UN SONDAGE CHAUD ET LÉGER AVANT LA VISITE ROYALE

Annexer ou non au Québec l'Île Britannique de Turk et Caicos?

Tribune libre

Monsieur Jean-Marc Léger, PDG
_ Léger Marketing
_ Place d'Armes, Montréal
Monsieur,
Après avoir choisi comme destination nuptiale, le paradis touristique créole, francophile et chrétien que sont les Iles Seychelles dans l'Océan indien, le prétendant au Trône et à la Couronne britannique qu'est le Duc et sa nouvelle Duchesse de Cambridge effectueront comme première visite officielle, un séjour de quelques heures chez-nous dont deux arrêts au Québec et ce, tout juste après avoir procédé au lancement de la Fête du Canada, ce 1er juillet, soit deux mois, jour pour jour, après que l'irréductible Québec ait réalisé sa « socialiste et orangiste » révolution néo démocrate.
D'ailleurs, ce 1er premier arrêt dans la Capitale de la nation québécoise permettra sans doute au couple royal de faire quelques pas de danse pour clôturer le 400e anniversaire sans fin de la Ville de Champlain. Ils lèveront peut-être la patte avec Bonhomme Carnaval tout en tentant d'attirer les paparazzis pour faire la une du magazine Macleans. Ils feront sûrement le bal avec son exubérant Maire Labeaume qui a déjà payé des milliers d'écus pour trouver ce code génétique d'une Capitale qui cherche désespérément une reconnaissance internationale et attirer des millions d'investisseurs et touristes, surtout Américains et professionnels en patins. Le lendemain, dans cette métropole reconnue dans le monde pour son Festival de jazz, la visite - certains oseront dire parasitaire, « shocking » ! - s'arrêtera dans Montréal qui prend déjà tous les moyens pour éviter toute punaise de lit dans ses hôtels.

Afin de bien préparer ce séjour royal, le Québec mais aussi le Canada de M. Harper - qui a perdu quelques plumes diplomatiques en début d'année en n'obtenant pas ce siège électif au Conseil de sécurité de l'ONU - ne devraient-il pas réfléchir maintenant et asymétriquement à leurs destinées politiques en s'inspirant de ces tout aussi irréductibles australiens qui tentent également, depuis quelques années, de redéfinir leurs liens avec la Royauté britannique?
Au lieu d'un trop exigeant référendum sur notre dilemme identitaire, pourquoi ne pas réaliser - d'ici l'arrivée de ces émissaires royaux que sont le Prince William et sa Princesse Catherine - un vaste sondage d'opinion dont votre firme Léger Marketing est devenu un maitre en la matière en Amérique y compris à Londres? Ainsi, pourquoi ne pas vérifier l'idée qu'a léguée votre défunt père Marcel, ex ministre du Tourisme sous René Lévesque qui avait signé, sans succès, une entente pour gérer l'ile d'Eleuthera aux Bahamas? Ou pourquoi ne pas demander à nous Québécois et Québécoises, notre opinion en tant que voyageurs en mal permanent de soleil sur un sujet potentiellement brûlant d’actualité qu'est l'annexion des Iles Turques-et-Caïques (Turcs and Caïcos, en anglais), cette colonie britannique dans l'archipel des Antilles au sud-est des Bahamas?
Cette idée qu'il s'agisse d'une association ou d'une annexion pure, d'une entente économique ou d'une union politique n'est pourtant pas nouvelle. En 1917, le Premier ministre canadien, Robert Borden, évoquait un possible rapprochement entre ces deux nations du Commonwealth. En 1974, à la demande des insulaires turques, un député canadien a déposé un amendement en ce sens. En 2004, un député de la Nouvelle-Écosse a réussi un tel vote d’annexion à cette province et possède depuis sa propre page Facebook !
Ainsi, en juin 2011, le député d'Outremont, M. Thomas Mulcair, actuel no. 2 du NPD et ex conseiller juridique d'Alliance-Québec ne serait-il pas tenté de déposer un tel projet de loi à Ottawa en ce début d'une nouvelle législature à la Chambre des communes de sa royale majesté? Pour leur part, l'indépendantiste Agnès Maltais ou sa cheffe Madame Marois ne devraient-elles pas être tentées de déposer en cette Assemblée nationale à Québec un tel projet de loi, privé ou non, de gouvernance et de bonne souveraineté-association avec Turks et Caicos?
90 % des 36 605 habitants des 30 îlots de coraux que sont ces deux grandes iles antillaises n'ont-ils pas déjà été en faveur, en 1986, d'une annexion à notre « Haut ou Bas » Canada? 36 605 nouveaux contribuables n'est-ce pas là trois fois la population des Iles-de-la-Madeleine? Ou même un territoire plus populeux que cette 13e « province » qu'a été, le 1er avril 1999, l'inukophone Nunavut canadien? Ou l'équivalent en superficie de toute l'Ile de Montréal? Sa capitale Cockburn Town n'est elle pas géographiquement plus près de Québec qu'Ottawa l'est de Vancouver?
Bien sûr que cela exigera de notre part d'offrir plus de places en garderies dans cette capitale touristique qu'est Providenciales mais aussi plus d'assurances maladie ou plus d'assurances automobiles, surtout qu'on roule à gauche dans ces iles! Mais ô combien notre balance commerciale avec cette partie des Antilles serait moins déficitaire justement par le tourisme qui y est réputé mais aussi cette pêche à la langouste et mieux, tous ces faramineux services financiers off shore, refuges et abris fiscaux pour banques multimilliardaires. Une île en plus qui transige déjà en dollars US, actuellement en quasi-parité avec le dollar canadien. Ne serais-ce pas là une superbe alternative à notre éventuelle perte d’une unique Commission des valeurs mobilières « All Canadian », si chère maintenant aux majoritaires conservateurs diminués politiquement au Québec?
De plus et avec tout son flair financier bâti en tant qu'armateur et propriétaire de bateaux parcourant mers et mondes, l'ex ministre canadien des finances et ex Premier ministre Paul Martin, qui jouit maintenant d'un splendide terrain de golf à son domaine en Estrie n'a-t-il pas déjà nommé par le passé le rescapé libéral du 2 mai dans Saint-Léonard/Saint-Michel, M. Massimo Pacetti à la tête d'un tel comité de députés pour étudier cette association avec les iles Turques et Caicos? Pour plus de clarté, l'ex chef libéral Stéphane Dion se joindrait sûrement à ce comité.
Allons cessons comme dirait le lucide ex-Premier ministre Lucien Bouchard de « faire preuve de paresse et de dormir au gaz dans notre cour de gueux et de quêteux à la Pétaud ». Osons montrer à la face du monde que nous sommes ouverts à tout prix sur le monde, avec ou sans sang royal ou... colonial dans nos veines!
Gérard Briand
_ Arrondissement Rosemont, Montréal

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L’auteur habite Rosemont. Détenteur d’une MBA (spécialisée en entreprises collectives) et collecteur de dons rattaché à des organisations nationales bénévoles, il est également chargé de cours en gestion philanthropique aux niveaux collégial et universitaire.





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