COMMISSION CHARBONNEAU

5000 emplois perdus dans le secteur du génie québécois

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Situation réelle, ou délibérément dramatisée par les intéressés qui souhaitent un retour de la «belle époque» ?

L’industrie du génie aurait perdu environ 5000 emplois au Québec au cours des deux dernières années, en partie en raison des révélations entendues devant la commission Charbonneau.
Après deux ans d’audiences publiques ponctuées de témoignages explosifs sur des systèmes de collusion et de corruption, les effets commission Charbonneau se font aujourd’hui sentir dans l’industrie du génie et de la construction au Québec.
L’Association des ingénieurs-conseils (AICQ) estime à environ 20% les pertes d’emplois dans son secteur. «Cette baisse s’explique entre autres par le ralentissement des projets publics, conséquence des gestes répréhensibles de certains individus révélés dans les médias et à la commission Charbonneau», avance Pierre Nadeau, directeur des communications à l’AICQ.
Ingénieurs « pénalisés »
Mais la commission d’enquête publique est loin d’être la seule responsable de cette situation. «Le contexte économique actuel est difficile et il affecte aussi les projets des clients privés», ajoute M. Nadeau.
Les 5000 pertes d’emplois mentionnés par l’AICQ ne comprennent pas seulement des ingénieurs, mais regroupent tous les métiers du secteur du génie.
Si la commission Charbonneau avait sa raison d’être au début, Michel Nadeau, le directeur général de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP), estime aujourd’hui qu’elle en a «trop fait».
«On a étalé les mauvaises pratiques, ce qui était une bonne chose, mais on a continué à entacher des réputations», indique-t-il, regrettant que le secteur subisse les conséquences des actes d’une poignée d’individus. «L’industrie du génie n’a pas été épargnée. À cause du comportement de quelques personnes, des centaines d’ingénieurs ont été pénalisés», ajoute-t-il.
M. Nadeau craint désormais que la Commission recommande des contrôles à n’en plus finir qui pourraient paralyser le processus d’octroi des contrats publics: «Il ne faut pas arriver avec des grands codes, des formulaires et des permis. Il suffit de responsabiliser les quatre ou cinq dirigeants d’une firme. Ils auront leurs emplois en jeu, ils feront attention.»
Si elle reconnaît que la situation «d’ultra-surveillance» n’est pas idéale, Danielle Pilett­e, experte en gestion municipale et professeure à l’UQAM, estime tout de même que les institutions et les contribuables ont besoin de garanties, comme l’UPAC ou l’inspecteur général de la Ville de Montréal. «Il faut redonner une crédibilité et une légitimité à nos élites professionnelles et politiques», indique-t-elle.
La construction touchée
De son côté, l’Association de la construction du Québec ne constate pas de pertes d’emploi dans son secteur, mais relève un climat permanent de méfiance et de suspicion sur les chantiers.
«Les donneurs d'ouvrage ont tellement peur de se faire prendre à faire quelque chose qui pourrait ne pas être correct qu’ils ne font plus rien. Ils ont peur de prendre des décisions qui sortent du cadre du contrat (…). Et pour les demandes d’extras, il y a des triples vérifications», relate Me Pierre Hamel, le directeur du Service des affaires juridiques et gouvernementales de l’ACQ.
Cette situation entraîne des prolongations de travaux et des retards de paiement qui fragilisent la santé financière de certaines entreprises.


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