1 million $ pour un logiciel électoral

Ce nouvel outil a aidé la CAQ à remporter la partielle de lundi dans la circonscription de Louis-Hébert

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Il y a des questions à se poser sur les sources du financement de la CAQ

La CAQ s’est payé un nouvel outil informatique qui a coûté « dans les sept chiffres » pour l’aider à remporter l’élection partielle de lundi dans la circonscription de Louis-Hébert, a appris notre Bureau d’enquête.


Le président de la Coalition Avenir Québec (CAQ), Stéphane Le Bouyonnec, admet qu’après les candidats, ce nouveau logiciel est « l’arme secrète », « le secret du caramel dans la Caramilk ».


« Ça a été la dépense la plus importante du parti ces dernières années, dit-il en entrevue. Dans l’organisation, c’est la pierre angulaire de notre stratégie organisationnelle. »


La « Coaliste » est une application sur internet développée au cours des dernières années par la CAQ, qui servira aussi au scrutin général de 2018. Son coût de conception n’entre pas dans les dépenses électorales.


Elle centralise plusieurs informations sur les électeurs pour les organisateurs et militants caquistes, qui peuvent ainsi identifier les sympathisants lors des élections.


« Ça nous permet d’ajuster notre message en fonction des informations qu’on a [...] au moment de faire des appels ou du porte-à-porte », ajoute Samuel Lemire, président sortant de la Relève de la CAQ, qui a testé « Coaliste » dans la partielle de Gouin avant le véritable coup d’envoi dans Louis-Hébert.


Brigitte Legault, l’organisatrice en chef de la CAQ, s’était déjà familiarisée avec ce type de logiciel lorsqu’elle travaillait avec le Parti libéral du Canada de Michael Ignatieff.


« À la CAQ, on a essayé quelques logiciels avec les nombreuses élections partielles. Puis avec les élections à date fixe, ça nous a donné l’opportunité de travailler sur le genre d’outil qu’on voulait », explique-t-elle.



Photo courtoisie


Le logiciel et l’application « Coaliste » ont été utilisés pour la première fois à plein rendement lors de l’élection partielle dans Louis-Hébert, dans la région de la Capitale-Nationale, remportée par la caquiste Geneviève Guilbault.



Photo courtoisie


Produit québécois


L’outil, qui appartient à la CAQ, a été développé par une entreprise québécoise.


« On pense que c’est un développement qui vaut plusieurs millions et qu’on a été chanceux de faire ça en s’en tirant autour d’un million », dit M. Le Bouyonnec.


Selon le président de la CAQ, le logiciel permet à la formation de réduire ses besoins en effectifs.


« On n’a pas besoin d’autant de militants pour runner une élection [...] Au moins trois ou quatre fois moins de monde. »


Une « machine »


La CAQ mise sur ce nouvel outil pour affronter le Parti québécois (PQ) et le Parti libéral du Québec (PLQ), qui disposent également de technologies pour leur organisation électorale.


« On a senti grâce à l’outil qu’on avait une machine sur le terrain qui n’était pas gênée par rapport à celle des libéraux qu’on sait beaucoup plus organisée, forte », dit M. Le Bouyonnec en dressant un bilan de la partielle de lundi.


« C’est aussi pour rivaliser avec les autres partis qui ont 50 ans derrière la cravate et qui ont leur système très bien rodé, poursuit Mme Legault. Nous, nos bénévoles sont éparpillés et il n’en pleut pas non plus. »


De façon ponctuelle, le parti pourra aussi embaucher des téléphonistes qui travailleront directement à partir des informations du logiciel, ajoute-t-elle.


Le PQ n’a pas été en mesure de chiffrer ses investissements sur le front des technologies électorales, mais le porte-parole Yanick Grégoire a affirmé qu’une équipe de quatre employés développe des outils informatiques.


« L’objectif est de trouver les meilleurs outils et de les adapter à nos logiciels qu’on a déjà », dit-il.


Le PQ a recours à des appels robotisés aux électeurs potentiels et dispose d’une application qui permet d’identifier en direct des sympathisants à partir de tablettes ou de téléphones lors des opérations de porte-à-porte.


Le parti récolte sur internet des informations sur des sympathisants, qui sont ensuite croisées avec les données de la liste électorale publique.


Le PLQ a refusé de donner des précisions sur son utilisation des technologies électorales.


Fonctions et données de la « Coaliste »



  • Liste électorale

  • Courriels et cellulaires de personnes qui ont appuyé des pétitions ou des initiatives de la CAQ ou qui sont allées sur son site web

  • Pointage adapté aux électeurs

  • Le jour du vote, rappels pour les électeurs qui ne sont pas allés voter à l’heure prévue

  • Envoi de courriels aux membres pour rencontres politiques ou annonces

  • Gabarits préautorisés de publicités

  • Suivi plus rapide du nombre d’électeurs ayant voté