Le péril « anglobaliste »
7 janvier 2022
Celui qui avait identifié l'ennemi, Lionel Groulx : le code civilisationnel anglo-saxon.
Un des temps fort de sa lutte pour l’autonomie politique fut la création de la commission Tremblay visant à contrer la centralisation fiscale par le fédéral.
Les commissaires nommés par Duplessis, des élites groulxistes, vont ramener ce bras de fer avec le fédéral à l’essentiel, à une vision claire de la politique profonde, un conflit existentiel entre deux codes civilisationnels, anglo-saxons contre français :
« Si le Rapport Tremblay a une si grande valeur pour l’histoire des idées, cela est principalement dû à l’apport de trois intellectuels de premier plan liés à la commission, soit Esdras Minville, Richard Arès et François-Albert Angers, intellectuels qui sont sans doute les plus brillants (et fidèles...) disciples de Lionel Groulx. (...) (Esdras Minville) Il y formule les raisons les plus profondes des revendications autonomistes québécoises en tentant de définir ce qu’est être canadien-français. (...) Qu’en est-il de la culture canadienne-française? C’est sans doute ici que l’influence de Lionel Groulx est la plus palpable.
Les Canadiens français sont héritiers de la vieille culture française prérévolutionnaire que les colons de la Nouvelle-France (...) « classique-chrétienne » telle qu’elle est reprise et diffusée par l’Église, explicitée, notamment, par les grandes encycliques politiques du pape Léon XIII (1878-1903), puis par celles de Pie XII (1939-1958), et dont l’élément central est la synthèse aristotélico-thomiste. (...)
... Ainsi, l’État, responsable suprême du bien commun, « doit favoriser la conservation et l’épanouissement des valeurs de culture dont la nation apporte à l’homme le bienfait (...). C’est par cette logique que la nation, fait en soi culturel, devient objet de la politique.
(...)
La centralisation ne peut selon eux aboutir qu’à l’uniformisation, au laminage de la minorité canadienne-française en la privant de son autonomie politique, autonomie qui lui est nécessaire pour établir un régime social et économique conforme à sa conception du monde et à sa tradition. (...) En somme, c’est tout un projet de civilisation que propose le rapport Tremblay. »
Le rapport de la commission Tremblay (1953-1956), testament politique de la pensée traditionaliste canadienne-française
https://www.erudit.org/fr/revues/haf/2007-v60-n3-haf1704/015960ar/#no4
Autre compte rendu du rapport Tremblay, publié en 1979 (p. 20 à 22) :
« La dualité des cultures est la donnée centrale du problème politique canadien. (...) Le rapport définit en effet la culture canadienne-française comme étant « chrétienne d'inspiration » et de « génie français ». Quant à la « culture anglo-protestante », elle est « de même inspiration générale bien que d'interprétation et de génie différents ». Elle se distingue de la culture « franco-catholique» parce qu' « elle ne conçoit pas de la même manière l'ordre de la vie temporelle et les relations de l'homme avec la société. Elle n'est pas communautaire, mais individualiste et libérale. »
Fédéralisme et décentralisation, où en sommes-nous ?
https://publications.gc.ca/collections/collection_2016/bcp-pco/CP46-3-8-fra.pdf