Abus de visibilité

On n'est pas dans un simple déséquilibre. On est dans la démesure.

Canada Day 2009



(Québec) La fête du Canada donne lieu à un abus de visibilité au Québec.
Selon des documents obtenus par La Presse, 85 % des fonds alloués par le ministère du Patrimoine aux différents comités du «Canada en fête» ont pris la direction du Québec l'an dernier.
Les comités québécois responsables des festivités ont reçu 3,2 des 3,77 millions $ destinés aux 10 provinces et trois territoires
canadiens.
Entendons-nous bien. Le problème n'est pas que la journée du 1er juillet revête un caractère politique, ni même qu'elle soit une vitrine pour l'unité canadienne.
Toutes les fêtes nationales célèbrent le patriotisme à des degrés divers. C'est le cas du 4 juillet aux États-Unis, du 14 juillet en France ou du 24 juin au Québec. La Saint-Jean est un moment où l'on célèbre la fierté québécoise, l'appartenance à une nation francophone.
Les fêtes nationales ne sont jamais totalement neutres.
Le problème de la fête du Canada est dans la disproportion entre les moyens accordés par Ottawa aux célébrations se déroulant au Québec et ceux octroyés dans le reste du Canada.
On n'est pas dans un simple déséquilibre. On est dans la démesure.
À l'instar des libéraux de Jean Chrétien, les conservateurs de Stephen Harper arrosent le Québec d'argent pour célébrer la fête du Canada.
Le ministre James Moore a lui-même confirmé le problème à la Chambre des communes. D'abord implicitement en indiquant que son gouvernement cherche «une manière d'améliorer la situation pour que le Canada puisse être bien célébré dans chaque coin du pays». Et explicitement... en contestant les chiffres publiés en début de
semaine.
Il soutient que son gouvernement dépense 6,7 millions $ par année pour la fête du Canada, dont 3,7 millions $ au Québec. C'est donc dire, de son propre aveu, que la Belle Province récolte 55 % des fonds, soit deux fois plus que son poids démographique dans l'ensemble canadien.
On veut bien admettre que la distribution ne peut pas et ne doit pas se faire au prorata exact du poids des provinces, mais tout de même!
C'est une chose de vouloir faire participer le maximum de Québécois aux célébrations du 1er juillet. C'en est une autre de laisser les vannes ouvertes à ce point.
Devant un pareil déséquilibre entre les provinces, comment s'étonner que les membres du gouvernement canadien fassent les sourds quand les députés du Bloc québécois parlent de «propagande»?
S'ils refusent d'entendre les bloquistes, qu'ils écoutent au moins les doléances des autres provinces. Elles réclament une meilleure part du gâteau. C'est légitime.


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