8 des 28 pays de l'UE sont maintenant entrés dans la déflation (ce qui signifie que les produits de consommation y sont désormais moins chers que l’année dernière), ce qui ne fait qu’augmenter la pression sur la BCE pour qu’elle « fasse quelque chose ». En comparaison avec le mois d’août, les prix ont baissé dans 17 Etats membres, ils sont restés inchangés dans 2 autres et ils ont augmenté dans 9 autres.
L'expérience japonaise nous indique que la déflation est un phénomène dangereux, comme l’avait formulé Steen Jakobsen, l’économiste en chef de la banque danoise Saxo Bank:
En tant que tel, il est important de se rappeler que du point de vue d’un décideur politique, la désinflation est le pire de tous les maux de l'économie.
En d'autres termes, on sait quand elle commence, mais jamais quand elle prendra fin.
En situation de déflation les consommateurs reportent leurs dépenses: au bout d’un an, ils peuvent acheter plus pour la même somme d'argent. Cela conduit à une augmentation des stocks pour les entreprises qui reportent également leurs achats à leur tour, parce qu'elles se retrouvent coincées avec du surstock, qui a aussi perdu de sa valeur.
Dans un environnement déflationniste, les prix continuent de baisser, sans que l’on puisse voir la fin de cette baisse. Pour certains, c’est une bonne chose, mais pour beaucoup, il n’y a là aucune raison de se réjouir. La déflation est beaucoup plus difficile à contrôler que l'inflation. Dans le cas de cette dernière, les banques centrales vont augmenter les taux d'intérêt pour contenir l'inflation. Pour juguler la déflation, il faut donc en théorie faire baisser les taux d'intérêt. Mais dans le contexte actuel, c'est impossible, les taux d'intérêt sont déjà proches de zéro à peu près partout.
Avec des taux d'intérêt bas, le seul levier qui reste à Mario Draghi est celui de l'assouplissement quantitatif, c’est-à-dire inonder le marché avec de nouveaux fonds, mais les Allemands rejettent le recours à cet outil. Pour nos voisins de l'Est, c’est l'inflation, et non pas la déflation, le véritable ennemi.
En outre, Angela Merkel a réaffirmé jeudi que la crise de l'euro n'était pas terminée. Cela ne sera possible que si les pays réduisent leurs déficits et qu’ils renforcent leurs économies, a-t-elle dit au Parlement allemand.
Cependant, il semble que réclamer de la discipline budgétaire soit trop demander pour deux des plus grandes économies de la zone euro : la France et l'Italie. Les Français ont publié cette année un budget dans lequel la limite de 3% n'est pas respectée, en violation de tous les accords. Cette semaine, on a appris que l'Italie a arrangé son bilan avec les revenus de la drogue et de la prostitution afin de ne pas enregistrer une troisième récession consécutive.
Stimuler l'économie par des investissements importants réalisés par les gouvernements est également quasiment impossible, en raison du boulet de la dette élevée que tous les pays européens traînent derrière eux. La Banque centrale européenne devra donc compter sur des mesures extraordinaires pour réduire la déflation, comme, par exemple, l'achat d'obligations à grande échelle, sans garantie que cela soit couronné de succès.
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