Après la reconstitution avortée de la bataille des plaines d'Abraham - Accueil turbulent pour famille royale

Le Réseau de résistance du Québécois tente de faire dérailler la visite du prince Charles et de la duchesse Camilla

Visite royale - Charles - Novembre 2009

Alec Castonguay - La visite au Québec du prince Charles et de la duchesse Camilla fait des mécontents. Le Réseau de résistance du Québécois et la Société Saint-Jean-Baptiste entendent perturber la visite royale et «chauffer les oreilles» du prince Charles. Les manifestants indépendantistes souhaitent faire assez de vagues pour que la royauté renonce à venir au Québec au début du mois de novembre.
L'aile radicale du mouvement souverainiste ne digère pas la venue au Québec du prince Charles et de la duchesse Camilla Shand en novembre. Le Réseau de résistance du Québécois, dirigé par Patrick Bourgeois, entend perturber les activités de la visite royale. Les militants purs et durs souhaitent d'ailleurs que la famille royale renonce à son périple à Montréal et à Gatineau, sinon un «comité d'accueil» sera mis en place.
Le Réseau de résistance du Québécois (RRQ) a fait beaucoup de vagues au cours de la dernière année, notamment lorsqu'il a contribué à faire dérailler la reconstitution de la bataille des plaines d'Abraham.
Le RRQ a envoyé une lettre à tous ses membres cette semaine pour annoncer ses intentions. Si le prince Charles et la duchesse persistent dans leur intention de venir au Québec, ils feront face à des opposants, prévient cette missive. «Le RRQ promet de chauffer les oreilles de celui qui est appelé à s'asseoir prochainement sur le trône d'Angleterre s'il ose mettre les pieds au Québec. Alors, compris, le message?», peut-on lire.
Contacté par Le Devoir, Patrick Bourgeois affirme qu'il n'y a aucune intention violente dans les perturbations à venir. «Je n'ai jamais été violent, alors ce n'est pas mon objectif. Mais lors de la controverse sur les plaines d'Abraham, on a tellement déformé mes propos que je vais faire attention pour ne rien révéler cette fois. J'ai appris. Je garde la surprise!», lance-t-il, affirmant seulement que l'opposition à la visite royale sera visible et bruyante. Des manifestations sont notamment au menu.
Il affirme que les indépendantistes ne peuvent laisser passer cette visite sans réagir. «On ne peut pas laisser passer ça. Le mouvement souverainiste a toujours protesté contre les visites royales. Si on ne le fait pas cette fois, les fédéralistes et les Canadiens vont dire que le mouvement indépendantiste s'écrase», dit-il, ajoutant: «On va faire le maximum pour qu'ils reconsidèrent leur décision de venir au Québec.»
Le président de la Société Saint-Jean-Baptiste, Mario Beaulieu, prépare une lettre qu'il entend envoyer à la famille royale pour lui demander d'annuler la visite, soutenant qu'elle n'est pas la bienvenue.
Le prince et la duchesse visiteront 12 villes du Canada du 2 au 12 novembre. Ils seront notamment à Gatineau et à Montréal vers la fin de leur visite. Les dates précises et les activités du prince seront rendues publiques dans les prochaines semaines. Ils iront également à Terre-Neuve, en Ontario et en Colombie-Britannique.
Dans un communiqué de presse diffusé la semaine dernière, Stephen Harper a dit que cette visite est un «honneur» pour le pays. «La visite de Leurs Altesses Royales offrira à tous, et plus particulièrement aux jeunes, l'occasion d'en apprendre davantage sur le patrimoine et les traditions dont nous sommes tous fiers», a-t-il soutenu.
Le RRQ estime que cette visite sera récupérée pour continuer le «nation building» canadien. «La monarchie britannique, c'est de mauvais souvenirs au Québec», dit Patrick Bourgeois. Stephen Harper et Michaëlle Jean auraient tort de croire que les choses ont changé, avance-t-il. «Ils croient peut-être que l'actuelle génération de Québécois et de militants indépendantistes s'opposera moins viscéralement à la présence de la couronne britannique sur le territoire québécois, mais ils se mettent un doigt dans l'oeil.»
Rares visites
Les visites au Québec de la famille royale sont très rares. La reine Élisabeth II n'est pas venue depuis 1987 (sauf pour un bref passage à Gatineau lors d'un souper officiel). En 2002 et en 2005, la reine avait évité le Québec lors de ses tournées canadiennes. Une nouvelle visite de Sa Majesté en 2010 a été annoncée plus tôt cette année.
Le prince Andrew n'est pas venu dans la province depuis 1989. Le prince Edward est venu plus souvent au Québec, mais toujours pour remettre des prix ou participer à des «affaires personnelles». Aucune visite officielle n'a eu lieu depuis les Jeux olympiques de 1976. Même chose pour la princesse Anne et le prince Charles (1976). Sa dernière visite officielle au Canada remonte à 2001.
À Ottawa, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a affirmé que le Québec «n'a pas besoin d'eux» mais que, si la famille royale vient en visite en tant que représentants d'un autre État, cela ne le «dérange pas». «La monarchie, ça appartient au passé», a dit M. Duceppe.
En juillet dernier, un sondage Strategic Counsel fait pour le Globe and Mail montrait que les Canadiens sont de plus en plus indifférents à la monarchie. Ainsi, selon les 1000 personnes sondées, 65 % des Canadiens souhaitent que les liens du Canada avec la monarchie britannique cessent d'exister après le règne de la reine Élisabeth II. Toutes les provinces sont favorables à la disparition de la monarchie d'ici quelques années. Au Québec, 86 % veulent en finir après le règne de l'actuelle reine. La province la plus timide est l'Ontario, avec 58 %.


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