2000 étudiants envahissent les rues

Grève étudiante - novembre 2007


Violaine Ballivy - Bravant un crachin glacial, 2000 personnes sont descendues hier dans les rues de Montréal pour réclamer un réinvestissement massif dans le système d'éducation du Québec. L'ampleur de la mobilisation n'avait aucune mesure avec la marée humaine qui a déferlé en 2005 au même endroit contre, cette fois, les coupes de 103 millions au régime des prêts et bourses. «Mais ce n'est qu'un début», ont tonné les étudiants.


Les manifestants ont donné le départ d'une très longue marche vers 14h, au square Dorchester, après deux courts discours des porte-parole de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), organisatrice de l'événement. Des jeunes étaient notamment venus de Sherbrooke, Drummondville, Québec et Rimouski. Selon l'ASSÉ, des associations représentant près de 60 000 étudiants avaient opté en faveur d'une levée de cours hier.
«Le temps est horrible, nous sommes au tout début de la campagne de mobilisation et plusieurs d'entre nous sont déjà débordés par les travaux de fin de session. Il ne faut pas être déçus de la participation. Il y a toujours des gens qui votent plus pour avoir congé que pour la cause, mais ceux qui sont présent sont très sensibilisés», a commenté hier Élie Éthier, étudiant à l'Université de Sherbrooke.
«On est ici pour dire à la ministre Courchesne qu'on ne se laissera pas marcher sur les pieds! Au contraire, on est de plus en plus motivés» a prévenu Marie-Ève Ruel, porte-parole de l'ASSÉ. «La grève n'est pas mise de côté! Cette journée n'est que le début d'une longue escalade des moyens de pressions.»
Sans doute stimulé par le froid, le cortège a défilé d'un pas rapide pendant plus de trois heures dans le centre-ville, sous le regard amusé des commerçants des boutiques de luxe qui ont souvent pris le temps de s'arrêter pour leur adresser à tout le moins un sourire, sinon un signe de la main.
Des étudiants ont craint la présence d'agitateurs en début de parcours. Les policiers étaient présents en grand nombre, et bien visibles, mais le ton est resté calme pendant toute la durée de la manifestation.
Une bande de clowns a pris plaisir à investir chaque banque croisée sur le chemin, le temps d'y faire quelques pirouettes sans malice. «Il y a là beaucoup d'argent qui devrait être redonné à ceux qui en ont besoin! Seuls des clowns absurdes sont capables de dénoncer un système aussi absurde», a résumé l'un d'eux.
La plupart des slogans réclamaient l'abolition de 500$ sur cinq ans des droits de scolarité, même si les demandes de l'ASSÉ sont beaucoup plus larges, allant de la gratuité scolaire à l'établissement d'un système de garde nationale pour les étudiants. Certains étaient très crus: «On est à boute tabarnak», tandis que d'autres reprenaient la prose d'Aquin ou de Camus: «L'histoire d'aujourd'hui nous force à dire que la révolte est l'une des dimensions essentielles de l'homme.»
Une importante délégation de l'UQAM était aussi présente. Cinq associations facultaires représentant 20 000 étudiants y sont en grève cette semaine contre l'application du plan de redressement budgétaire qui prévoit une hausse des droits afférents et le gel de l'embauche des professeurs. Des étudiants en arts avaient confectionné pour l'occasion une immense marionnette en papier mâché à l'image de l'aspirant recteur Claude Corbo, cible des critiques estudiantines depuis qu'il a annoncé son intention de respecter ce plan s'il est élu.
Les manifestants se sont finalement dispersés petit à petit à la tombée de la nuit, la chute du mercure favorisant le retour au bercail. Vers 18h, à peine plus de 200 d'entre eux se sont réfugiés à l'UQAM où, réunis en assemblée générale, ils ont évoqué l'idée d'y tenir un bed-in le soir même contre la volonté de la direction de l'établissement.
La proposition n'a toutefois pas été retenue. Il faut dire que les étudiants ont été échaudés par deux interventions policières lancées à la suite d'occupations du genre, d'abord lundi soir à l'UQAM, puis mardi au cégep du Vieux-Montréal au terme de laquelle une centaine de personnes ont été arrêtées.
Les étudiants reprendront la rue dès jeudi prochain pour une nouvelle manifestation dans les rues de Montréal, organisée, cette fois, par la Fédération étudiante universitaire du Québec et la Fédération étudiante collégiale du Québec.
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