Antisémitisme : il y a des limites à dire n’importe quoi

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La démagogie hypocrite de B’nai Brith Canada : pour inciter à la haine ?


Lundi dernier, une organisation juive s’en est prise aux lois 96 et 21. B’nai Brith Canada a déclaré qu’elles causeraient un exode des Juifs québécois. Ceci ne serait pas nouveau puisque certains israélites auraient quitté le Québec dans le passé pour cause de discrimination. Sans le dire explicitement, on nous accuse d’antisémitisme.


Insinuation grossière


Le groupe dénonce notamment l’obligation faite désormais aux immigrants d’utiliser le français dans les services publics. De là, il demande si le gouvernement québécois veut faire mourir des immigrants juifs à l’hôpital en les privant de soins en anglais. Comme si on laissait dorénavant des gens crever à l’hôpital plutôt que de les soigner en vertu de la loi 96! On veut faire passer les Québécois pour des êtres sans la moindre humanité. Cette insinuation grossière sert à masquer le fait, essentiel ici, que le vrai problème est de se faire soigner en français dans nos hôpitaux anglophones.


Le Québec serait aussi coupable de violer les droits fondamentaux. B'nai Brith Canada, qui ne représente pas la communauté juive québécoise, condamne notre gouvernement qui utilise la clause dérogatoire pour empêcher (partiellement) des juges fédéraux d’invalider nos lois en vertu de la charte canadienne qui nous a été imposée. Évidemment, quand l’Ontario a utilisé cette même clause dérogatoire l’an dernier, l’organisation n’a rien trouvé à redire.


Il y a quelques mois, son président Michael Mostyn déplorait dans le National Post la trop grande polarisation du débat politique avec la crise sanitaire et l’occupation d’Ottawa par des camionneurs. D’une part, disait-il, Trudeau a accusé les conservateurs (sympathiques aux protestataires) de brandir la croix gammée. Il soulignait avec raison que cette exagération outrancière ne faisait que jeter de l’huile sur le feu alors que le pays était déjà très divisé.


Le même reproche valait pour les anti-vaccins. Certains d’entre eux, en effet, arboraient des étoiles de David, comme si leur situation s’apparentait à celle des Juifs dans l’Allemagne nazie.


Hypocrisie


M. Mostyn expliquait également que les parallèles avec le nazisme ou d’autres comparaisons émotives permettent d’enfoncer le clou à ses opposants. Effectivement, ce genre d’argument produit une réaction forte. Or, en laissant entendre que le gouvernement québécois veut peut-être laisser des Juifs mourir, son organisation recourt au même genre de tactique qu’il dénonçait lui-même il y a trois mois.


Les Juifs québécois sont en général très bien intégrés et vivent cordialement avec le reste du Québec. Plusieurs appuient les lois 21 et 96. En attaquant celles-ci avec des arguments mensongers et démagogiques, Mostyn jette de l’huile sur le feu. Il polarise le débat sur des enjeux émotifs comme la langue et la laïcité. C’est exactement ce qu’il reprochait récemment à Trudeau. Comme lui d’ailleurs, le président de B’nai Brith Canada manie à merveille l’hypocrisie.


En agissant comme il le fait, Michael Motsyn nuit à tout le Québec, en commençant par la communauté juive qu’il prétend défendre.










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Frédéric Bastien166 articles

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Titulaire d'un doctorat en relations internationales de l'Institut universitaire des hautes études internationales de Genève, Frédéric Bastien se spécialise dans l'histoire et la politique internationale. Chargé de cours au département d'histoire de l'Université du Québec à Montréal, il est l'auteur de Relations particulières, la France face au Québec après de Gaulle et collabore avec plusieurs médias tels que l'Agence France Presse, L'actualité, Le Devoir et La Presse à titre de journaliste. Depuis 2004, il poursuit aussi des recherches sur le développement des relations internationales de la Ville de Montréal en plus d'être chercheur affilié à la Chaire Hector-Fabre en histoire du Québec.





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