La souveraineté exige un nouveau paradigme
10 mars 2018
La question de la démocratie (dont le référendum est un exerice significatif), de la souveraineté et la relation entre les deux, est fondamentale et mérite d'être discutée.
Tout d'abord, il convient de clarifier et enrichire un peu la conception de la «démocratie». Pour mieux la cerner, je propose de la couper en deux parties: une «publique» et l'autre «privée».
La démocratie «publique» est celle des référendums, des joutes verbales, des débats parlementaires et de l'explosion de l'opinion en multiples idées radicales.
Celle «privée» en est une de consensus, plutôt de «bi-partisme», rassembleuse, et dont les débats se font en coulisse, dans la population et dans le parti, et dont la légitimité d'agir unilatéralement est grande car les politiques sont plus modérées, quoiques qu'elles peuvent être de grande envergure.
J'ajouterais également (peut-être accessoirement pour la présente discussion) une dimension anarchique/hiérarchique à la démocratie: Soit qu'on considère que chaque vote et opinion s'équivalent, que chacun à raison et que chacun vote dans son intéret unique. Soit on vote pour le bien commun et qu'on se plie au résultat.
Pour revenir au sujet:
Si je comprends bien, vous dites qu'il faille «tasser» l'idée du référendum, qui déciderait de l'avenir du Québec (français pour être plus spécifique), pour mettre de l'avant des politiques concrètes comme la défense de la langue et la laicité, et l'élaboration d'une constitution.
Si je peux me permettre, je ne crois pas que notre souveraineté dépende de la hiérachisation du référendum par rapport à des politiques précises, d'ailleurs quel que soit le sujet du référendum. On peut très bien décider de la la laicité et de la constitution par référendum. La démocratie directe est plutôt une façon de légitimer (partiellement faut le dire) une action politique, si plusieurs conditions sont remplies. On pourrait également discuter de l'interprétation du résultat, qui peut être «unilatérale» ou «modérée»: par exemple un 50%+1 signifie une presque égalité ou une carte blanche vers l'exécution sans appel?
On pourrait très bien décider de la souveraineté (rapatriment de pouvoirs) par référendum, si il se trouve que c'est un bon moyen, et si il est reconnu, bien perçu par un nombre important ou influent d'entités extérieures. Or le Québec est complètement neutraliser, intoxiqué par non seulement le néo-libéralisme (PLQ), mais également bien d'autres idéologies comme le communisme (QS) ou le «retardisme régional» (CAQ), qui empêche tout débat raisonné, car personne ne veut discuter de bonne foi avec l'adversaire pour faire avancer les choses. le PQ, quand à lui, est moins idéologisé, heureusement, mais reste un amorphe, perdu et endormi. Cette neutralisation «profite»(est-ce que ça profite réellement est une autre question. On pourrait préciser par «donner du pouvoir») donc donc a`toutes les autres formes d'États ou regroupements politiques à travers la planète, que ce soit les villes du Québec ou le fédéral ou les autres provinces ou les États-unis, etc. Bref, le Québec se retrouve sans défense!
Il est donc absolument impossible dans ces circonstances d'envisager une discussion normale, libérée apaisée, sur à peu près tout sujet, carelle est certaine de heurter démesurémement quelqu'un.
Or la première chose à considérer pour un Québec libre est justement la possibilité d'argumenter en faisant appel à la raison et à la «bonne foi» pour départager les bonnes des moins bonnes idées. Ces deux concepts de souveraineté nationale et «d'unité spirituelle» sont fondamentales et indissociable.
Bref, le référendum peut être un outil politique efficace, voir décisif, pourvu que l'on ait des conditions qui appuient sa légitimité et qu'on cultive cette façon de faire. Si par exemple, vous faites une référendum MAINTENANT sur une constitution, il est fort à parier que vous vous dirigeriez vers un conflit majeur qui ne fera qu'empirer les choses, faute de légitimité.
Personnellement, je trouve qu'on a BEAUCOUP à gagner à cultiver l'initiative référendaire, au moins pour appuyer des décisions parlementaires, car notre langue se prête bien à ce jeu. Encore faut-il que les débats soient raisonnées et qu'il y ait un esprit d'unité collective pour qu'il soit accepté de tous, ce dont nous sommes loin en ce moment. Sinon le référendum est gage de chaos.