À Philippe, d’une amie

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Nathalie « Brutus » Normandeau

En demandant aux gens de Louis-Hébert de voter pour la CAQ, l’ex-ministre Nathalie Normandeau vient de porter à Philippe Couillard un coup beaucoup plus dur qu’il n’y paraît. À première vue, on pourrait penser que la parole d’une personne accusée au criminel pèse peu. Erreur.


Madame Normandeau sait ce qu’elle fait lorsqu’elle lance une envolée cinglante contre Philippe Couillard dans son émission radiophonique. Des mots incroyablement durs de la part d’une ex-collègue. Elle décrit le premier ministre comme un homme « très inquiétant qui regarde les Québécois de haut ». Elle dit souhaiter « vivement un autre gouvernement, un gouvernement caquiste à l’Assemblée nationale » !


Les libéraux répondront avec raison que ses motivations ne sont pas toutes angéliques. Nathalie Normandeau peut agir à la fois par esprit de vengeance contre des gens qui l’ont laissé tomber et pour mousser son émission de radio. L’humain n’agit pas toujours avec comme seule obsession l’intérêt supérieur de sa nation.


Encore populaire


Néanmoins, le coup porte durement et pour plusieurs raisons. D’abord, cette femme a un charisme certain. On l’écoute. Elle sait manier les mots et l’émotion pour toucher les gens. Sa capacité à se faire réélire en Gaspésie et sa carrière radio en font foi.


Nathalie Normandeau jouit surtout d’une oreille favorable parmi les gens à tendance libérale. Les électeurs libéraux semblent déjà avoir passé l’éponge sur son arrestation et ont déjà accepté l’idée que la justice détient peu de chose contre elle. Avant même le procès, l’impression qu’elle aura été plus victime que coupable dans cette affaire s’est installée.


Or, ces électeurs libéraux sont exactement ceux que la machine du PLQ a peur d’échapper ce lundi dans l’élection partielle de Louis-Hébert. Des gens qui supportaient Sam Hamad et qui hésitent maintenant.


Moment clé


Nathalie Normandeau connaît la politique. Dans une élection partielle, la dernière semaine est déterminante. C’est le moment de la prise de décision de bien des électeurs. Frapper ce coup à un tel moment ne relève pas du hasard. Elle voulait piquer pour faire mal. Peut-être donner la jambette ultime aux libéraux dans cette circonscription stratégique.


L’une des raisons pour lesquelles la circonscription de Louis-Hébert est jugée si stratégique, c’est qu’elle est située dans la région de Québec. Si Philippe Couillard a eu la chance de diriger un gouvernement majoritaire plutôt que minoritaire depuis 2014, c’est grâce à l’appui de la région de Québec. S’il devait trébucher dans l’ancien fief de Sam Hamad ce lundi, le signal ne serait pas très bon.


De son côté, la CAQ se réjouit de cet appui inattendu tout en gardant ses distances pour ne pas tacher sa cape blanche sur les impuretés de l’ère Charest. Opportunisme naturel en pareilles circonstances.


Quant aux péquistes, ils rient dans leur barbe des malheurs des adversaires depuis le début de cette élection complémentaire rocambolesque. Mais au fond d’eux-mêmes, ils ont peur de rire jaune le soir du vote. Si le vote péquiste demeurait aussi faible que la dernière fois, ils n’auraient pas tellement d’excuses.