Prudence, un chef n'est que la partie visible...
23 août 2011
M. L’Engagé,
D’entrée de jeu, je dis : « tiens donc, on a changée la photo qui accompagnait votre titre! Bravo! »
Et je jurerais avoir écrit dans mon commentaire : « une image vaut mille MOTS! » et non mille MAUX mais bon... je vais me contenter d’endosser la névrose plutôt que de verser dans la paranoïa. Alors : quel lapsus de ma part! Et nous voilà lancés dans l’analyse psy.
Il y a peu de temps, j’aspirais à de l’air pur sur Vigile mais j’étais passée à côté des bouffées que vous y apportez. Je ne vous lisais pas probablement parce que je ne voyais pas votre bouille ni votre nom et que cela m’importe. Je suis incitée, par un besoin de sécurité sans doute, à lire ceux/celles que je peux voir et identifier et ceux que je n’ai pas écartéEs de ma liste par libre choix.
Mais j’ai été tentée de lire votre: Réplique à "L'Appel aux démissionnaires" et à la lettre de Sylvain Gaudreault, et j’ai découvert une partie de vos propositions et de votre ton. Et ensuite, j’ai lu M. Dehais, à votre suggestion! – je l’aurais fait, c’était une question de temps!... Alors je me reprends maintenant en lisant vos contributions précédentes. Comme ce n’est pas peu dire, j’y mettrai quelque temps. Vous proposez du contenu, et je m’engage à ce qu’il serve dans nos « assemblées de cuisine », comme d’ailleurs celui de M. Sauvé. M. Dehais, dont je me réjouis du retour dans les chroniques, m’avait le premier convaincue il y a deux ans de lire Seguin; de plus, vous avez du franc parler et de l’humour mais, selon ma perception, ils sont dénués de haine ainsi que des déplaisants cynisme, mépris et arrogance, caractéristiques trop répandues ici et qui, moi, me font passer à d’autres messages. Quelqu’unE a déjà écrit : « Ce que tu es parle si fort que je n’entends pas ce que tu dis ».
Pour ce qui est du présent article, je répète une remarque de mon message précédent : votre exercice d’analyse psychologique devrait, pour être équitable, et j’ajouterais efficace, s’étendre à tout le mouvement souverainiste. Une thérapie familiale. Vous parlez de la névrose du PQ dont hérite la chef et sur laquelle elle se modèle mais j’aurais tendance à affirmer qu’un névrosé ne l’est jamais tout à fait sans son environnement; et son terrain. Vous parlez d’un PQ : « complètement déchiré par ses contradictions ». Parlons plutôt d’un Mouvement souverainiste « complètement déchiré par ses contradictions » , « en symbiose et sclérosé ». Et d’un peuple québécois... peut-être? Déchiré entre la dépendance et l'Indépendance? Le petit comme le grand? L’extérieur comme l’intérieur?
Le peuple québécois n’est pas confronté à ses démons intérieurs sous un gouvernement libéral; il peut dormir tranquille; on s’occupe de ses affaires (!!!) et il a le loisir de rester dans le confort et l’indifférence. Même chose pour le virtuel parti de Legault : dormez tranquille pendant dix ans... Mais un Parti souverainiste SIGNIFIANT - quel qu'il soit mais signifiant, c.à.d. en menace de prendre le pouvoir - le retourne automatiquement à ses moutons noirs... Et à ses choix fondamentaux. Et voilà la névrose réveillée. AUCUN CHEF du PQ n’a eu vraiment le loisir d’être détendu. La chanson que l’on chante au sujet du règne de Jacques Parizeau - "le seul qui nous aie jamais..."; si vous êtes trop jeune pour en avoir mémoire, « moi je m’en souviens », comme titrait Bourgeault en réponse à l ‘ « Attendez que je me rappelle » de René Lévesque . Et ne vous méprenez pas, j’ai travaillé de toutes mes forces et supporté de toutes mes énergies ce chef (Parizeau) qui travaillait pour la cause « à sa façon », oui, infiniment déterminée. Je lui ai fait confiance moi aussi. Et j’ai de merveilleux souvenirs de l’espoir et de la fierté de cette période. Mais ce n’est pas de gaieté de cœur que Jacques Parizeau a DÛ ACCEPTER - et cela est à son honneur – de se faire seconder publiquement par Lucien Bouchard, voire se reculer dans son ombre, dans le dernier droit pour que la souveraineté « monte » dans les sondages! Pourquoi? Parce que le peuple VOULAIT Lucien Bouchard. Je dis le PEUPLE. Et que le frôlement du pays que nous avons connu alors a été le fruit de cette oblation de Jacques Parizeau. Et non de son charisme et même pas de la magnifique préparation. Mais de l’entrée en scène de ce tribun, séducteur de peuple qu’était Lucien Bouchard. Est-ce à dire que nous devons rechercher à nouveau ce genre de personnage? Moi, je prétends que NON car c’était bien plutôt le signe que nous n’étions pas prêt comme peuple pour un vrai choix libre. Nous n’avons pas besoin d’un séducteur. Un être séduit n’est pas un être libre.
En conséquence, il me semble que la psychanalyse devrait englober aussi ce peuple. Mais elle se fait, M. L’Engagé. Elle se fait ici et là, petit à petit. L’important, c’est que nous ne soyons pas comme certains de ces membres de la famille - ou du couple – qui ont l’impression de ne pas, eux, faire partie du problème et qui attendent que les autres changent. Ou des miracles. Ou des "animateurs de foules".
Pour ma part, on sait que je ne souhaite pas que la cheffe actuelle se retire. Je lui fais confiance et on me vilipende assez pour cela. Je me trompe peut-être. Mais vous rappelez avec justesse qu’aucun nouveau chef ne provoquerait le miracle souhaité par d’aucuns. Retroussons-nous et agissons, comme vous le dites si bien. Et répandons la nouvelle : l’idée vitale de la souveraineté n’est pas morte;il y a un Parti bien établi pour la porter; et elle n’est pas « tuable » comme aurait dit ma mère! Espérons-le car les énergies dépensées pour affaiblir de toutes les façons possibles ses parties et ses membres - tête, cœur, poumons, jambes et bras – sont assez considérables. Ne nous laissons pas avoir par les maladies auto-immunes.
Avec ma solidarité pour votre engagement et sa façon actuelle de s'exprimer,
Nicole Hébert