Accommodement paresseux

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La crise de la démocratie se traduit par une participation anémique

Vous êtes trop lâches pour vous lever le derrière un jour de scrutin ? Le directeur général des élections, Pierre Reid, propose le vote par internet. Le gouvernement va se fendre en quatre pour vous accommoder dans votre paresse au lieu de vous botter le cul comme vous le méritez.


La solution au problème du déficit de participation électorale est connue depuis longtemps : l’obligation de voter. La Belgique, par exemple, ou l’Australie, deux pays évolués, deux États de droit, appliquent une telle politique.


Tu ne votes pas ? C’est un délit. On te facture une amende. Rien de terrible. 50 $, disons. Parce que c’est ton devoir de citoyen de voter ! Depuis les années 1980, je défends cette idée en prêchant dans le désert. Ce serait pourtant possible. Et ça réglerait le problème.


La fatalité du 44,8 %


Peu importe l’argent dépensé en campagnes de publicité pour inciter à aller voter, on stagne autour du sempiternel taux de 44,8 %.


À la grande déception de M. Reid, la paresse ne s’émeut pas des messages moralisateurs. Faut-il s’en surprendre ? On a l’habitude du tout cuit dans le bec. « Je m’accommode » va bientôt remplacer notre devise, « Je me souviens ». Par ailleurs, M. Reid semble excuser la paresse des gens en l’attribuant à un « manque d’information ».


Démocratie malade


Vous savez quoi ? On va encore dépenser de l’argent. On a gaspillé pour une campagne de sensibilisation totalement inutile. On va maintenant dilapider des fonds pour examiner la possibilité de peut-être permettre le vote par internet qui pose des problèmes techniques, notamment pour identifier l’électeur. Et si par miracle ce vote par internet se concrétise, celui-ci ne changera rien au taux de participation... qui demeurera famélique. (Je rappelle que nous sommes 30 % à ne pas utiliser l’internet régulièrement.)


La démocratie est malade. Non seulement par la faute du je-m’en-foutisme citoyen, mais aussi parce qu’au fond, cette situation arrange la classe politique qui se sent ainsi moins redevable à l’électorat.