À la case départ

Le cercle vicieux : colonisation, résistance, répression



Tant d’espoirs ont été déçus qu’il est presque vain de se demander aujourd’hui si la déclaration d’Annapolis préparera la paix entre Israël et la Palestine. Ce qu’il faut savoir, cependant, c’est que tout le monde connaît depuis longtemps les termes d’un futur accord politique. La seule question qui se pose est la suivante : combien de morts, de vies brisées et de souffrances encore avant que Palestiniens et Israéliens ne les acceptent?
Le plus remarquable à la Conférence d’Annapolis, hier, est la référence de George W. Bush à la «feuille de route». La feuille de route est ce plan élaboré par les États-Unis, l’Union européenne, la Russie et l’ONU en… 2003. Le processus de négociation lancé cette année-là devait s’achever en… 2005.
C’est donc un retour à la case départ auquel nous venons d’assister. Nous revoilà revenus en avril 2003.
Nous ne le soulignons pas pour laisser entendre que cette rencontre a été sans importance. Mais pour dire que, oui, le chemin qui pourrait conduire ces deux peuples à la paix est connu depuis des années.
La feuille de route est un cadre. Le «contenu», si l’on peut dire, se trouve dans le pacte de Genève, un document datant, lui, de décembre 2003.
Le pacte de Genève est un plan de paix non officiel. Il a été négocié par des personnalités israéliennes et palestiniennes qui n’étaient mandatées ni par le gouvernement israélien ni par l’Autorité palestinienne.
Ces hommes et ces femmes en avaient assez des rivières de larmes et de sang. Ils n’en pouvaient plus de tenir le registre des morts.
Ce projet pousse le détail si loin qu’il permet presque de tracer les futures frontières à la maison près. Il prévoit l’évacuation par Israël de la plupart des colonies de Cisjordanie et le partage de la souveraineté de Jérusalem. Il prévoit aussi que les Palestiniens renoncent au retour en Israël de près de 4 millions de réfugiés. Le retrait de Gaza est la seule chose qui ait été réalisée.
Toutes ces conditions représentent-elles trop de sacrifices de part et d’autre? Trop? Non. La paix n’adviendra que si les sociétés concernées consentent à de lourds sacrifices politiques.
Elle ne se matérialisera jamais en 2008, ni même en 2025, si chaque camp se cramponne à ses exigences.
Les gouvernements d’Ehoud Olmert et de Mahmoud Abbas le savent. Ils savent que la paix sera impossible sans compromis douloureux. Le problème, ce n’est plus eux. Plus entièrement, en tout cas.
Le problème, l’obstacle, ce sont les radicaux, les extrémistes, les jusqu’au-boutistes. Ceux pour qui tout compromis est toujours une compromission. Ceux qui comptent le nombre de morts sans se demander combien de vies pourraient être sauvées dans l’avenir.
Les ennemis de la paix sont ceux qui diront bientôt que Mahmoud Abbas et Ehoud Olmert sont des traîtres à leur patrie. Ce sont des dirigeants du Jihad islamique et du Hamas qui rêvent à la destruction d’Israël. Ce sont des colons qui rêvent d’un grand Israël.
Comme en 2003, le défi des partisans d’une solution négociée est de restreindre l’espace occupé par des individus obnubilés par la haine et le ressentiment. C’est d’autant plus important que Gaza demeure une poudrière.
Nous avons tous intérêt à ce qu’Israéliens et Palestiniens parviennent à un accord. L’apaisement mondial dépend beaucoup de la paix au Proche-Orient.
Dommage que George W. Bush ait décidé d’en faire une priorité aussi tardivement. Dommage que les pays arabes soient restés les bras croisés aussi longtemps. Dommage que la communauté internationale soit demeurée aphone ces dernières années.
Dommage, parce que les solutions, même si elles supposent de lourds sacrifices, sont connues.
- source


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé