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Pressions du milieu des affaires


Dans la matinée, le Québec inc., d'une même voix, avait dénoncé la lenteur de la procédure législative visant à adopter ce projet de loi sur l'immigration. Dans un communiqué, huit organismes économiques ont demandé aux députés d'accélérer le rythme pour mettre en œuvre « sans délai » des mesures dans le but de répondre au « besoin urgent de main-d’œuvre ».


« On vit une situation de quasi crise », explique le président du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval. Selon ce dernier, reporter l'adoption de ce texte à l'automne, comme cela a déjà été évoqué en raison de la fin de la session parlementaire le 14 juin, serait « une catastrophe ».


« Tout le monde semble conscient que c'est névralgique pour l'économie du Québec », ajoute Michel Leblanc, qui dirige la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, tout en saluant « le message extrêmement positif » d'augmenter les seuils d'immigration. « On reconnaît ainsi l'apport de l'immigration. Ça nous rassure », confie-t-il.



On ne veut pas que les moyens pour répondre aux besoins du marché du travail soient victimes du goulot d'étranglement de la fin de session parlementaire.


Stéphane Forget, président de la Fédération des chambres du commerce du Québec


Alors que ces mêmes organismes ont déjà demandé à Québec de revoir sa position concernant les conditions qui pourraient affecter les entreprises, mais aussi les candidats à l'immigration, ils demandent également « de toute urgence au gouvernement » de « traiter immédiatement » les dossiers d'immigration des travailleurs étrangers vivant déjà au Québec, qui font partie des plus de 18 000 dossiers en attente que le gouvernement souhaite éliminer.


« Chaque semaine, un employeur m'appelle, car le permis de l'un de ses employés arrive à échéance et il attend des nouvelles de Québec », confie Yves-Thomas Dorval.



On est constamment sollicités par des entreprises. Il faut intervenir pour que ces personnes ne soient pas mises dans un avion en juillet ou en septembre. Les entreprises sont inquiètes. On a une responsabilité morale.


Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain


« Il faut que les parlementaires regardent dans le même sens pour améliorer la sélection, pour que ce soit plus efficace. Ils doivent faire, des deux bords, les compromis nécessaires », juge Stéphane Forget.




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