À l’horizon, un pénible déconfinement

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« En Espagne comme au Danemark, le déconfinement est commencé. »


 Il a d’abord fallu se confiner. S’enfermer chez soi.  


Depuis quelques semaines, une bonne partie de l’humanité partage cette expérience, qui n’a pas partout le même visage. On ne se confine pas de la même manière à la ville ou à la campagne, en famille ou célibataire, en duo ou avec de jeunes enfants. Nos sociétés n’en sortiront pas indemnes et seront marquées par un vrai traumatisme psychologique. 


Mais encore faut-il en sortir. On ne sait trop comment.  


Prudence 


Car la peur a gagné l’esprit d’un peu tout le monde. Lorsque Québec a évoqué il y a quelques jours la possible réouverture des écoles, un vent de panique a gagné la population et plusieurs l’accusèrent d’incohérence.  


Tout de suite, François Legault a corrigé le tir. Cette proposition, bien que maladroite, avait néanmoins une vertu : nous rappeler qu’un jour, nous devrons sortir de nos terriers, même si la situation ne sera pas idéale et qu’elle sera peut-être même inquiétante. Nous ne pourrons pas vivre éternellement encasernés.  


Cette situation ne nous est évidemment pas exclusive.  


En Espagne comme au Danemark, le déconfinement est commencé. En France, lundi soir, Emmanuel Macron l’a annoncé pour le 11 mai, tout en précisant qu’il serait partiel et progressif. Ce n’est pas demain que nos cousins d’outre-Atlantique célébreront en terrasse, en s’embrassant dans un printemps insouciant.   








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Chaque fois, la réaction est la même. On s’inquiète. On se demande si ce n’est pas trop tôt.  


Nous sommes même placés devant une alternative trompeuse : la santé ou l’économie. Je dis trompeuse, car elle n’a aucun sens. 


Il fallait d’abord se confiner pour éviter de voir notre système de santé imploser sous la pression de la COVID-19 et éviter la propagation folle de cette dernière, d’autant que nous la connaissons mal et ne savons pas encore comment la vaincre vraiment.  


C’était une mesure d’urgence. Tous l’ont instinctivement compris.  


Mais elle ne peut être durable, sans quoi ce mouvement de repli protecteur devient autodestructeur. Il s’agit maintenant de protéger les populations à risque et de gérer l’épidémie au mieux, sans la laisser occuper tout l’espace social. 


Il faut éviter d’accuser d’imprudence tous ceux qui envisagent le retour de l’activité sociale. 


Il faut pourtant se l’avouer : nous ne retournerons pas dehors dans un univers aseptisé, une fois pour toutes protégés contre la COVID-19, qui continuera de frapper et fera encore des victimes. Mais nous essaierons, cette fois, d’être mieux préparés pour l’affronter. Nous demeurerons sur le pied de guerre. 


Traumatisme 


Nous ne pourrons pas mettre entre parenthèses mentales l’épisode du confinement, comme si rien ne s’était passé. Pendant un bon moment, le monde extérieur nous semblera hostile, et les restaurants où nous avions l’habitude de nous rassembler auront un côté lugubre. La bienveillance d’hier sera remplacée par la méfiance. 


Tout cela se fera à tâtons, sans trop de certitudes, avec des avancées et des reculs, avec des maladresses et des bons coups.  


Qu’on le sache d’avance, ce déconfinement ne sera pas festif. Au moins, nous retrouverons un peu d’air.




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